La police britannique ouvre une enquête sur l’antisémitisme au sein du Parti travailliste
- Publié le 02-11-2018 à 18h18
- Mis à jour le 02-11-2018 à 18h22
L’enquête de Scotland Yard se base sur un rapport interne au parti travailliste énumérant 45 allégations d’antisémitisme de la part de ses membres. Scotland Yard a officiellement lancé une enquête criminelle contre des membres du parti travailliste britannique, soupçonnés de propos antisémites. "Nous avons examiné des documents qui m’ont été donnés dans un studio de radio il y a environ deux mois", a expliqué sa cheffe Cressida Dick. La chaîne LBC avait en effet obtenu un rapport interne au Parti travailliste (Labour) détaillant quarante-cinq allégations d’antisémitisme perpétrées par ses membres. Les journalistes l’avaient fait étudier par un ancien officier de police, Mark Chisty. Celui-ci avait établi que dix-sept d’entre elles auraient dû être transférées à la police pour une enquête approfondie et que quatre autres étaient potentiellement des crimes de haine raciale. Parmi ces quatre messages rédigés sur des réseaux sociaux, on trouve celui-ci : "Nous devrions nous débarrasser des juifs, qui sont un cancer pour nous tous", ainsi que des attaques contre un conseiller municipal. Les journalistes avaient ensuite remis le rapport à Cressida Dick le 4 septembre.
Scotland Yard a indiqué que "le contenu des documents a été examiné par des officiers spécialisés. Une enquête criminelle a été entamée à propos des allégations contenues dans ces documents". Cressida Dick a expliqué que ses services sont entrés en relation avec le Service des poursuites judiciaires de la Couronne (CPS) dans l’espoir de pouvoir "éclaircir cela très rapidement". Elle a ensuite spécifié que cette enquête concerne des individus et non pas le parti travailliste dans son ensemble. Ce dernier a d’ailleurs précisé ne pas avoir été contacté par la police mais être prêt à collaborer avec elle.
Le trop long silence de Jeremy Corbyn
Le vice-chef du parti Tom Watson a avoué "ne pas être surpris" par cette nouvelle "totalement déprimante". "Si elle fait une chose, ce sera de faire taire le petit nombre de personnes qui croient encore que l’antisémitisme n’existe pas dans mon parti et dans n’importe quel parti, ce qui freine nos tentatives de gérer ce problème aussi vite et aussi bien que possible."
Pendant tout l’été, les accusations d’antisémitisme ont en effet plu contre le chef du parti Jeremy Corbyn. Chose en apparence étonnante, elles ont été relayées et amplifiées par des députés travaillistes. L’un d’entre eux, Franck Field, lui-même juif, a quitté le parti après avoir accusé sa direction "de ne rien faire de significatif face à l’érosion de nos valeurs fondamentales".
La crédibilité de ses imputations est pourtant limitée : Jeremy Corbyn est historiquement un partisan de la cause palestinienne mais il a toujours été opposé à toute forme de racisme et d’antisémitisme. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les plus députés les plus vocaux sur cette question sont tous ouvertement opposés au maintien de Jeremy Corbyn à la tête du Labour en raison de sa politique économique antilibérale.
Dans son désir de compromis, le chef travailliste est pourtant demeuré bien trop silencieux cet été. Il a attendu de longues semaines avant de condamner fermement les membres du parti qui mélangent, volontairement ou non, la dénonciation de la politique du gouvernement israélien et celle des juifs. Un silence qui a profondément affecté l’image du Labour.