Publicité

Dans le regard de Freud au Musée d'art et d'histoire du judaïsme

À l'occasion des vingt ans du musée parisien, une exposition majeure est consacrée au fondateur de la psychanalyse. Plus de 200 œuvres de Magritte à Schiele en passant par Courbet illustrent, loin des clichés, le cheminement de sa pensée.

Nul n'est prophète en son pays. Vienne, la ville de Sigmund Freud (1856-1939), ne compte qu'un simple parc à son nom et un buste ordinaire dans les allées de la faculté de médecine. Même si le 19 Bergasse - la maison où vécut et exerça le père de la psychanalyse pendant 47 ans - reste une adresse mythique pour ses admirateurs, il trouve toujours une audience plus passionnée hors des frontières autrichiennes. Et notamment à Paris, où il séjourna durant quatre mois dans le service du professeur Charcot à la Salpêtrière en 1885.

Aujourd'hui, c'est encore à Paris que l'on peut voir «Du regard à l'écoute», première exposition consacrée à Freud en France. Un sujet épineux qui n'a pas intimidé le commissaire Jean Clair, ni son conseiller scientifique Philippe Comar, lesquels ont abordé le personnage dans toute sa dimension scientifique et spirituelle.

«Freud appartient plus au XIXe siècle qu'au XXe, explique Jean Clair. Il se consacre pendant près de quarante ans aux recherches scientifiques et aurait pu devenir un grand neurologue. Mais au fur et à mesure il s'intéresse à représenter l'appareil psychique.»

C'est le début du parcours chronologique très documenté, jalonné de quelque 200 pièces, dessins et objets scientifiques, toiles et sculptures, toujours choisies à dessein, pour leur valeur picturale et esthétique bien sûr, mais surtout pour illustrer les neuf chapitres de cet hommage à celui qui ne collectionnait que des statuettes antiques. Comme cette leçon de Charcot par André Brouillet de 1887, toile dans laquelle «le grand prêtre de l'hystérie» se livre à une démonstration sous hypnose d'une de ses patientes. Fasciné par les expériences de Charcot, Freud accrochera une reproduction de ce tableau dans son cabinet à Vienne.

L'Origine du monde en toute intimité

Au fil de la visite, l'amateur d'art, même s'il n'est pas féru de psychanalyse, n'est pas totalement dérouté. Malgré sa taille modeste, le musée a reçu des prêts importants de ses confrères. Comme cet étonnant collage sur papier (1921) de Max Ernst, le portrait de Freud par Dali, une gouache sur papier de «femmes agitées» de la Salpêtrière (1882) de Daniel Vierge, une Tête de caractère de Messerschmidt ou encore La Tentation de saint Antoine (1887) de Félicien Rops abordant le volet de la vie sexuelle. En 1905, Freud publie Trois essais sur la théorie sexuelle, thème au centre des préoccupations de beaucoup d'artistes.

C'est l'occasion d'admirer plusieurs dessins magnifiques de Schiele, de Klimt (du Leopold Museum) et de revoir en toute intimité le chef-d'œuvre emblématique de Courbet L'Origine du monde , prêt rare du Musée d'Orsay, dont on connaît désormais le nom du modèle, Constance Quéniaux. Et de sa piquante version masquée d'André Masson. Enfin, le Mahj - qui fête ses vingt ans - conclut ce très riche exposé par le rapport de Freud au judaïsme. «Si Freud s'est toujours tenu à l'écart de la religion, à la fin de sa vie il publie Moïse et le monothéisme dans lequel il revient sur ses origines juives», conclut Philippe Comar qui a choisi un Rothko de 1964 comme objet de méditation. Du visible à l'invisible.

«Sigmund Freud. Du regard à l'écoute», Musée d'art et d'histoire du judaïsme, 71, rue de Turenne (IIIe). Tél.: 01 53 01 86 53.Horaires: du mar. au ven. de 11 h à 18 h, sam. et dim. de10 h à 18 h. Jusqu'au 10 fév. Cat.: éd. Gallimard/Mahj, 39 €.

Dans le regard de Freud au Musée d'art et d'histoire du judaïsme

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
7 commentaires
    À lire aussi