Ce n’est pas une, mais trois affaires d’espions, au moins, qui attendaient le nouveau président Emmanuel Macron quand il a pris ses fonctions en mai 2017. L’une est celle révélée, jeudi 24 mai, par l’émission « Quotidien » sur TMC.
Elle concerne deux anciens agents de la DGSE, placés en détention provisoire et mis en examen le 22 décembre 2017 à Paris, comme l’a précisé une source judiciaire au Monde, pour « trahison par livraison d’informations à une puissance étrangère, provocation au crime de trahison et atteinte au secret de la défense nationale ». Placée sous contrôle judiciaire, la conjointe de l’un d’eux a été mise en examen pour « recel des crimes et délits de trahison ».
Une affaire de retournement classique, qui aurait bien marché ? Selon nos informations les mis en cause, dont un militaire, étaient en poste à Pékin. Ils auraient transmis aux autorités chinoises des documents sur les procédures en cours à la DGSE. Le dossier a été ouvert par le parquet de Paris, saisi par la DGSE, et l’enquête, confiée à la DGSI, est allée vite. Les juges d’instruction désignés ont obtenu la déclassification de documents de la DGSE le 15 juin 2017, quinze jours tout juste après la saisine de la ministre des armées. Cinq notes, allant de juillet 2016 à avril 2017, comportant des planches photographiques.
Un discours ferme est tenu aux personnels sur le respect du secret défense, rappelant l’ampleur des sanctions encourues : pour la trahison, trente ans de réclusion criminelle et 450 000 euros d’amende
Une deuxième affaire a mis la France aux prises avec la Russie. Fin 2017, cinq « diplomates » en poste à Paris ont été priés de quitter le territoire pour espionnage. Quatre de ces agents russes ont officiellement déménagé en mars. La décision a été présentée, à l’unisson des autres gouvernements européens, comme une réaction à l’attentat commis contre l’ex-agent russe, Sergueï Skripal, et sa fille au Royaume-Uni. Il n’en est rien.
L’épisode, dont le Monde a eu confirmation, a été relaté en détail par L’Obs mi-avril. Fin décembre 2017, Emmanuel Macron a d’abord ordonné le renvoi immédiat d’un faux attaché commercial de l’ambassade russe à Paris, piégé par le contre-espionnage en flagrant délit de recrutement d’un haut fonctionnaire français. Par réciprocité, un agent français a été prié de quitter l’ambassade de Moscou. Des deux côtés, nul n’a cependant été déclaré persona non grata.
Puis quatre autres espions russes ont été démasqués par la DGSI, presque par hasard à l’occasion d’une affaire de drogue, rapporte L’Obs. Priés de quitter la France d’ici l’été 2018, eux seront finalement partis plus tôt que prévu. Paris a « emballé » dans l’affaire Skripal ce contentieux préexistant, le tenant ainsi sous le radar par volonté de ménager la relation avec Moscou.
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