Santé / Monde

La rougeole refait son apparition dans la communauté juive orthodoxe de New York

Cette communauté est directement ciblée par la propagande anti-vaccin.

Ce n'est pas la première fois que cette communauté est touchée par une épidémie de rougeole | Hyttalo Souza via Unsplash CC <a href="https://unsplash.com/photos/a1p0Z7RSkL8">License by</a>
Ce n'est pas la première fois que cette communauté est touchée par une épidémie de rougeole | Hyttalo Souza via Unsplash CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Vox

New York est en train de connaître le début d’une nouvelle épidémie de rougeole. En fin de semaine dernière, dix-sept cas ont été confirmés dans les quartiers de Williamsburg et Borough Park et cinquante-cinq autres dans celui de Rockland County. Ce qui fait en tout soixante-douze cas confirmés, et ce nombre risque d’augmenter.

Une épidémie de rougeole n’est pas un fait si rare, mais l’originalité de celle de New York réside dans le fait que tous les cas concernent des membres non-vaccinés de la communauté juive orthodoxe, surtout des enfants. Une épidémie dans cette communauté avait déjà eu lieu en 2011.

La vaccination contre la rougeole est très importante, puisque cette maladie est hautement contagieuse et peut être létale. Toutefois, la religion juive n’interdit pas la vaccination. Bien au contraire, l’Union orthodoxe ainsi que le Conseil rabbinique d’Amérique (la plus grande organisation orthodoxe du monde) incitent fortement tous les parents juifs orthodoxes à faire vacciner leurs enfants.

Cible des anti-vaccins

En fait, les raisons de la sous-vaccination sont les mêmes qu’ailleurs. Les services de santé de la ville affirment que des propagandistes anti-vaccin propagent de fausses informations dans la communauté. Un groupe basé à Brooklyn appelé PEACH distribue largement un livret écrit sous pseudonyme relayant notamment la théorie, largement réfutée, que les vaccins causeraient l’autisme.

Le livret s’appuie sur des citations de rabbins qui vont dans le sens de cette théorie et s'adressent directement aux personnes juives. En janvier, le Pittsburg Jewish Chronicle, une branche locale du Times of Israel, rapportait que de nombreux fidèles orthodoxes avaient reçu le livret chez eux, ce qui avait déclenché la colère de certains.

Les communautés comme celles des juifs et juives orthodoxes sont des terrains propices à la propagande anti-vaccin. «En étant un juif religieux, vous vous habituez à avoir un point de vue minoritaire. Donc ce n'est pas parce qu'une opinion n’est pas mainstream que cela va vous empêcher d’y croire», explique Alexander Rapaport, l’une des personnalités publiques de cette communauté.

De plus, c’est un groupe restreint et ses membres entretiennent de fortes relations. «Ils vont à l’école ensemble, prient ensemble, vivent ensemble», et tout cela favorise la propagation de la maladie, alors même que les non-vaccinés sont en minorité. Les pouvoirs publics font leur possible pour sensibiliser, mais comme l’explique Alexander Rapaport, «l’information parvient difficilement à ceux qui parlent yiddish ou qui n’ont pas de télévision».

Les Amish aussi exposés

Les juifs et juives orthodoxes ne sont pas les seules cibles. La plus grosse épidémie récente de rougeole aux États-Unis a eu lieu dans l’Ohio en 2014. Des centaines de cas se sont déclarés chez les Amish, un groupe qui a de nombreuses similarités avec les orthodoxes: mode de vie marginal, méfiance envers les nouvelles technologies, liens forts entre les membres. En 2017, c'étaient les Somaliens du Minnesota qui faisaient les frais de la maladie.

Le défi pour les services de santé est donc de redoubler d'efforts pour parvenir à atteindre efficacement ces groupes et y effectuer la prévention nécessaire.

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