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Goldnadel « La gauche n'a pas peur des amalgames quand il s'agit de salir la droite »

JOEL SAGET/AFP/JOEL SAGET/AFP

FIGAROVOX/TRIBUNE - Gilles-William Goldnadel relève les amalgames dont la presse internationale s'est fait l'écho concernant le massacre antisémite de Pittsburgh, et dénonce à cette occasion le manichéisme des médias.


Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox. Son dernier ouvrage,Névroses Médiatiques sur canapé ou comment le monde est devenu une foule déchaînée, paraîtra le 15 novembre prochain chez Plon.


Le débat idéologico-médiatique prend un tour névrotique, désormais rebelle à toute logique.

Les accusations portées à l'encontre de Donald Trump par une partie de la presse de gauche qui incrimine sa responsabilité, au moins indirecte, dans l'attentat antisémite de la semaine dernière contre la synagogue de Pittsburgh nous en apportent la plus récente des illustrations.

Il est vrai que nous sommes en période électorale. Il est vrai que Donald Trump, quel que soit le regard que l'on lui porte, rend fou. Il est vrai que la question juive rend encore plus dément.

Le prétexte, au moins subliminal, à ces accusations vient du fait que l'auteur du carnage est blanc.

Il y avait très longtemps que le sang juif n'avait coulé à flots de la main d'un blanc raciste.

Cela devait sans doute manquer à la gauche antiraciste qui ne s'est pas privée de tirer parti de l'événement exceptionnel. De là à en tirer la conclusion que le président honni médiatiquement mais révéré des «petits blancs» était responsable, il y avait un grand pas à franchir, qu'une partie de la gauche antiraciste a accompli.

À ce sujet, et pour doucher les funestes espérances d'un supposé antiracisme aujourd'hui dévoyé, selon l'Anti Defamation League (ADL), la principale association américaine, plutôt à gauche, qui surveille l'antisémitisme, si ce dernier touche un blanc sur dix, le chiffre monte à un sur quatre chez les noirs, et à un sur trois chez les immigrés latino-américains (cité par François D'Orcival dans le Fig Mag du 2 novembre).

Certes, le parcours eût été encore plus aisé si l'auteur du massacre avait fait partie des admirateurs du grand détesté. Las, il fallut le compter parmi ses pires contempteurs qui lui reprochent précisément d'être vendu aux juifs, tant en raison de ses liens familiaux par son gendre que par son attachement à Israël.

Mais, le débat névrotique ne s'encombre ni de pure logique ni de grande décence.

À ce dernier sujet, on remarquera - bien que personne ne l'ait fait remarquer - que la manifestation anti-Trump devant la synagogue martyre le jour même de l'hommage aux victimes représentait une infraction manifeste à la tradition du respect du deuil.

Le débat médiatique névrotique ne s'encombre ni de pure logique ni de grande décence.

Mais il faut croire que par temps triste, les manifestations «dignes et silencieuses» privées de colère, sont exclusivement réservées au peuple de droite et que celui de gauche peut s'affranchir allègrement de tout respect.

Il faut croire encore que le reproche d'instrumentalisation politique d'un événement dramatique suit symétriquement la même réglementation idéologique.

Sur le fond, et pour tenter d'instruire le procès en responsabilité, il était reproché pêle-mêle au président honni d'électriser et de polariser le débat ou d'avoir décomplexé l'extrême droite américaine.

Ces reproches ne pouvaient au demeurant qu'être des plus évanescents puisqu'aucun commencement de déclaration antijuive ne pouvait être placé sous la dent des milliers de ses procureurs encolérés. À ce stade de la réflexion qui cherche un début de logique, on nous accordera tout de même que c'est le strict minimum requis pour oser incriminer moralement une personne lors d'un événement matériel tragique.

Mais examinons tout de même les griefs, tout fumeux qu'ils soient.

Il est vrai que la victoire de Donald Trump à la Maison-Blanche n'a pas rendu, loin s'en faut, l'Amérique plus unie. Mais qui doit-on en blâmer le plus? La veille de son avènement, alors même qu'il n'avait pas prêté encore serment et que des centaines de milliers de manifestants le conspuaient déjà, je prenais date dans ces mêmes colonnes. J'y voyais une injure au suffrage universel et un grand danger pour le peuple américain. Le New York Times avait lui-même promis de s'amender. Mais les promesses n'ont pas duré vingt-quatre heures.

Amalgame, ce concept ordinairement honni par la gauche, mais souvent utilisé pour conspuer la droite.

Quoi qu'il en soit , et en dehors de mes commentaires subjectifs, selon un sondage Politico-Morning Consult, si 56 % des Américains estiment que Donald Trump divise le pays, ils sont 64 % pour le reprocher aux médias.

Bref, la poule médiatique a largement pondu l'oeuf colérique dans une dynamique hystérique désormais ininterrompue…

Quant à l'attitude moins agressive à l'égard de l'extrême droite, et pour autant qu'on puisse entrevoir le moindre rapport avec l'événement, on remarquera le procédé de l'amalgame hardi.

Amalgame, ce concept ordinairement honni par la gauche.

Imaginez seulement, que l'auteur de ces lignes se soit enhardi à incriminer la mollesse intellectuelle d'une partie de la presse française à l'égard du terrorisme palestinien , pour la considérer indirectement responsable des attentats antisémites islamistes en France…

Et pourtant, l'amalgame était plus tentant, puisqu'aucune bienveillance à l'égard de l'antisémitisme ne peut être reprochée à Donald Trump…

Dans la recherche effrénée d'un indice incriminant, d'aucuns limiers, dont le «chercheur» Jean-Pierre Filliu dans le Monde du 4 novembre , a cru pouvoir reprocher aux partisans de Trump leur détestation pour Georges Soros, qui au demeurant la leur rend bien…

Le spéculateur internationaliste américano-hongrois étant juif de surcroît, l'antisémitisme de ses détracteurs ne saurait faire de doute…quand bien même sa judéité ne serait pas invoquée.

Si l'on suivait l'étrange logique de ce qu'on n'oserait nommer une réflexion, gare à la moindre critique contre l'auteur de ces lignes, sauf à encourir les foudres des ligues antiracistes…

Il arrive un moment, lorsque le débat médiatique s'abaisse, qui dans l'imprécation, qui dans l'ineptie, qui dans la folie, que ses cibles forcent la sympathie élémentaire, quels que soient leurs travers.

Goldnadel « La gauche n'a pas peur des amalgames quand il s'agit de salir la droite »

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132 commentaires
  • Jean-Jacques Garnier

    le

    Si je comprends bien, pour Monsieur Goldnadel c'est une tare d'être antiraciste : bravo ! il fallait oser le dire.

  • Bob44

    le

    Merci M. Goldnadel de remettre avec brio, les choses à leur vraie place...

  • Democrite75

    le

    S'en prendre à l'antiracisme parce qu'il émane de gauche, c'est faire preuve d'un courage intellectuel sans faille.

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