Les Casques bleus bientôt de retour sur le Golan syrien
- Publié le 19-08-2018 à 12h31
Quatre ans après avoir évacué les lieux, les soldats de l’Onu sont attendus. Damas et Moscou ont préparé le terrain.Les Casques bleus de l’Onu s’apprêtent à reprendre pied sur le Golan syrien. Quatre ans après avoir évacué ces hauteurs stratégiques des confins sud-ouest de la Syrie, tous les indicateurs semblent au vert pour le retour de la force onusienne chargée de contrôler la zone tampon entre la Syrie et Israël, qui occupe depuis 50 ans la majeure partie du célèbre plateau. Le 28 août 2014, la force onusienne avait évacué ses positions syriennes après que des combattants du Front al Nosra - un groupe djihadiste affilié à Al Qaïda - eurent pris le contrôle de la zone et brièvement pris en otage 45 de ses Casques bleus.
Plusieurs éléments accréditent ce retour de l’Onu sur le Golan syrien.
La rencontre, mardi à Damas, entre le chef de la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (Fnuod) et le ministre syrien de la Défense, Ali Abdallah Ayoub, semble même suggérer que ce retour est imminent.
"Quelques problèmes" liés à Daech
Le mandat de la force onusienne a été reconduit à la fin juin pour six mois. Ce contigent d’un bon millier de Casques bleus a pour mission de veiller au désengagement des forces militaires israéliennes et syriennes depuis la création d’une zone démilitarisée entre les deux pays en 1974.
L’Etat hébreu occupe les deux tiers des 1 700 kilomètres carrés de ce plateau, conquis pendant la guerre des Six Jours (1967) et annexés en 1981. Israël avait pris le contrôle d’une bonne partie de ce plateau dominant la plaine syrienne de l’ouest des provinces de Damas, Qouneitra et Deraa.
Or les forces loyalistes syriennes ont récemment repris le contrôle presque total de ces deux dernières provinces, hormis "quelques problèmes" restants liés au groupe djihadiste Etat islamique (Daech) dans l’extrême pointe sud de la zone tampon, a précisé le lieutenant-général Sergueï Kouralenko, lors d’une récente visite sur les lieux en compagnie de la presse internationale.
L’Onu est la "bienvenue"
Pas de quoi empêcher la réinstallation de la force onusienne dans la partie syrienne du plateau. La Syrie et la Russie, son principal allié militaire dans la guerre civile, y semblent favorables. L’Onu "est la bienvenue ici si elle veut coopérer avec la Russie et avec nous", a indiqué Mohamad Ahmad, général de brigade de la police militaire syrienne. "Tout est prêt" pour le retour de l’Onu, a aussi souligné l’officier russe. Un "imprimatur" par lequel la Russie semble vouloir ostensiblement afficher son légalisme international autant que sa prépondérance dans la maîtrise de la situation militaire.
L’armée russe a établi quatre postes militaires le long de la ligne de démarcation et pense en établir quatre autres prochainement. La police militaire russe a aussi fait le ménage, passant au crible toute la zone ainsi que les itinéraires des patrouilles de l’Onu, minés par les djihadistes. Des postes et des renseignements que Moscou se dit prête à remettre à la force de l’Onu dès que celle-ci envisage de reprendre à elle seule le contrôle de la zone. Les Casques bleus ont effectué depuis février une trentaine de patrouilles dans la zone.
Cette stabilisation du Golan syrien doit aussi contribuer à favoriser le retour au pays des Syriens qui s’étaient réfugiés à l’étranger. La Russie dit aujourd’hui aider les autorités syriennes à coordonner les travaux de reconstruction visant entre autres les infrastructures de base comme les centrales électriques, les écoles et autres institutions. Tandis que Damas indique favoriser le retour de ses ressortissants en simplifiant les procédures liées aux réparations ou reconstructions, à la création de nouveaux emplois, ou encore en gratifiant les hommes d’un ajournement d’un an à leur éventuelle conscription.