La Pologne recule sur sa loi sur l'Holocauste

Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki s'adresse aux députés lors du débat sur la modification de sa loi controversée sur l'Holocauste.
Photo : Reuters / Agencja Gazeta
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La Pologne a annoncé mercredi qu'elle allait modifier sa loi controversée sur l'Holocauste afin de supprimer la possibilité de peines de prison pour quiconque laisserait entendre qu'il existait une éventuelle complicité du pays dans la politique d'extermination des Juifs menée par les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale.
Ce texte a suscité de vives critiques, notamment en Israël et aux États-Unis.
Cette décision inattendue a été prise alors que la Pologne cherche à renforcer ses liens avec Washington sur le plan sécuritaire, tandis qu'elle est l'objet d'une attention particulière de la part de l'Union européenne, et ce, en raison de son projet de réforme de la justice, qui suscite des inquiétudes en matière de séparation des pouvoirs.
Volte-face
« Ceux qui disent que la Pologne pourrait être responsable des crimes de la Deuxième Guerre mondiale méritent des peines de prison », a dit le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, aux députés.
« Mais nous agissons dans un contexte international et nous le prenons en compte », a-t-il ajouté, en leur demandant de supprimer cette disposition.
Les députés ont commencé à débattre de ces modifications mercredi matin et le président de la Diète, la chambre basse, a dit qu'elles seraient examinées dans le cadre d'une « procédure d'urgence ».
La loi telle qu'elle est entrée en vigueur en mars prévoit des peines allant jusqu'à trois ans de prison pour quiconque ferait mention du terme « camps de la mort polonais » ou laisserait entendre « publiquement et en dépit des faits » que la nation ou l'État polonais ont été complices des crimes de guerre de l'Allemagne nationale-socialiste.

L'entrée de l'ancien camp nazi d'Auschwitz-Birkenau
Photo : La Presse canadienne / CZAREK SOKOLOWSKI
Le gouvernement conservateur entendait ainsi défendre l'image de la Pologne, mais il a été accusé, notamment en Israël et aux États-Unis, de vouloir réécrire l'histoire.
La Pologne abritait avant la guerre la plus grande communauté juive d'Europe, avec 3,2 millions de personnes. Environ 3 millions d'entre eux ont été exterminés par les nazis, soit la moitié des Juifs tués durant l'Holocauste.
Des Juifs d'une grande partie de l'Europe ont été déportés vers des « camps de la mort » construits par les nazis après leur invasion de la Pologne en 1939, comme à Auschwitz, Treblinka, Belzec et Sobibor.
Des milliers de Polonais ont risqué leur vie pour protéger des Juifs durant la guerre, mais des recherches publiées depuis la chute du communisme en 1989 montrent aussi que des milliers d'autres ont tué ou dénoncé des Juifs, remettant ainsi en cause le récit national d'une Pologne seulement victime des nazis.