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Tuerie de Pittsburgh : un assassin venu de l'extrême droite antisémite

VIDÉO - Onze personnes ont été tuées et six blessées samedi dans une synagogue en Pennsylvanie par un homme qui professait sa haine des Juifs et des étrangers. Le maire de Pittsburgh appelle son pays à engager une nouvelle fois le débat sur les armes à feu.

De notre correspondant à Washington,

Il était inconnu des services de police, mais il exhibait sa haine des Juifs et des étrangers sur des réseaux sociaux un peu marginaux, qui se flattent de laisser tout dire. Robert Bowers, 46 ans, est entré samedi matin dans la synagogue de l'Arbre de Vie à Pittsburgh armé d'un fusil d'assaut AK-47 et de trois pistolets Glock. Il a crié des insultes antisémites et «tous les Juifs doivent mourir» en ouvrant le feu sur une centaine de personnes qui participaient à la cérémonie de circoncision d'un bébé. Il a tué onze personnes et en a blessé deux - épargnant les enfants - avant de se diriger vers la sortie.

Le suspect, Robert Bowers. -/AFP

Là, il s'est trouvé face à deux policiers dépêchés sur place moins d'une minute après que la police avait reçu un appel d'alerte au 911, à 9h45. Il a de nouveau fait feu et les a blessés avant de se replier dans l'édifice, jusqu'à un bureau au troisième étage. Il en a été délogé par les unités d'assaut SWAT (Special weapons and tactics) de la police, dont deux membres ont également été blessés.

Le tireur a lui aussi été touché de plusieurs balles et conduit à l'hôpital. Parmi les sept blessés (en incluant le tueur), seul un civil de 71 ans atteint au torse serait dans un état «critique».

«Crimes haineux»

L'agent spécial Bob Jones, qui dirige le bureau du FBI à Pittsburgh, a décrit «la scène de crime la plus horrible que j'aie vue en 22 ans» dans la police fédérale. Wendell Hissrich, directeur de la sécurité publique de cette ville de 300000 habitants à l'ouest de la Pennsylvanie, l'a comparée aux accidents aériens qu'il avait eu à connaître dans sa carrière. Les onze victimes, âgées de 54 à 97 ans, ont été identifiées et leurs familles prévenues, ont indiqué dimanche les autorités américaines. Parmi elles, un couple et deux frères.

Le ministre de la Justice, Jeff Sessions, a annoncé que le meurtrier serait poursuivi pour des «crimes haineux» et pourrait encourir la peine de mort. Cette qualification, un cran en dessous du terrorisme, s'applique selon le FBI «à des crimes ordinaires commis en raison d'un préjugé contre la race, la religion» ou d'autres traits propres aux victimes.

Robert Bowers possédait un compte sur le site Internet Gab.com, «le réseau social de la libre parole» devenu un refuge pour l'extrême droite et les suprémacistes blancs, entre autres. Il y côtoyait notamment Andrew Anglin, fondateur du site néonazi Daily Stormer, ou le provocateur Milo Yiannopoulos, ancien de Breitbart News. Sa page - fermée samedi -proclamait que «les Juifs sont les enfants de Satan» et affichait le symbole «14/88», qui fait référence à la survie de la race blanche et à Adolf Hitler.

Bowers semblait en vouloir particulièrement à une ONG juive d'aide aux réfugiés à travers le monde, la Hebrew Immigrant Aid Society. «Alors HIAS, ça vous plaît de faire entrer des envahisseurs hostiles pour qu'ils s'installent parmi nous?», avait-il lancé dans un post. Et, peu avant de passer à l'acte: «HIAS aime amener des envahisseurs qui tuent notre peuple. Je ne peux pas rester à ne rien faire en regardant mon peuple se faire massacrer. Je me fous de ce que vous penserez, j'y vais.»

La congrégation de l'Arbre de Vie n'a pas de lien avec HIAS. Mais c'est l'une des plus anciennes synagogues de Pittsburgh, fondée en 1864 et installée dans le quartier juif de Squirrel Hill depuis 1952. Elle peut accueillir jusqu'à 1250 personnes pour les grandes fêtes religieuses. L'HIAS est aussi la plus vieille agence d'aide aux réfugiés dans le monde et l'une des neuf aux États-Unis travaillant avec le gouvernement fédéral.

«Il faut remettre en vogue la peine de mort»

Donald Trump, dont la fille Ivanka, le gendre Jared Kushner et trois de ses petits-enfants sont juifs, a dénoncé «un acte antisémite» commis par «un esprit malade» et qualifié les meurtres racistes de «mal absolu». Il a estimé que la législation sur les armes avait «peu de rapport» avec la tragédie, spéculant toutefois que si la synagogue avait eu un garde armé, «les résultats auraient été bien meilleurs» - même si quatre policiers ont été blessés. «J'ai entendu le président dire qu'il faudrait armer des gardes dans nos synagogues», a réagi lors d'une conférence de presse le maire de Pittsburgh, Bill Peduto. «Notre approche devrait plutôt être: comment retirer les armes à feu - qui sont le dénominateur commun de toutes les fusillades en Amérique - des mains de ceux qui veulent exprimer leur haine raciste avec des meurtres?»

Le président a quant à lui ramené le sujet à plusieurs reprises vers la peine de mort, affirmant «qu'il est temps de durcir nos lois» et de faire en sorte que «la punition ultime, vous voyez ce que je veux dire», soit appliquée «beaucoup plus rapidement». «Il faut remettre en vogue la peine de mort», a dit Trump. Les États-Unis ont exécuté dix-huit condamnés cette année dans sept États, vingt-trois en 2017 dans huit États, se plaçant au 8è rang mondial. Le Texas occupe la tête du classement.

Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi soir dans les rues de Pittsburgh pour une veillée aux chandelles, en présence de responsables religieux et d'élus. Les réactions ont été nombreuses à travers le monde. «Que le Seigneur nous aide à éteindre les foyers de haine qui se développent dans notre société, en renforçant le sens d'humanité, le respect de la vie, les valeurs morales et civiles», a ainsi réagi le pape François à l'annonce du massacre. Le président Emmanuel Macron a de son côté condamné «avec force cet acte d'antisémitisme».

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854 commentaires
  • GIOVANNA LUCCARDI 1

    le

    si les démocrates donnent à Trump la responsaabilité de la tuerie jamais plus ils ne reprendront la Présidence

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