Victoire pour Lara Alqasem: la Cour suprême israélienne autorise finalement son entrée en Israël
Pendant quinze jours, l'étudiante américaine a été retenue au centre d'immigration pour son affiliation présumée à un mouvement de boycott d'Israël.
- Publié le 19-10-2018 à 11h44
- Mis à jour le 19-10-2018 à 20h13

Pendant quinze jours, l'étudiante américaine a été retenue au centre d'immigration pour son affiliation présumée à un mouvement de boycott d'Israël.
Son entêtement a fini par payer: Lara Alqasem suivra son année universitaire en Israël. La Cour suprême israélienne a considéré jeudi soir l'appel de l'étudiante américaine accusée de boycott et annulé son interdiction d'entrée en Israël.
Pour la jeune brunette aux larges lunettes carrées, la rentrée étudiante a donc un petit goût de victoire, après - tout de même - quinze jours passés dans le centre de rétention de l'aéroport Ben Gourion, à Tel Aviv.Agée de 22 ans, et d'un père d'origine palestinienne, Lara Alqasem avait prévu de suivre cette année un master en droits de l'homme à l'Université hébraïque de Jérusalem. Munie d'un visa étudiant délivré par le consulat israélien de Miami (Floride), elle s'était vue interdire l'entrée sur le sol israélien, à son arrivée le 2 octobre.
La raison invoquée : au contrôle des identités à l'aéroport de Tel Aviv, son profil indiquait qu'elle avait été engagée dans le BDS (Boycott, Sanction et Désinvestissement), un mouvement pro-palestinien qui défend le boycott économique, culturel et académique de l'Etat hébreu pour protester contre l'occupation israélienne en Cisjordanie.
L'un des ultimes remparts de la démocratie
Plutôt que de retourner aux Etats-Unis, ce qu'elle était libre de faire, la jeune fille avait donc décidé de porter l'affaire devant la justice. Lors de l'audience du 11 octobre, au tribunal de Tel Aviv, son avocat, Yotam Ben Hillel, dénonçait une situation absurde: "Lara Alqasem vient pour étudier à l'Université hébraïque de Jérusalem, a été acceptée, a investi de l'argent et obtenu un visa. Comment cela peut-il s'assimiler à un boycott ?", avait-il demandé aux juges.
Le lendemain, le tribunal approuvait la décision du ministère de l'Intérieur. Le jour prévu pour son expulsion, dimanche dernier, la jeune femme décidait de faire un ultime appel auprès de la Cour suprême israélienne. Suite à l'audience de ce mercredi, celle-ci a révoqué la décision première, qui n'était "pas raisonnable" selon elle, et la jeune fille a pu être libérée.
L'Université hébraïque de Jérusalem, qui soutenait l'appel de Lara Alqasem, a salué la décision de la Cour suprême, considérée comme l'un des ultimes remparts de la démocratie par la gauche israélienne et les organisations des droits humains. Au contraire, le ministre de l'Intérieur, Aryé Dery, a regretté une décision "honteuse", assurant que cela ne se reproduirait pas.
Pendant deux semaines, le sort surmédiatisé de Lara Alqasem a divisé la classe politique israélienne.
L'actuel gouvernement israélien, et notamment le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan, combat les activités qui pourraient s'assimiler à du boycott, les taxant d'une nouvelle forme d'antisémitisme. C'est d'ailleurs en vertu d'une loi votée 2017, qui interdit l'entrée en Israël aux partisans du BDS, que Lara Alqasem s'était vue refuser l'accès au territoire israélien.
Activité récente de boycott niée
Il lui était reproché d'avoir présidé, pendant ses études en Floride, une branche de Students for Justice in Palestine (SJP) forte de huit membres et menant des campagnes de boycott contre Israël. Lors de son interrogatoire à l'aéroport, elle avait nié toute activité récente de boycott. Au tribunal à Tel Aviv, elle avait assuré avoir quitté le mouvement SJP depuis un an et demi.
Pendant l'audience de mercredi, les juges de la Cour suprême se sont notamment demandés s'il était pertinent d'interdire l'entrée à un individu qui ne serait plus investi dans le BDS. Ils ont finalement considéré que le cas de Lara Alqasem ne correspondait pas aux principes de la loi anti-boycott de 2017.
"Dans ce cas, refuser l'entrée ne fait pas avancer l'objectif de la loi, et l'Université hébraïque fait valoir que cela porte préjudice au milieu universitaire israélien", ont-ils avancé.
Auparavant, Asher Cohen, le président de l'université, avait d'ailleurs indiqué que l'ouverture de programmes académiques à des étudiants internationaux permettait de les exposer à "la réalité d'Israël" et qu'au contraire, leur interdire l'entrée en Israël "faisait le jeu du BDS".