Publicité

Transfert de son ambassade à Jérusalem : l'Australie en pleine valse-hésitation

Le premier ministre australien est dans une situation politique difficile. Mick Tsikas/AP

Suivant l'exemple des États-Unis, le premier ministre australien s'est dit «ouvert» ce mardi à l'idée d'un transfert de l'ambassade d'Australie à Jérusalem. Mais, quelques heures plus tard, Scott Morrison a semblé rétropédalé, l'Indonésie marquant une franche opposition à ce projet.

Confronté à un tollé politique et aux menaces de représailles sur le commerce extérieur, le premier ministre australien a semblé rétropédaler ce mardi au sujet d'un éventuel transfert de l'ambassade de son pays à Jérusalem, déclarant qu'il consulterait au préalable ses alliés.

Alors qu'il était accusé de jeter aux orties 70 ans de diplomatie à des fins de politique intérieure et que la presse rapportait que l'Indonésie pourrait suspendre un accord commercial bilatéral, Scott Morrison est venu dire au Parlement qu'aucune décision ferme n'avait été prise. Quelques heures auparavant, le chef du gouvernement avait convoqué une conférence de presse pour se dire «ouvert» à des propositions de reconnaissance formelle de Jérusalem comme capitale de l'État d'Israël et de transfert de l'ambassade d'Australie de Tel-Aviv dans cette ville. Le premier ministre a expliqué aux parlementaires qu'il «sonderait les vues» des dirigeants de la région sur l'idée d'emboîter le pas au président américain Donald Trump «avant que le gouvernement ne se fasse une opinion particulière sur cette question».

Jérusalem est revendiquée à la fois par les Israéliens et les Palestiniens et la plupart des pays étrangers ont évité d'y loger leur représentation. Depuis la guerre des Six jours de 1967, Israël occupe Jérusalem-Est, mais cette présence n'est pas reconnue par les Nations unies. Donald Trump a néanmoins transféré l'ambassade des États-Unis à Jérusalem en mai. Dans la foulée, le Guatemala, en Amérique centrale, et le Paraguay, en Amérique du Sud, ont annoncé leur volonté de transférer eux aussi leur ambassade. De leurs côtés, des responsables australiens ont expliqué qu'un transfert était à l'étude depuis plusieurs mois.

Mécontentement en Indonésie

Mais les déclarations de Scott Morrison coïncident avec une législative partielle cruciale pour son gouvernement puisque le résultat pourrait lui coûter sa maigre majorité parlementaire (un siège). L'élection a lieu samedi dans une circonscription à forte population juive de Sydney et le candidat du Parti libéral (conservateur) de Scott Morrison, un ancien ambassadeur d'Australie en Israël, est en retard dans les intentions de vote selon des sondages. Si le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a salué le projet australien de déménagement, son voisin indonésien, pays musulman le plus peuplé du monde, a mal réagi.

Un haut responsable indonésien à Jakarta, cité par la chaîne publique ABC, a déclaré qu'un vaste projet d'accord commercial - en négociation depuis cinq ans et qui doit être finalisé avant la fin de l'année - pourrait désormais rester au placard. Interrogés par l'AFP, les ministères indonésiens des Affaires étrangères et du Commerce ont dit ne pas être au courant d'une éventuelle suspension des discussions. Mais Scott Morrison a expliqué qu'il avait discuté de l'accord commercial avec le président Joko Widodo au téléphone. «Nous allons continuer à travailler étroitement en coopération avec nos alliés et partenaires à travers le monde sur cette question», a ajouté le premier ministre devant le Parlement. En mai dernier, d'importantes manifestations avaient eu lieu à Jakarta, en opposition au projet de transfert de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem.

«Nous sommes engagés envers une solution à deux États», Israël et un État palestinien, «mais franchement ça ne se passe très bien, peu de progrès ont été réalisés, et il ne faut pas continuer à faire la même chose et s'attendre à des résultats différents», avait expliqué le chef du gouvernement australien lors de sa conférence de presse. «Scott Morrison veut s'accrocher si désespérément à son boulot qu'il est prêt à dire n'importe quoi qui pourrait lui valoir quelques voix supplémentaires, même aux dépens de l'intérêt national», a accusé Penny Wong, porte-parole de l'opposition travailliste. Scott Morrison a pris les rênes du gouvernement en août à la faveur d'un putsch de la frange la plus conservatrice au sein du Parti libéral qui a évincé le modéré Malcom Turnbull. Le gouvernement de celui-ci s'était distancié de la décision américaine sur Jérusalem, estimant qu'elle ne contribuait pas au processus de paix entre Israël et les Palestiniens.

Transfert de son ambassade à Jérusalem : l'Australie en pleine valse-hésitation

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
31 commentaires
    À lire aussi