L'Office des étrangers refuse de respecter l’injonction du Comité des droits de l’enfant de l’ONU de libérer la famille serbe
La Belgique demande à la Syrie ou à Israël de respecter les droits humains, mais s’assied sur les décisions de l'Onu
- Publié le 26-09-2018 à 18h16
Le Comité des droits de l’enfant des Nations unies a ordonné mardi soir à la Belgique de libérer la famille serbe détenue au centre 127 bis. La maman et ses quatre enfants sont enfermés dans la section familles de Steenokkerzeel depuis le 14 août, avec une courte interruption de trois jours au cours desquels ils ont été placés en maison de retour. Mais l’Office des étrangers refuse de respecter cette injonction, estimant que ce Comité de l’Onu n’est pas compétent, dénonce l’ONG Défense des Enfants (DEI) - Belgique.
Le Comité des droits de l’enfant a suivi l’argumentation de la famille selon laquelle la détention des enfants leur cause un grave préjudice et entraîne des conséquences irréversibles sur leur développement physique et psychique. Cette instance, qui doit veiller à ce que les Etats respectent la Convention de l’ONU sur les droits de l’enfant, est compétente depuis 2011 pour recevoir des plaintes individuelles des enfants dont les droits ont été violés. La Belgique a ratifié ce mécanisme en 2014.
"Nous sommes scandalisés"
C’est dans ce cadre que le Comité a la possibilité, avant de se positionner sur le fond, de prendre des mesures provisoires “qui s’avèrent nécessaires dans des circonstances exceptionnelles pour éviter qu’un préjudice irréparable” soit causé aux enfants concernés. “Selon un nouveau rapport pédopsychiatrique, ces enfants continuent à souffrir des conséquences psychologiques de leur détention en centre fermé”, déclare Benoît Van Keirsbilck, directeur de DEI- Belgique. La décision du Comité des droits de l’enfant était donc un grand soulagement. De courte durée.
L’ONG a pourtant appris mercredi que la Belgique refusait de se conformer à cette décision. “Nous en sommes scandalisés”, scande M. Van Keirsbilck, qui en appelle au Premier ministre et à l’ensemble du gouvernement. “Est-ce ainsi que la Belgique entend respecter les traités des Nations unies en matière de droits fondamentaux ?”.
Double discours
Le Comité des droits de l’enfant a un statut quasi juridictionnel, ajoute le directeur de DEI-Belgique. “Entendre l’administration contester la compétence de ce Comité, ce n’est pas une réponse soutenable au moment précis où Charles Michel est à l’assemblée générale des Nations unies. C’est tout de même problématique d’entendre la Belgique, quand elle est à New York, demander à la Syrie ou à Israël de respecter les droits humains et qu’en même temps, à Bruxelles, on s’assied sur les décisions du comité des droits de l’enfant”.