Gal Vallerius, c’est d’abord une gueule : un crâne dégarni prolongé d’une longue barbe rousse de flibustier. C’est un peu à cause d’elle, d’ailleurs, que ce trentenaire franco-israélien, résident discret d’un village breton, est détenu depuis plus de huit mois dans une prison américaine et qu’il doit comparaître, mardi 12 juin, devant la cour du district sud de Floride, à Miami, pour dire s’il plaide coupable ou non des charges pesant contre lui. Les faits sont graves : l’accusation voit en lui un baron de la drogue. Son territoire ? Le « dark Web », un réseau du Net utilisé, entre autres, par des cybercriminels. Gal Vallerius est suspecté d’y avoir orchestré, sous le pseudonyme « OxyMonster », un vaste trafic de stupéfiants.
Ses ennuis ont commencé le 31 août 2017 à l’aéroport d’Atlanta (Géorgie). Ce jour-là, quand il débarque de France avec son épouse, Yasmin, il est en transit pour participer, le lendemain, aux championnats du monde de barbe et de moustache à Austin (Texas). Les autorités américaines ne lui laisseront pas le loisir d’y concourir dans la catégorie « 30 à 45 centimètres ».
Mystérieux et insaisissable dealer
A en croire les documents judiciaires que Le Monde a pu consulter, il est repéré dès son arrivée sur le sol américain. Des agents le conduisent à l’écart, exigent les mots de passe de ses appareils électroniques – un ordinateur, un smartphone, une tablette – pour ce qu’on lui présente, d’après l’agent spécial Stephen Lewis, comme « une inspection de routine ». Son avocat, Me Anthony J. Natale, affirme, pour sa part, que les agents ont menti à son client en prétendant chercher du contenu pédopornographique. Dans un document transmis à la cour, Me Natale ajoute que Gal Vallerius était alors « lourdement sous l’influence de narcotiques ».
En examinant les différents appareils, les enquêteurs trouvent ce qu’ils cherchent en réalité : des éléments susceptibles de lier le jeune homme à OxyMonster, mystérieux et insaisissable dealer du dark Web. Ils découvrent aussi des identifiants de connexion à Dream Market, une plate-forme de commerce illicite bien connue des initiés, « ainsi que l’équivalent de 500 000 dollars [425 000 euros] en bitcoins [une cryptomonnaie] », est-il précisé dans le compte-rendu de la Drug Enforcement Administration (DEA), les « stups » américains.
Tandis que Gal Vallerius est placé en état d’arrestation, son épouse peut repartir en France. A sa descente d’avion, les autorités judiciaires françaises l’attendent pour l’interroger. « A ce stade de l’enquête, elle est libre », précise le parquet de Saint-Brieuc.
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