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Nucléaire iranien : à Paris, Macron invite Nétanyahou « à ne pas céder à l’escalade »

Réunis pour lancer la saison culturelle France-Israël, les chefs d’Etat français et israélien ont confronté leurs points de vue, notamment sur le nucléaire iranien.

Le Monde avec AFP

Publié le 05 juin 2018 à 05h41, modifié le 06 juin 2018 à 07h58

Temps de Lecture 8 min.

Emmanuel Macron, président de la République et Benyamin Nétanyahou, premier ministre de l’Etat d’Israël, au Grand Palais à Paris, le 5 juin.

Le chef du gouvernement israélien a planté le décor dès le premier jour de sa tournée européenne, lundi à Berlin, en mettant en garde Angela Merkel contre un nouvel afflux de réfugiés syriens si rien n’est fait pour contenir l’influence croissante de Téhéran au Moyen-Orient.

Benyamin Nétanyahou a poursuivi, mardi 5 juin à Paris, son offensive pour tenter de créer un front commun contre l’Iran. A l’instar de la chancelière allemande, le président français Emmanuel Macron a réitéré la nécessité de sauvegarder l’accord sur le nucléaire iranien qui, à défaut d’être parfait, offre aux yeux des Européens le seul garde-fou contre la prolifération nucléaire dans la région.

Les deux dirigeants – qui se rencontrent pour la troisième fois à Paris depuis juillet 2017 – ont constaté une nouvelle fois leurs divergences sur les moyens de ramener la stabilité dans la région, tout en faisant la même analyse des menaces.

Lire : Article réservé à nos abonnés Nétanyahou à l’offensive en Europe

Macron met en garde contre un « conflit »

Le président français, Emmanuel Macron, a ainsi mis en garde toutes les parties contre une « escalade » qui pourrait conduire au « conflit », après l’annonce par l’Iran d’un plan visant à augmenter sa capacité d’enrichissement d’uranium, suivie d’une ferme réaction d’Israël.

« Il y a une montée de la tension réciproque et j’invite tout le monde à stabiliser la situation et à ne pas céder à cette escalade parce qu’elle ne mènerait qu’à une chose, le conflit », a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien à Paris avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

M. Nétanyahou avait estimé, quelques heures auparavant, que la décision iranienne visait à « détruire l’Etat d’Israël ». Pour le président français, « ces déclarations [de l’Iran] ne sont pas de nature à sortir du cadre de l’accord de 2015 » encadrant le programme nucléaire iranien.

« J’ai redit au premier ministre [israélien] ma conviction profonde partagée par nos partenaires européens que l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien devait être préservé pour contrôler l’activité nucléaire de la région », a expliqué le président Macron, ajoutant que cet accord était « une étape qui nécessite d’être complétée par un accord sur l’activité nucléaire post-2025, un travail sur l’activité balistique de l’Iran et un travail sur la présence régionale de l’Iran ».

Les Européens, qui tentent de sauver l’accord sur le nucléaire iranien dont le président américain, Donald Trump, est sorti avec fracas le 8 mai, se retrouvent pris entre pressions israélo-américaines, d’un côté, et iraniennes, de l’autre.

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« Je n’ai pas demandé au président Macron de quitter l’accord. Je pense que les réalités économiques régleront cette affaire », a souligné Benyamin Nétanyahou, en référence implicite aux menaces de nouvelles sanctions américaines contre les entreprises qui commerceraient avec l’Iran.

A la question de savoir si l’annonce iranienne ne donnait pas raison à ceux qui, aux Etats-Unis et en Israël, estiment que le régime de Téhéran ne tiendra pas ses engagements, M. Macron s’est inscrit en faux.

« Cela dit simplement que, quand on décide de mettre fin de son côté à un accord, cela n’encourage pas l’autre partie à le respecter, ce qui me semble relever d’un solide bon sens, dont il ne faut jamais se départir dans la vie. »

Le conflit israélo-palestinien relégué au second plan

Face à l’urgence iranienne, le conflit israélo-palestinien se trouve relégué à l’arrière-plan, même si le président palestinien Mahmoud Abbas est attendu prochainement à Paris et si Emmanuel Macron doit se rendre en Israël et dans les Territoires palestiniens d’ici la fin de l’année.

En décembre 2017, le président français avait exhorté Benyamin Nétanyahou à faire des « gestes » envers les Palestiniens. La situation s’est encore envenimée après la mort d’au moins soixante et un Palestiniens, tués par des tirs israéliens lors de manifestations le 14 mai le long de la barrière séparant la bande de Gaza d’Israël.

Emmanuel Macron a condamné récemment « les violences des forces armées israéliennes » tout en rappelant « son attachement à la sécurité d’Israël », une position jugée trop simpliste dans l’Etat hébreu et trop complaisante à gauche de l’échiquier politique en France.

Plusieurs centaines de personnes ont défilé, mardi, à Paris et dans plusieurs autres villes pour dénoncer la visite en France du premier ministre israélien, à l’appel d’associations pro-palestiniennes qui le voient comme un « criminel de guerre ». Trois syndicats français de journalistes ont aussi jugé « insupportable » qu’il soit reçu par le président Macron.

Des convergences pour la saison culturelle

Les deux dirigeants veulent de leur côté mettre à profit la saison culturelle croisée France-Israël qu’ils lanceront mardi soir, à l’occasion des 70 ans de l’Etat d’Israël, pour montrer ce qui rassemble les deux pays au travers de 400 événements.

« Macron a une approche extrêmement pragmatique, avec une volonté de découpler le sujet du conflit israélo-palestinien du volet de la coopération bilatérale », estime David Khalfa, chercheur associé à l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE) à Paris, qui note l’intérêt du président pour le modèle israélien de « start-up nation ».

Le président et le premier ministre inaugureront d’ailleurs une exposition retraçant les innovations technologiques israéliennes, israel@lights, au Grand Palais.

Le constructeur automobile PSA prépare son retrait d’Iran

Le constructeur automobile PSA devient le deuxième grand groupe français, après Total, à se plier aux injonctions américaines. Il a annoncé, lundi 4 juin, qu’il préparait son retrait d’Iran, son plus grand marché étranger en volume. PSA, dont les marques Peugeot et Citroën avaient formé des sociétés communes en Iran, a annoncé dans un communiqué avoir « commencé le processus de suspension des activités de ses [joint-ventures], afin de se conformer à la loi américaine d’ici au 6 août 2018 ».

Après avoir annoncé leur retrait de l’accord sur le nucléaire iranien, les Etats-Unis ont annoncé le retour des sanctions américaines contre l’Iran ainsi que contre toutes les entreprises ayant des liens avec la République islamique.

Pour PSA, un retrait de ce pays, s’il se confirme, constituerait un revers majeur. Le groupe avait vendu l’an dernier 444 600 véhicules en Iran, où il est traditionnellement bien implanté. Il s’agissait l’an dernier de son premier marché étranger devant la Chine (382 800 unités), le Royaume-Uni (279 100), l’Italie (265 200) et l’Allemagne (257 800). Le deuxième constructeur européen relativise cependant l’importance du marché iranien en termes financiers. Les activités de PSA en Iran représentent « moins de 1 % de son chiffre d’affaires ».

PSA souligne aussi qu’il « est en contact avec les autorités américaines pour envisager une dérogation », « avec le support du gouvernement français », dans l’espoir de pouvoir poursuivre son activité.

Notre article de 2016 sur un marché iranien de l’automobile en plein essor : Article réservé à nos abonnés PSA et Renault se livrent bataille en Iran

Le Monde avec AFP

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