Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

L’appel des 300 « contre le nouvel antisémitisme » « ridiculise la cause qu’il prétend défendre »

Pour l’universitaire Farid Laroussi, qui s’exprime dans une tribune au « Monde », que des citoyens soient assassinés pour leur identité ethnique ou religieuse est révoltant. Mais en rejeter le crime sur toute une communauté, et par extension sur une religion, relève de l’idéologie.

Par Farid Laroussi (Professeur de lettres à l’université de la Colombie-Britannique à Vancouver, Canada)

Publié le 25 avril 2018 à 15h27, modifié le 26 avril 2018 à 09h53

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

« Le plus inquiétant dans ce document est cette espèce de canonisation de l’antisémitisme que l’on jette là sur la place publique et qui exclut toute discussion » (Marche blanche pour l'octogénaire juive Mireille Knoll assassinée dans son appartement parisien, à Paris, le 28 mars).

Tribune. Ils partirent trois cents, et par un prompt renfort des médias, ils n’arrivèrent à pas grand-chose. A la lecture de ce document diffusé par Le Parisien, puis relayé par les médias, on éprouve un immense sentiment de gâchis. Non seulement les arguments sont boiteux, telle une réflexion de l’ignorance profonde de l’islam dans ses principes mêmes, mais la mauvaise foi qui surnage révèle à quel point ce manifeste, plutôt que d’être une invitation au dialogue, a été composé à charge.

Si vous désirez parler de « cause nationale » et y ajouter que « la démocratie est en faillite », alors peut-être qu’il faudra s’armer d’idées plus solides, moins paternalistes aussi, que celles qui tendent à faire croire que les musulmans seraient en train de faire de la France un autre pays. Une telle abjection intellectuelle est non seulement inexacte, elle dissimule en vérité l’idéologie de l’islamophobie ambiante qui n’a eu de cesse depuis ces trente dernières années de provoquer et de déchirer la matière même de la nation, en jouant, par exemple, une communauté contre une autre, comme c’est le cas ici.

Le plus inquiétant dans ce document est cette espèce de canonisation de l’antisémitisme que l’on jette là sur la place publique et qui exclut toute discussion. Que nous sert-on par procuration ? De grandes déclarations (« lente épuration ») pour effrayer le bourgeois, la vision réductrice de la condition postcoloniale, une laïcité dévoyée qui stigmatise le même groupe de Français, ou bien un discours sur la violence qui fait fi de la violence socio-économique.

Alors qu’on aurait pu saisir l’occasion d’entamer un débat sur le mécanisme cumulatif de la violence sociale et politique dans la France d’aujourd’hui, ce manifeste sombre dans les platitudes rassurantes de l’entre-soi où des politiques se mêlent à des artistes, et pour faire bonne mesure les imams de service en défaut de crédibilité et de respect au sein de leur communauté.

En bout de course existentielle

Les auteurs vont jusqu’à annoncer qu’ils « attendent de l’islam de France qu’il ouvre la voie ». Bonne idée. Mais où sont-ils les musulmans qui auraient droit de cité, dont les médias ne censurent pas la parole ? Pour quelle raison ne voit-on jamais les Français de confession musulmane, éduqués, intégrés qui témoigneraient de manière apaisée de leur foi et leur fierté citoyenne ? Pourquoi toujours ces mêmes reportages anxiogènes sur les quartiers difficiles » ? La foudre est tombée en 2005 dans ces cités et personne ne semble s’en être aperçu.

Il vous reste 56.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.