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Claude Lanzmann, le réalisateur de « Shoah », est mort

Le cinéaste, défenseur acharné de la cause d’Israël, était aussi écrivain, journaliste et philosophe.

Par  (Médiateur du Monde)

Publié le 05 juillet 2018 à 11h22, modifié le 06 juillet 2018 à 13h13

Temps de Lecture 10 min.

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L’idée même de la mort lui paraissait scandaleuse. Ayant eu 90 ans en 2015, il comprit qu’il ne pourrait pas lui échapper. « La mort est là, elle peut arriver à tout moment, disait-il. La statistique est contre moi. C’est très mal. » Contredisant Heidegger, Claude Lanzmann ajoutait : « Mourir n’a rien de grand. C’est la fin de la possibilité d’être grand, au contraire. L’impossibilité de toute possibilité. »

Comme un volcan qui se serait endormi, Claude Lanzmann est mort à Paris jeudi 5 juillet à l’âge de 92 ans, a appris Le Monde auprès de son entourage. Il serait dommage de ne retenir de lui qu’un seul film – un chef-d’œuvre, il est vrai : Shoah. Certes, il fut un cinéaste majeur, l’un de ceux qui ont marqué à jamais l’histoire du cinéma ; mais il fut aussi écrivain, journaliste, philosophe, directeur des Temps Modernes, ami de Sartre, compagnon de Simone de Beauvoir… la liste est loin d’être exhaustive.

Cet homme qui, selon l’expression de son ami Didier Sicard, « donna au peuple juif la sépulture qui lui manquait » en réalisant Shoah, connut, peu avant de mourir, l’épreuve la plus douloureuse qui se puisse imaginer : la mort de son fils Félix, qui, le 13 janvier 2017, fut emporté, à 23 ans, par un cancer.

Le père, portrait craché du fils

Rien de mieux pour connaître la vie de Claude Lanzmann que de lire son maître livre, Le Lièvre de Patagonie (Gallimard, 2009). En voici quelques notations, qui aideront à mieux comprendre qui était cet homme.

Il naquit le 27 novembre 1925 à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). Sa mère, Paulette (qui en réalité s’appelait Pauline), bégayait, car en 1903, à l’âge de 3 mois, on l’avait étouffée avec un oreiller afin qu’elle puisse embarquer clandestinement depuis le port d’Odessa sur un navire à destination de Marseille. Après le terrible pogrom de Kichinev (aujourd’hui Chisinau), Yankel Grobermann, le grand-père maternel de Claude, s’était résolu comme beaucoup d’autres juifs à fuir vers l’Ouest. Parvenue à Paris au prix de mille difficultés, la famille Grobermann s’installa sur la barrière de Clichy, la « zone », disait-on à l’époque.

Né en 1874 à Wilejka – un shtetl, communauté villageoise juive, aux environs de Minsk, en Biélorussie –, Itzhak Lanzmann, le grand-père paternel de Claude, partit à l’âge de 13 ans pour Berlin, où il apprit le métier de tailleur. Puis, il se rendit en France, où il rencontra Anna, elle-même née à Riga. Comme beaucoup de commerçants juifs d’avant-guerre, Itzhak avait changé son prénom pour celui, « plus policé et complètement gratuit », de Léon. Léon, dira plus tard Lanzmann, « je l’ai connu longtemps et aimé aussi longtemps que je l’ai connu. Il ressemblait trait pour trait à Charlie Chaplin ».

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