Face à l'Assemblée générale, Charles Michel défend tout ce que Donald Trump a critiqué
- Publié le 27-09-2018 à 19h37
- Mis à jour le 28-09-2018 à 07h59

Dans son discours à l'Assemblée générale, Charles Michel a défendu tout ce que Donald Trump a critiqué mardi.
Programmé entre le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, Charles Michel ne pouvait espérer mieux, jeudi matin, pour capter l'attention des délégués à l'Assemblée générale des Nations unies. Le plus souvent, la Belgique est reléguée en fin de semaine et ses représentants parlent devant une salle aux trois quarts vide.
Cet avantage était d'autant plus opportun que notre pays occupera, dès janvier, un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité et que le Premier ministre entendait exposer les lignes de force qui guideront l'exécution de ce mandat de deux ans. En préambule, toutefois, M. Michel a tenu à réaffirmer l'attachement de la Belgique au multilatéralisme et à l'institution qui l'incarne par excellence – l'Organisation des nations unies. Son discours pouvait donc se lire comme une réfutation de l'apologie de la souveraineté faite mardi, à cette même tribune, par le président américain, Donald Trump.
"Qui peut croire que l'addition des 193 souverainetés nationales représentées ici et agissant chacune de manière unilatérale, produirait comme par miracle une réponse vertueuse et efficace à nos défis communs", a ainsi demandé Charles Michel. "C'est une illusion ! La même illusion que celle selon laquelle la main invisible du marché entraînerait spontanément, par magie, progrès et bien-être partagé. Le capitalisme a besoin de règles. L'humanité aussi", a poursuivi le Premier ministre libéral.
Des accords "jetés aux orties" "Le multilatéralisme est le seul chemin pour éradiquer la pauvreté, pour mettre les terroristes hors d'état de nuire, ou encore pour préserver les ressources naturelles de notre planète", a ajouté Charles Michel, avant de déplorer que "des accords internationaux, fruits de négociations âpres et intenses, puissent être brusquement et unilatéralement jetés aux orties". Sans jamais nommer les États-Unis, le chef du gouvernement a fustigé la dénonciation de l'accord sur le nucléaire iranien, de certains accords commerciaux et de l'accord de Paris sur le climat par "une partie signataire".
Envisageant la façon dont la Belgique allait remplir son mandat au Conseil de sécurité, Charles Michel a logiquement évoqué en premier lieu la prévention des conflits. "Nous sommes favorables au monitoring permanent de tous les indicateurs de violence, ainsi qu'à la mise en place de mécanismes d'alerte précoce", a-t-il indiqué en voyant, dans la violation des droits humains ou le trucage des élections, les signes avant-coureurs de futurs conflits.

Une union "sacrée" avec l'Afrique La Belgique veut faire de "la protection des plus vulnérables dans les conflits armés", des femmes et des enfants en particulier, sa priorité. Elle entend aussi refuser que, du Yémen à la Syrie, des États deviennent" le terrain d'un jeu cruel et indigne de puissances qui se font la guerre par pays interposés., sans aucune considération pour les tragédies humanitaires qui en résultent".
Plaidant sans surprise pour un développement plus équitable, Charles Michel a lancé "un appel vibrant pour une alliance sacrée entre l'Afrique et l'Europe", pour un "partenariat libéré de la nostalgie ou de la culpabilité" héritées d'un passé souvent colonial, pour un accord de libre-échange qui pourrait, en dix ans, créer "un espace de prospérité inégalé et sans précédent".
Considérant les enjeux écologiques les plus urgents, le Premier ministre est revenu à la charge contre l'Administration Trump pour condamner "l'entêtement de certains à nier la réalité des changements climatiques", lequel est, selon lui, "du même ordre que l'entêtement de ceux qui, hier, niaient que la terre est ronde".
Le geste et la parole Évoquant enfin la question migratoire, Charles Michel a estimé qu'il "ne s'agit pas d'être pour ou contre un phénomène inéluctable, mais de le gérer de manière ordonnée pour faire reculer les peurs, les tensions et les conflits". Déterminé à "refuser le piège des confusions délibérément entretenues par les populistes de tous bords, d'extrême gauche et d'extrême droite", il s'est félicité de voir la Belgique "assumer pleinement son devoir d'humanité" en accordant le statut de réfugié à plus de 45 000 personnes ces trois dernières années.
Las ! On apprenait dans le même temps que notre pays a refusé d'obéir à une injonction du Comité des droits de l'enfant des Nations unies, lui ordonnant de libérer une maman et ses quatre enfants d'origine serbe qui sont détenus au centre 127 bis depuis le 14 août. au motif que ce Comité ne serait "pas compétent".