Des joueurs de crosse iroquois empêchés de quitter le pays
Les membres de l'équipe des Iroquois Nationals et leurs entraîneurs étaient prêts à se rendre aux Championnats du monde de crosse au champ.
Photo : Courtoisie/Tisha Thompson
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'équipe de crosse des Iroquois Nationals n'a pu se rendre aux Championnats du monde de crosse au champ, en Israël. Les joueurs et les entraîneurs ont présenté leurs passeports iroquois et n'ont pas pu monter à bord de leur avion, à Toronto.
Un texte de Jessica Deer
Le directeur de l’équipe, Ansley Jemison, souligne que voyager avec le passeport iroquois fait partie du programme de l’organisation.
Nous sommes Autochtones. Nous avons signé des traités avec le Canada et les États-Unis. Nous avons le droit de voyager en tant qu’Autochtones
L’équipe est composée de 23 joueurs de la Confédération iroquoise qui comprend six Premières Nations : les Mohawks, les Oneidas, les Onondaga, les Cayugas, les Senecas et les Tuscaroras. Les communautés sont situées dans les provinces de l’Ontario et du Québec et dans l’État de New York.
Les Iroquois Nationals en profite pour s'entraîner alors qu'ils attendent que le problème soit réglé.
Photo : Courtoisie/Tracy Rector
L’équipe a passé la nuit dans un hôtel de Brantford, en Ontario, et a pris part à quelques entraînements en attendant que le problème soit résolu.
« Quand la vie te donne des citrons, tu fais de la limonade, croit Ansley Jemison. Nous essayons d’être le plus productifs possible. »
Les passeports de la Confédération iroquoise existent depuis 1923. Les membres les utilisent fréquemment pour voyager à l’international, mais le Canada ne reconnaît pas ces passeports comme des pièces d’identité valides.
Un membre du comité des relations externes de la Confédération iroquoise et mohawk de Kahnawake, Kenneth Deer, soutient que l’équipe ne rencontre généralement pas de problèmes de la sorte, mais qu’à la dernière minute le gouvernement israélien a demandé une preuve du Canada confirmant que l’équipe serait autorisée à quitter le pays avant de délivrer les visas.
« L’équipe n’a pas pu quitter le pays parce que le gouvernement canadien n’a pas produit la lettre demandée par Israël », dit-il
Kenneth Deer croit également qu’il s’agit d’une situation « très inhabituelle ».
Personne n’a besoin de la permission du Canada pour quitter le pays. Les Iroquois n’ont pas besoin de l’approbation du Canada pour aller en Israël
Un porte-parole d’Immigration et citoyenneté Canada a confirmé que le ministère était au courant de la situation, mais n’a pas voulu dire ce qu’il comptait faire.
Une bonne réputation au sein de la communauté sportive
Les championnats mondiaux de crosse au champ ont lieu du 12 au 21 juillet à Netanya, en Israël. Les Iroquois Nationals, qui sont les médaillés de bronze en titre, doivent jouer dès le premier jour de compétition.
Ils sont la seule équipe issue des Premières Nations autorisée à participer à des compétitions sportives internationales. Ils se sont joints à la Fédération de crosse internationale (FCI) en 1987 et ont participé à leur première compétition en 1990.
« C'est une équipe très compétitive, ça serait vraiment important pour l’intégrité de la compétition qu’ils soient présents », affirme le directeur général de la FCI, Jim Scherr.
« C’est une équipe très importante dans l’histoire de la FCI, ajoute-t-il. C’était l’une des premières impliquées dès le début de la Fédération. Nous connaissons tous l’importance des Iroquois dans les origines et le développement de ce jeu. »
La FCI et le comité organisateur en Israël travaillent actuellement avec les gestionnaires de l’équipe pour trouver une solution.
Un autre vol a été prévu pour le 11 juillet, mais impossible de confirmer si les membres de l’équipe auront leurs visas à temps.
Une situation de déjà-vu
Ce n’est pas la première fois que l’équipe des Iroquois Nationals fait face à des problèmes de passeport. L’équipe n’avait pas pu se rendre aux Championnats mondiaux, en 2010, au Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni n’autorisait pas l’équipe de quitter New York de peur que les membres soient incapables de rentrer aux États-Unis par la suite.
Hillary Clinton, à ce moment secrétaire d’État, a écrit une lettre en soutien à l’équipe, qui n’a tout de même pas reçu de visa britannique.
« C’est certain que je n’ai pas envie de revivre ça », confie le directeur Ansley Jemison.
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