Gaza : le gouvernement palestinien dénonce un "massacre", Macron "condamne les violences"

52 Palestiniens, dont huit enfants de moins de 16 ans, ont été tués et 2.000 ont été blessés par des tirs de l'armée israélienne.

Par Le Nouvel Obs
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"On se fiche que la moitié des gens se fasse tuer" : au péril de leur vie, des dizaines de milliers de Palestiniens de Gaza se sont à nouveau massés à la frontière avec Israël lundi 14 mai, jour de l'inauguration de l'ambassade américaine à Jérusalem.

Au total, 52 Palestiniens ont été tués et plusieurs centaines blessés par des tirs de l'armée israélienne, selon un dernier bilan du ministère local de la Santé. Parmi les victimes figurent "huit enfants de moins de 16 ans", a annoncé de son côté l'ambassadeur palestinien à l'ONU. "Nous condamnons dans les termes les plus forts ces atrocités par les forces israéliennes d'occupation, qui ont utilisé une forte puissance de feu contre des civils qui ont le droit de manifester pacifiquement et qui l'ont fait", a aussi affirmé le diplomate. 

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Ces décès portent à 106 le nombre de Palestiniens tués depuis le 30 mars et le début d'une "marche du retour" qui voit des milliers de Gazaouis se rassembler le long de cette frontière pour revendiquer le droit des Palestiniens à retourner sur les terres dont ils ont été chassés ou qu'ils ont fuies à la création d'Israël en 1948. Ils font aussi de cette journée la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis la guerre de 2014 dans l'enclave sous blocus. 

Comment réagit la communauté internationale ? 

  • Un "horrible massacre"

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a dénoncé lundi un "massacre" israélien. "Les Etats-Unis ne sont plus un médiateur au Moyen-Orient", a aussi déclaré le dirigeant à Ramallah, devant la direction palestinienne, qualifiant l'ambassade américaine de "nouveau poste avancé de la colonisation". Il a annoncé trois jours de deuil dans les Territoires palestiniens et une grève générale mardi, jour où les Palestiniens marquent la "Nakba", la catastrophe que représente pour eux la création en 1948 de l'Etat d'Israël.

Le porte-parole du gouvernement palestinien, Youssouf al-Mahmoud, a exigé dans un communiqué une "intervention internationale immédiate pour stopper l'horrible massacre commis à Gaza par les forces occupantes israéliennes contre notre peuple héroïque".

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  • Des "crimes de guerre"

De son côté, Amnesty International dénonce une "violation abjecte" des droits de l'homme et des "crimes de guerre" à Gaza. "Nous assistons à une violation abjecte du droit international et des droits de l'homme à Gaza", a dénoncé l'organisation non gouvernementale basée à Londres sur Twitter.

"Ceci doit cesser immédiatement."

"C'est un autre exemple horrible du recours excessif à la force et de l'usage de balles réelles d'une manière totalement déplorable par l'armée israélienne", a dénoncé Philip Luther, un responsable d'Amnesty International pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, dans un communiqué.

"C'est une violation des règles internationales" équivalant "dans certains cas à ce qui semble être des homicides intentionnels constituant des crimes de guerre". "Les autorités israéliennes doivent contenir l'armée pour éviter d'autres pertes humaines et blessures graves", a-t-il plaidé.

Des premiers rapports médicaux cités par Amnesty International indiquent que "des dizaines de personnes ont été atteintes à la tête ou à la poitrine", selon le communiqué de l'ONG.

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"Alors que certains manifestants ont pu recourir à une certaine forme de violence, cela ne justifie toujours pas le recours à des balles réelles", a estimé Philip Luther, insistant sur "le besoin urgent d'un embargo sur les armes".

  • Eviter un "nouvel embrasement"

En fin de journée, la France a condamné "les violences" après la mort de plusieurs dizaines de Palestiniens tués par l'armée israélienne. Le président Emmanuel Macron "parlera à tous les acteurs de la région dans les prochains jours", a précisé la présidence de la République.

Un peu plus tard dans la soirée, l'Elysée a fait savoir qu'Emmanuel Macron a condamné "les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants" lors d'entretiens téléphoniques avec son homologue palestinien Mahmoud Abbas et le roi de Jordanie Abdallah II, selon un communiqué.

A cette occasion, le chef de l'Etat a réaffirmé "la désapprobation de la France à l'encontre de la décision américaine d'ouvrir une ambassade à Jérusalem" et souligné que le statut de la ville "ne pourra être déterminé qu'entre les parties, dans un cadre négocié sous l'égide de la communauté internationale".

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"Alors que les tensions sur le terrain sont vives [...] la France appelle l'ensemble des acteurs à faire preuve de responsabilité afin de prévenir un nouvel embrasement", a déclaré de son côté le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

  • Le chef de l'ONU "particulièrement inquiet"

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "particulièrement inquiet" de la situation à Gaza.

"Nous voyons une multiplication des conflits, les vieux conflits semblent ne jamais mourir - je suis particulièrement inquiet aujourd'hui au vu des nouvelles de ce qui se passe à Gaza, avec un nombre élevé de personnes tuées", a déclaré Antonio Guterres à la presse à Vienne.

Le secrétaire général de l'ONU, qui s'exprimait au côté du chancelier autrichien Sebastian Kurz, a par ailleurs une nouvelle fois défendu la préservation de l'accord sur le nucléaire iranien, abandonné par les Etats-Unis mais "très important pour éviter la prolifération" des armes nucléaires.

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  • Un "jour de honte"

L'Iran a qualifié la journée de lundi de "jour de honte". "Le régime israélien massacre de sang froid d'innombrables Palestiniens qui manifestent dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde", a affirmé le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif sur Twitter.

"Pendant ce temps, (le président américain Donald) Trump célèbre le transfert de l'ambassade américaine illégale et (s)es collaborateurs (d'Etats) arabes gesticulent pour détourner l'attention. Un jour de grande honte", a-t-il ajouté.
  • "Terrorisme d'Etat" et "génocide"

Recep Tayyip Erdogan, le président turc, a accusé Israël de "terrorisme d'Etat" et de "génocide". "Israël sème le terrorisme d'Etat. Israël est un Etat terroriste", a déclaré le chef d'Etat à des étudiants turcs à Londres, dans un discours retransmis à la télévision.

"Ce qu'Israël a fait est un génocide. Je condamne ce drame humanitaire, ce génocide, d'où qu'il vienne, d'Israël ou d'Amérique."

Dans la soirée, la Turquie a également fait savoir qu'elle rappelait pour consultations ses ambassadeurs en Israël et aux Etats-Unis.

Un peu plus tôt, l'Afrique du Sud avait elle aussi décidé de rappeler son ambassadeur en Israël. "En raison du caractère grave et aveugle de la dernière attaque israélienne, le gouvernement sud-africain a décidé de rappeler l'ambassadeur Sisa Ngombane avec effet immédiat", a annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

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  • Vers une réunion d'urgence du Conseil de sécurité

Le Koweït, membre non permanent du Conseil de sécurité, a indiqué ce lundi envisager de demander prochainement une réunion d'urgence de cette instance sur les évènements à Gaza.

"Nous condamnons ce qui s'est passé. Il y aura une réaction de notre part et nous verrons ce que le Conseil fera. Aujourd'hui ou demain, nous pourrions demander une réunion d'urgence" du Conseil, a déclaré à des journalistes l'ambassadeur du Koweït à l'ONU, Mansour al-Otaibi.

"Nous sommes toujours en consultations à ce sujet avec le groupe arabe (aux Nations unies) et l'ambassadeur palestinien", a-t-il ajouté.

(Avec AFP)

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