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Le silence du Juste Gino Bartali

Figure du cyclisme du XXe siècle, l’Italien a sauvé de nombreux juifs pendant la seconde guerre mondiale. Un acte de bravoure qu’il a toujours gardé secret. Il vient de se voir attribuer la nationalité israélienne à titre posthume.

Par  (Florence, envoyé spécial)

Publié le 02 mai 2018 à 13h06, modifié le 03 mai 2018 à 09h07

Temps de Lecture 8 min.

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L’Etat d’Israël, qui organise le départ du Tour d’Italie, vendredi 4 mai, a attribué mercredi à Gino Bartali, l’ancien cycliste italien, la citoyenneté israélienne à titre posthume. Ce geste rarissime fait suite à la reconnaissance par le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem de son statut de « Juste parmi les nations », pour avoir aidé à sauver de nombreux juifs durant la seconde guerre mondiale. A cette occasion, nous republions un reportage publié en 2013 sur cette histoire longtemps demeurée secrète.

Gino Bartali lors du Tour de France 1937.

C’est tout lui… Déjà parti quand pleuvent les honneurs, se laissant tresser de nouvelles couronnes de laurier qui s’ajoutent à celles conquises dans la poussière des routes. « Le bien, disait-il, on ne le fait pas pour le crier sur les toits. »

Il n’était pas là lorsque, en marge des championnats du monde sur route en 2013, l’ambassadeur d’Israël en Italie remettait au maire de Florence, Matteo Renzi, le document officiel distinguant ce « Juste parmi les nations ». Gino Bartali, né à Ponte a Ema le 18 juillet 1914, vainqueur de deux Tours de France (1938, 1948) et de trois Tours d’Italie (1936, 1937, 1946). Tout comme il était absent lorsque le président de la République Carlo Azeglio Ciampi lui décerna, en 2005, la Médaille d’or du mérite civil, la plus haute distinction italienne. Gino Bartali est mort le 5 mai 2000 d’une attaque cardiaque. Le cœur, encore et toujours.

Pour les Italiens, il fut d’abord « Gino le Pieux ». Le Toscan priait sur la ligne de départ, priait en course, priait encore sur le podium, remerciait la Madone et tous les saints des victoires remportées par dizaines. Pendant ce temps, le Piémontais Fausto Coppi (1919-1960), son cadet et son plus grand rival, qui lui disputait l’admiration de ses compatriotes (deux Tours de France et cinq Giro), embrassait Giulia Occhini, cette mystérieuse « Dame blanche » qui n’était pas son épouse.

A l’époque, le premier représente l’Italie rurale, conservatrice et catholique, alors que le second est déjà comme aimanté vers la modernité et le boom économique des années 1960. Bartali a une gueule de paysan des Apennins, Coppi des airs de romantique ombrageux. Le Toscan ne s’autorise qu’un petit verre de chianti de temps en temps, pendant que le Piémontais teste déjà diverses potions magiques.

Le pays se divise : vaut-il mieux voler sur les cimes avec le « Campionissimo », le surnom laudatif de Coppi, chargé comme une mule, ou souffrir à l’eau claire avec « Ginettaccio », le sobriquet affectueux de Bartali ? Le débat est toujours en cours.

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