En voiture, en camion, à moto, en tracteur ou même à pied : qu’importe le moyen. Pour les habitants de la région rebelle de Deraa, dans le sud-ouest de la Syrie, soumise à une violente offensive des forces progouvernementales, l’urgence est de fuir. Les bombardements, qui, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ont causé une centaine de morts en dix jours, ont jeté sur les routes des dizaines de milliers de personnes.
Le régime syrien est déterminé, avec l’aide de son allié russe, à reprendre le contrôle de la zone de Deraa, qui forme avec la poche d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, les deux derniers bastions de l’insurrection anti-Assad. La majorité des déplacés se massent à proximité de la frontière jordanienne ou du plateau du Golan, dont une partie est annexée par Israël, dans l’espoir d’échapper aux violences. Cet exode met sous pression ces deux pays voisins de la Syrie, qui refusent d’ouvrir leur frontière, au risque de déclencher une nouvelle catastrophe humanitaire.
« J’ai traversé la campagne au nord-est de Deraa et je n’ai vu que des villages fantômes, marqués de destructions, raconte Mahmoud, ingénieur pour une ONG humanitaire. L’attaque du régime a été d’une magnitude jamais vue jusque-là dans le sud de la Syrie. Il y a eu des centaines de frappes en quelques jours. Les villageois et les combattants ont souvent fui en même temps. »
Peur d’une nouvelle hécatombe
Comme à Alep et dans la Ghouta orientale (banlieue de Damas), deux autres places fortes de la rébellion, reconquises respectivement en décembre 2016 et en avril de cette année, Damas et Moscou concentrent leurs coups sur les infrastructures civiles. Selon le bureau humanitaire des Nations unies, la plupart des établissements médicaux ont cessé de fonctionner, soit parce qu’ils ont été bombardés, soit parce qu’ils redoutent de l’être. A Kerak et Maliha, deux bourgades agricoles des environs de Deraa, près de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par des frappes.
La région étant rurale, avec un habitat très dispersé, les bombardements, bien qu’intensifs, sont pour l’instant moins meurtriers que dans la Ghouta, un terrain périurbain, où près de 1 600 personnes ont péri en huit semaines de combats. La peur d’une nouvelle hécatombe occupe cependant tous les esprits. Jeudi 28 juin, après que 17 personnes dont 5 enfants, qui s’étaient réfugiés dans le sous-sol d’une maison, ont péri dans un raid aérien visant la localité d’Al-Mseifra, à l’est de Deraa, des milliers d’autres familles ont pris la fuite.
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