Près de la barrière entre Israël et la bande de Gaza, le 14 mai.

Journée sanglante à Gaza : vos questions sur l’escalade meurtrière

Au moins 58 Palestiniens ont été tués lundi par l’armée israélienne le long de la clôture avec Gaza, tandis que les Etats-Unis inauguraient leur ambassade à Jérusalem. Le chef du service International du « Monde » a décrypté la situation.

  • Les tirs de l’armée israélienne contre les milliers de manifestants rassemblés à Gaza le long de la frontière ont fait au moins 58 morts et plus de 1 350 blessés par balles, lundi 14 mai.
  • Au même moment, les Etats-Unis célébraient, à Jérusalem, le transfert de leur ambassade, en présence de Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien.
  • Le Monde.fr décrypte la situation dans ce tchat à partir de 11h30.
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Le Monde le 15 mai à 12h29
C'est la fin de ce tchat, merci beaucoup pour vos très nombreuses questions. Retrouvez la synthèse de cet échange sur Le Monde.fr dans quelques minutes.
Le Monde le 15 mai à 12h27
Tchat
Pourquoi, historiquement, les États-Unis soutiennent-ils sans borne Israël, au détriment des Palestiniens ?

-Jade

Christophe Ayad : Les Etats-Unis soutiennent historiquement l’Etat d’Israël à cause de la deuxième guerre mondiale. L’incapacité des Occidentaux - et notamment de l’administration Roosevelt pourtant alertée sur le sujet - à empêcher la Shoah et la force du lobby juif aux Etats-Unis (où l’action des lobbies religieux, politiques et économiques n’est pas un tabou) ont entraîné dès 1947 un fort soutien à la création d’Israël, vu comme un refuge pour les juifs d’Europe, aux Nations unies. Ce soutien ne s’est jamais démenti. Il repose sur des courants politiques profonds aux Etats-Unis, qui dépassent largement le clivage démocrates-républicains. Israël est, en outre, vu comme un poste avancé de l’Occident et un allié militaire précieux dans une région du monde qui a toujours été problématique pour les Etats-Unis, notamment à cause de ses réserves pétrolières.

Le Monde le 15 mai à 12h22
Tchat
Peut-on imaginer une action iranienne suite à ces évènements ? L'Iran semle être un des rares pays à condamner fermement les actions israélienne.

-Patrick
Christophe Ayad : Il faut voir comment le Hezbollah libanais va agir cet après-midi. Va-t-il laisser des Palestiniens s’approcher de la frontière nord d’Israël, comme plusieurs groupes de jeunes Palestiniens en ont l’intention aujourd’hui ? Cela permettra de mesurer l’attitude iranienne.
 
Je ne crois pas, en revanche, en l’état actuel des choses, à une action iranienne depuis la Syrie par exemple (tirs de missiles). Le violent accrochage de la semaine dernière a probablement rendu les Iraniens plus prudents. Si, en revanche, les massacres de grande ampleur devaient durer plusieurs jours à Gaza, l’Iran pourrait entrer dans la danse, notamment pour souligner la passivité des pays arabes et regagner une partie des opinions arabes sunnites perdues à la faveur du soutien au régime de Bachar Al-Assad en Syrie.
Le Monde le 15 mai à 12h17
Tchat
Pouvez-vous préciser les attentes des palestiniens en matière de droit au retour ? Cela suppose-il des déplacements de la population israélienne ?

-Lancastre
Christophe Ayad : Officiellement, les Palestiniens réclament un droit au retour intégral des réfugiés. Cela n’est ni possible ni souhaitable 70 ans plus tard. Et l’un des torts de l’Autorité palestinienne est de ne pas avoir dit qu’elle renonçait officiellement au droit au retour littéral en échange d’arrangements, mais, lors des négociations passées, des solutions ont été esquissées : des échanges de territoires, des compensations financières, etc. Il existe donc des compromis possibles. Maintenir le discours sur le dogme du droit au retour intégral donne à Israël une justification pour dire que son existence même est menacée.
Le Monde le 15 mai à 12h13
Tchat
Bonjour,Donald Trump soutient il malgré tout une solution à deux états? Ou est il en faveur d'un "état binational"?

-FCfrz
Christophe Ayad : Je ne crois pas qu’il ait vraiment réfléchi à la question, ni qu’il mesure les implications de chaque solution. Il l’a dit peu de temps après son entrée en fonction : "Un Etat ou deux Etats, faites comme vous voulez, choisissez ce que vous préférez", a-t-il dit en substance. Son entourage reste dominé par des personnes favorables à la colonisation, sans jamais pour autant parler de solution à un Etat, car cela impliquerait d’intégrer des millions de Palestiniens à Israël.
Le Monde le 15 mai à 12h11
Tchat
Quelles sont les règles d'engagement des militaires israéliens ? Car, selon toute vraisemblance, les manifestants palestiniens abattus n'étaient pas armés...

-Benyamin
Christophe Ayad : Les règles d’engagement stipulent que toute personne qui entre dans un périmètre de 100 à 300 mètres de la barrière de sécurité israélienne, même côté palestinien, est une menace et peut être abattue. D'où le grand nombre de morts et de blessés car les Palestiniens se sont massivement rapprochés de la barrière cette fois-ci, et ils étaient bien plus nombreux que les vendredis précédents.
Le Monde le 15 mai à 12h10
Tchat
en terme d'image, Israël n'a t-elle pas perdue le soutien des opinions internationales pour longtemps? Même Natalie Portman a boycotté une cérémonie...

-David
Christophe Ayad : Je pense que le soutien de l’administration Trump donne à Israël le sentiment d’un soutien diplomatique fort, mais c’est une illusion dangereuse. La journée d’hier a causé des dégâts considérables sur l’image d’Israël. Et le plus dangereux est que le pays ne s’en rende pas compte. Car même l’opinion américaine, et en particulier la grande majorité des juifs américains, sont choqués par ce qui s’est passé. Dans l’opinion mondiale, Israël est plus isolé que jamais.
Le Monde le 15 mai à 12h09
Tchat
Bonjour,Pourquoi les américains ont-ils choisi cette date particulière pour déplacer leur ambassade ? En effet, ils pouvaient se douter que le déplacement allaient amener à des réactions et le faire à la veille de la "Nakba" et alors que les contestations palestiniennes montent en puissance depuis un mois paraît franchement insensé (voir provocateur).Merci,

-CM
Christophe Ayad : C’est une date symbolique forte : faire coïncider le 70e anniversaire d’Israël et la reconnaissance de Jérusalem comme sa capitale, d’où le caractère explosif du timing. Dans l’esprit de Trump et de son entourage, c’est une sorte de promesse messianique qui s’accomplit. D’où leur volonté de le faire à cette date, malgré les risques. La diplomatie n’a pas de place là-dedans, seul compte le symbole pour Trump, un symbole quasi-religieux.
Le Monde le 15 mai à 12h07
Tchat
Est-ce que le Hamas n'a vraiment aucune main sur ces manifs comme le dit votre correspondant?

-Geogo
Christophe Ayad : Il semble que le Hamas coure derrière les manifestations plus qu’il ne les organise. Il soutient le mouvement car ce mouvement est très populaire. Or le Hamas se sait affaibli militairement et financièrement (à cause du blocus égypto-israélien mais aussi de l’ostracisme de son sponsor qu’est le Qatar et de ses différends avec l’Iran, notamment sur le soulèvement en Syrie). Il sait aussi que sa gestion a été un échec, donc il se rallie à un mouvement d’opinion fort et populaire. Ensuite, il apporte son soutien logistique, notamment en indemnisant les familles de victimes.
Le Monde le 15 mai à 12h03
Tchat
Bonjour, qu'est-ce que la "marche du retour" ? Les événements d'hier sont-ils liés seulement à la question de l'ambassade ?

-pso

Christophe Ayad : Vous avez raison de poser cette question. Les événements d’hier et la “marche du retour” ne sont pas liés à la question de l’ambassade. C’est une marche, dont l’initiative a été prise au tout début de l’année, pour commémorer la “nakba”, c’est à dire la fuite des Palestiniens de leurs terres et leurs habitations au moment de la proclamation de l’Etat d’Israël, en 1948, et de la guerre qui a immédiatement suivi.

Des centaines de milliers de Palestiniens avaient fui leurs foyers, volontairement ou forcés par l’armée israélienne. Ils sont depuis réfugiés à l’étranger (Syrie, Liban, Jordanie) ou à l’intérieur des territoires palestiniens (Gaza et Cisjordanie). L’inauguration de l’ambassade américaine n’a fait que décupler cette frustration et ce souvenir douloureux.

Le Monde le 15 mai à 11h55
Tchat
Comment réagissent les gouvernements arabes ?

-Daniele
Christophe Ayad : Ils sont plutôt silencieux. Une réunion de la Ligue arabe a été convoquée, mais elle n’est que de pure forme et n’aboutira probablement à aucune décision majeure. Les principaux pays du Golfe (Arabie saoudite et Emirats arabes unis) sont surtout obsédés par l’Iran et voudraient passer une alliance avec Israël contre leur ennemi principal, quitte à oublier la cause palestinienne. Quant à l’Egypte, elle se méfie du Hamas, jugé lié aux Frères musulmans. Elle estime, en outre, que la bande de Gaza est une source de danger pour elle à cause des trafics d’armes avec les groupes djihadistes dans le Sinaï.
Le Monde le 15 mai à 11h53
Tchat
Comment réagit l'opinion publique israelienne à ces massacres? Netanyahou peut il être tenu responsable devant ses électeurs pour ce qu'il vient de se passer?

-Huboux
Christophe Ayad : L’opinion israélienne est majoritairement indifférente au massacre à Gaza. C’est le résultat des années d’Intifada au début des années 2000 et des nombreux attentats-suicides à l’époque. Depuis, les Israéliens souhaitent une séparation nette avec les Palestiniens, ils ne veulent plus les voir ni en entendre parler. C’est le cas depuis le retrait israélien de Gaza et la construction du mur de séparation avec la Cisjordanie. Benyamin Nétanyahou a été élu sur un programme de droite, il n’y a aucune chance qu’il soit sanctionné par l’opinion pour avoir tenu une ligne dure.
Le Monde le 15 mai à 11h47
Tchat
Bonjour Mr Ayad, une autre question de ma part :D'autres pays que les USA ont-ils reconnus Jérusalem comme capitale d'Israël ou se sont alliés au processus américain ? Et si oui, pourquoi ? Merci de votre réponse.

-Le Naggue
Christophe Ayad : Oui, le Guatemala s’apprête à transférer son ambassade à Jérusalem. Il y a plusieurs raisons à cette décision : maintenir des liens étroits avec l’administration Trump ; il y a aussi des liens anciens entre le Guatemala et Israël. ce pays a été le deuxième à reconnaître l’Etat d‘Israël en 1948. Il se voit comme une victime, lui aussi, de l’arbitraire britannique : Londres, qui avait un mandat sur la Palestine, a en effet fixé les frontières entre le Guatemala et Belize sans concertation.
 
Sur ce sujet, lire cet article détaillé :
 
Le Monde le 15 mai à 11h45
Sur « Le Monde.fr »
Le Monde le 15 mai à 11h36
Tchat
BonjourVue dici la Cisjordanie semble sans réaction . Il y a t il eut des manifs de soutien à Héron ou à Ramallah?

-Olivier
Christophe Ayad : Vous avez raison, la Cisjordanie est restée calme hier. Il y a eu de petites manifestations sporadiques à Ramallah, au check-point avec Israël, c’est tout ou presque.
 
Cela illustre bien la déconnexion croissante entre les deux grands territoires palestiniens : une déconnexion physique, mais aussi politique et économique. Les populations de Gaza et de Cisjordanie ne vivent pas du tout dans le même environnement. Il faudra quand même observer ce qui se passe aujourd’hui, notamment si le nombre élevé de morts à Gaza va entraîner des manifestations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Le Monde le 15 mai à 11h34
Tchat
Est-il possible pour la France de ne pas reconnaitre l'ambassade des États-Unis à Jérusalem ?

-Doc Sportello
Christophe Ayad : La France n’a pas à reconnaître ou pas une ambassade étrangère. Ce qu’elle reconnaît, ou pas, c’est le statut de capitale de la ville où se trouve son ambassade à elle. Pour le moment, la position de la France est inchangée : l’ambassade en Israël reste à Tel-Aviv. Il y a un consulat pour les territoires palestiniens à Jérusalem. Paris pourrait ouvrir une ambassade à Jérusalem, le jour où la ville sera reconnue internationalement comme capitale des deux Etats, israélien ET palestinien.
Le Monde le 15 mai à 11h32
Tchat
Dans son article à Gaza, votre correspondant dit qu'il n'y a aucune arme à feu ni stratégie du Hamas dans ces manifestations. Alors de quoi les Israéliens ont ils peur? Pourquoi tirent ils?

-Aya
Christophe Ayad : La peur d’Israël, la raison des tirs de son armée, c’est que la barrière de sécurité qui sépare la bande de Gaza du territoire israélien soit violée. Cela créerait un précédent très difficile à gérer ensuite. Israël ne veut sous aucun prétexte qu’elle soit franchie.
Le Monde le 15 mai à 11h29
Tchat
Bonjour Mr Ayad et merci pour ce live.Quels sont les intérêts (économiques, géopolitiques) d'une telle décision pour les USA ? Et quels sont ceux de la France pour ne pas condamner plus fermement les agissements d'Israël ? Merci de votre réponse.

-Le Naggue

Christophe Ayad : Bonjour. Il n’y a pas d’intérêt économique dans la décision américaine. Elle est surtout idéologique et motivée par la volonté de Donald Trump de satisfaire son électorat évangélique extrémiste. Elle tient aussi à la proximité de Jared Kushner, le gendre du président américain, avec les cercles nationalistes de droite en Israël.

La France a condamné (pas assez fermement d'après vous), mais si elle le faisait, cela n’aurait aucune influence sur le gouvernement Nétanyahou, sauf à provoquer une rupture diplomatique. Ce dont ne veut pas Emmanuel Macron, dont la philosophie consiste à parler à tout le monde.

Le Monde le 15 mai à 11h28
Christope Ayad commence à répondre à vos questions.
Le Monde le 15 mai à 10h45
En attendant vos premières questions, lire notre récit de la manifestation palestinienne :
 
 
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