Israël et Rice déclarent la bande de Gaza "entité hostile"
Israël a ouvert la voie mercredi à des sanctions économiques contre la bande de Gaza en la décrétant "entité hostile". La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a rappelé que le Hamas était une "entité hostile pour les Etats-Unis aussi", en commentant la décision israélienne de désigner ainsi la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste palestinien. Washington n'abandonnera pas "les Palestiniens innocents"
- Publié le 18-09-2007 à 00h00
Israël a ouvert la voie mercredi à des sanctions économiques contre la bande de Gaza en la décrétant "entité hostile", une décision dénoncée comme "une punition collective" par les islamistes du Hamas qui contrôlent le territoire palestinien. Le cabinet de sécurité israélien réuni pour débattre d'une riposte à la poursuite des tirs de roquettes depuis Gaza contre Israël a adopté cette mesure à l'unanimité, a indiqué la présidence du Conseil israélien dans un communiqué.
La semaine dernière, une roquette palestinienne tirée depuis la bande de Gaza avait fait 69 blessés sur une base de l'armée israélienne proche de la ville d'Ashkelon, au sud de Tel-Aviv. "Le mouvement islamiste Hamas est une organisation terroriste qui a pris le contrôle de la bande de Gaza et en a fait une entité hostile. Cette organisation mène des activités hostiles contre l'Etat d'Israël et ses citoyens et elle est donc responsable de ces activités", souligne le communiqué. "En sus de la poursuite des opérations militaires ciblées contre les organisations terroristes, Israël imposera des restrictions au pouvoir issu du Hamas de manière à limiter la circulation de marchandises vers la bande de Gaza ainsi que la fourniture de carburant et d'électricité", poursuit le communiqué.
"Ces restrictions seront appliquées après examen de leur aspect juridique en tenant compte des questions d'ordre humanitaire à Gaza en vue d'éviter une crise humanitaire", conclut-il. Le Hamas s'est élevé contre ces mesures. "Il s'agit d'une punition collective que nous rejetons totalement", a déclaré à l'AFP Taher Al-Nounou, porte-parole du gouvernement issu du Hamas, qui s'est maintenu à Gaza en dépit de son limogeage par le président palestinien Mahmoud Abbas.
Selon lui, ce gouvernement "va entrer en contact avec les parties concernées pour empêcher la mise en oeuvre de ces graves mesures". Il a affirmé que l'exécutif Hamas était prêt à observer une "trêve réciproque avec Israël si les agressions israéliennes cessaient". "Nous allons prendre toutes les précautions nécessaires pour la sécurité car nous prenons les menaces israéliennes au sérieux", a-t-il encore dit.
Tout en condamnant les tirs de roquettes contre Israël, un responsable de l'ONU a affirmé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que l'organisation internationale "considère comme contraire à la loi internationale toute sanction contre des populations civiles" Bien que s'étant retiré unilatéralement de Gaza, "Israël est toujours considéré comme une puissance occupante du fait qu'il contrôle les accès terrestres, aériens et maritimes de ce territoire et a donc la responsabilité d'assurer à sa population ses produits de base", a-t-il ajouté.
De son côté, Sean McCormack, porte-parole du département d'Etat américain a affirmé: "Les israéliens nous ont assuré clairement que (les sanctions envisagées) n'affecteraient pas la situation humanitaire". La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a entamé mercredi une visite en Israël et dans les territoires palestiniens. Selon la radio publique, le ministre de la Défense Ehud Barak a écarté à ce stade une offensive terrestre d'envergure contre la bande de Gaza en raison de la situation à la frontière nord d'Israël, et des tensions avec la Syrie.
Interrogé à la radio de l'armée israélienne, le président de la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, Tzahi Hanegbi, a de son côté déclaré: "tôt ou tard, il faudra mener une opération massive contre la bande de Gaza, et d'ici là nous n'avons aucune raison de les gâter en leur fournissant l'eau et l'électricité".
Mahmoud Abbas dénonce les sanctions israéliennes sur la Bande de Gaza Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a dénoncé mercredi une mesure "oppressive" après la décision du gouvernement israélien de décréter la Bande de Gaza ce qui permettrait de couper les approvisionnements en carburant et électricité dans le territoire palestinien. "Cette décision oppressive ne fera que renforcer l'embargo choquant imposé à 1,5 million de personnes dans la Bande de Gaza, accroître leur souffrance et approfondir leur tragédie", a dénoncé un communiqué publié par le cabinet de Mahmoud Abbas. Les islamistes du Hamas, engagés dans un bras de fer avec le Fatah, le mouvement de Mahmoud Abbas, se sont emparés en juin dernier du contrôle de la Bande de Gaza. Le président de l'Autorité palestinienne a installé un nouveau gouvernement en Cisjordanie mais revendique toujours l'autorité sur Gaza.