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Avec Simone Veil, les déportés et les femmes honorés

Retour sur la cérémonie au cours de laquelle la foule et des proches ont accompagné l’ancienne rescapée de la Shoah au Panthéon, dimanche.

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Publié le 02 juillet 2018 à 11h16, modifié le 02 juillet 2018 à 14h56

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La foule rassemblée en hommage à Simone Veil, devant le Panthéon, à Paris, dimanche 1er juillet.

Comment aurait réagi Simone Veil en découvrant l’immense photo de son visage et celui de son mari tendue entre deux colonnes du Panthéon ? Et qu’aurait-elle dit en observant la foule de Parisiens, toutes générations confondues, rassemblée sur le passage de leurs deux cercueils portés par des gardes républicains et applaudissant, fervente, souvent les larmes aux yeux ?

Aurait-elle songé à son père, André Jacob, républicain, laïque et patriote, ancien combattant et prisonnier de la Grande Guerre, si confiant dans la France, si amoureux de son pays, mais jamais revenu d’un convoi de déportés parti en avril 1944 vers la Lituanie ? Aurait-elle pensé à Yvonne, sa mère tant aimée, qui, morte en avril 1945 au camp de Bergen-Belsen, n’a cessé de la porter, de l’inspirer, et demeurait « le personnage le plus important de [sa] vie » ? Aurait-elle souri, remarquant que la fameuse phrase « Aux grands hommes la patrie reconnaissante », gravée en 1791 sur le fronton du bâtiment, était inappropriée, et la République – qui n’avait point songé à la modifier – décidément incorrigible et intrinsèquement machiste ?

« Simone Veil a connu l’enfer… et elle finit au Panthéon. Quelle histoire ! »

Les proches de Simone Veil se perdaient en conjectures, ce dimanche 1er juillet, sur ce qu’aurait pensé de l’événement l’héroïne consacrée par la nation. Mais s’ils étaient heureux, fiers, émus, tous exprimaient à la fois fascination et sidération devant la force de cette évidence – l’ancienne ministre et présidente du Parlement européen méritait allègrement cet honneur – et son extravagance, étant donné les débuts de son histoire personnelle. « La machine nazie avait tout mis en place pour l’anéantir et la réduire en cendres. La voici héroïne, célébrée, vénérée. Elle a connu l’enfer… et elle finit au Panthéon. Quelle histoire ! », s’extasiait le docteur Marc Strauss, ami de la famille.

« Modèle », « pionnière », « héroïne »

Oui, quelle histoire !, disaient en écho Nicolas Sarkozy et François Hollande, arrivés l’un après l’autre et usant presque des mêmes mots, comme les ministres ou anciens ministres, nombreux à la cérémonie, souvent à court de mots, si ce n’est « modèle », « pionnière », « héroïne ». Quelle histoire !, reprenaient aussi les jeunes des différentes écoles, invités par l’Elysée à suivre la cérémonie aux toutes premières loges parce qu’ils avaient travaillé cette année sur le personnage et l’œuvre de Simone Veil. « Quelle histoire ! », murmurait Marceline Loridan-Ivens, l’amie, la complice, la confidente de Simone Veil, si frêle et si vivante, les yeux perdus dans ses souvenirs d’Auschwitz… « Comment ne pas être stupéfaits et fiers ? Une fille de Birkenau entre dans la maison la plus illustre de France. Elle nous honore toutes ! » Toutes ? « Nous tous, les déportés juifs. Et nous toutes, les femmes ! »

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