Tirs de roquettes, riposte en abondance d'Israël... Gaza entre poussée de fièvre et calme relatif
- Publié le 30-05-2018 à 22h22
- Mis à jour le 31-05-2018 à 10h21
Une centaine de roquettes ont visé Israël, qui a riposté en abondance. Claire Bastier Correspondante à Jérusalem La violente escalade entre Israël et la bande de Gaza mardi, la plus grave depuis la guerre de l'été 2014, n'aura duré qu'une journée. Mercredi matin, les tirs de roquettes vers le territoire israélien et les frappes aériennes visant l'enclave gazaouie avaient cessé. Quelques heures auparavant, les factions palestiniennes engagées dans ce regain d'hostilités avaient annoncé être parvenues à un accord de cessez-le-feu, négocié via l'Egypte. De son côté, Israël cultivait l'ambiguïté en démentant la conclusion d'un tel accord avec les groupes armés de Gaza.
La confrontation de mardi était une première depuis le 30 mars, qui marque le début de la Marche du retour, organisée pacifiquement le long de la barrière frontalière entre Israël et la bande de Gaza. Soutenant l'initiative, en vue de sa récupération politique, le mouvement islamiste du Hamas, qui contrôle Gaza depuis 2007, avait mis de côté la résistance armée. Les autres factions politiques présentes à Gaza avaient suivi, et leurs branches militarisées s'étaient donc abstenues de tout tir de projectiles vers Israël. Un fragile équilibre brisé mardi matin lorsqu'une trentaine d'obus de mortier ont été tirés depuis l'enclave. Une partie d'entre eux a été interceptée par le système de défense israélien "Dôme de fer", selon l'armée israélienne.
Hamas et Jihad islamique de concert
Mardi soir, les tirs étaient revendiqués par les branches armées du Hamas et du Jihad islamique, en réponse à de récentes offensives menées par Israël dans Gaza. La dernière en date remonte au 27 mai, lorsque l'aviation israélienne a frappé un poste d'observation, tuant trois membres du Jihad islamique, après la découverte d'un appareil explosif dissimulé au niveau de la barrière frontalière. Les représailles, consenties par le Hamas, étaient donc attendues. Israël tient d'ailleurs celui-ci pour responsable de toute offensive palestinienne mettant en cause sa sécurité.
En réaction aux tirs de la matinée, l'armée israélienne a donc frappé dans l'après-midi plus de 35 cibles sur six complexes militaires de Gaza. Les barrages d'obus se sont poursuivis tard dans la nuit : selon l'armée israélienne, près de 120 projectiles auraient été tirés depuis la bande de Gaza sur des localités israéliennes voisines, blessant légèrement cinq Israéliens.
L'armée israélienne aurait, elle, frappé 65 "sites terroristes" sans faire de victimes du côté palestinien. Ce "choix prudent" des cibles va de pair avec la volonté d'éviter toute "escalade gratuite", observe le journal israélien de centre-gauche "Haaretz", ajoutant que les "efforts de médiation" menés par l'Egypte ont permis de désamorcer un conflit imminent.
Le retour au fragile accord de cessez-le-feu de 2014 a donc tacitement été accepté par Israël. Un de ses hauts responsables a néanmoins prévenu mercredi matin que "si les attaques reprennent, les frappes contre le Hamas et ses affiliés n'en seront qu'amplifiées".
Equipage remorqué
La journée de mardi avait d'abord été placée sous des auspices plus pacifiques avec le départ en mer du "bateau de la liberté", dans le cadre de la Marche du retour et de la dénonciation symbolique du blocus israélo-égyptien mis en place dès 2007. Mais le navire a été arraisonné par l'armée israélienne, alors qu'il n'avait pas encore franchi la ligne du blocus, fixée à six milles nautiques. Son équipage a été remorqué jusqu'au port israélien d'Ashdod avant d'être reconduit dans la bande de Gaza.
Ces derniers événements illustrent ainsi l'oscillation du Hamas entre la poursuite d'un mouvement pacifique et le retour aux armes, avancé par d'autres factions de Gaza. Alors que des négociations indirectes seraient en cours entre le Hamas et Israël, par l'intermédiaire de l'Egypte, la prochaine grande manifestation populaire du 5 juin près de la barrière entre Israël et Gaza est donc un pari risqué pour le mouvement islamique.