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Enquête après une agression antisémite commise par des «gilets jaunes» dans le métro

MIGUEL MEDINA/AFP

Trois individus ont verbalement agressé samedi soir dans le métro parisien une femme juive qui leur intimait de cesser de faire des gestes obscènes. Une enquête a été ouverte par la Police Régionale des Transports mais la femme a annoncé ne pas souhaiter porter plainte.

Scène d'indignation dans les transports en commun parisiens. Dimanche matin, la préfecture de police de Paris a annoncé sur Twitter que la Police Régionale des Transports ouvrait une enquête à la suite d'une agression antisémite survenue samedi soir dans le métro.

La scène s'est déroulée vers 23 heures, en marge de la manifestation des «gilets jaunes», dans une rame de la ligne 4 à partir de la station Réaumur-Sébastopol. C'est un journaliste de 20 minutes, Thibaut Chevillard, témoin de la scène qui a rapporté ce qu'il a vu dans une série de tweets: trois gilets jaunes qui proféraient des insultes antisémites et qui faisaient le geste de «la quenelle» ont agressé une femme âgée qui tentait de les raisonner. Elle-même s'étant présentée comme juive.

Voici les faits relatés par le journaliste:

Dans un article mis en ligne sur son site, le journaliste a précisé son propos: «Nous avons immédiatement vu ces trois personnes, visiblement éméchées, qui faisaient beaucoup de bruit. Nous ne faisions pas vraiment attention à eux (...) Soudain, ils se sont mis à faire des quenelles (...) Et là, tout est allé très vite. Une dame âgée, cheveux grisonnants, assise derrière moi, s'est levée. Elle est allée dans leur direction et leur a dit que ce geste était antisémite. Elle a ensuite dit qu'elle était juive, que son père avait été déporté à Auschwitz et qu'ils devaient arrêter immédiatement (...) Mais les trois hommes ont rigolé et ont continué de faire des quenelles. L'un d'eux a lancé à la dame: «Moi aussi, j'ai été à Auschwitz» et je l'ai entendu dire que cela n'avait pas existé. Puis un autre s'est planté au milieu du couloir en hurlant à plusieurs reprises: «Dégage la vieille! Dégage la vieille!». Un autre a dit: «On est chez nous». C'était terriblement violent».

«La dame est retournée s'asseoir derrière moi, en silence (...) J'étais terriblement choqué par la violence verbale de ces personnes. Je me suis retourné, et lui ai dit: «Leur comportement est honteux, Madame, honteux». Sur le moment, tout va très vite (...) Pleins de choses me sont passées par la tête: Dois-je me lever et dire quelque chose? Si oui, les autres passagers me suivront-ils? Et si on se lève, que se passera-t-il? On va se battre avec ces types bourrés? Ce matin, je me dis qu'il aurait fallu qu'on réagisse autrement, mais comment? (...) J'ai eu honte de ce que je venais de voir. Honte de ne pas avoir bougé».

«Si je m'étais senti en danger je ne l'aurais pas fait»

Dimanche après-midi, alertée par ses neveux qu'on parlait d'elle dans la presse, la femme a alors contacté nos confrères de 20 Minutes . Prénommée Agnès, cette personne de 74 ans a annoncé ne pas vouloir déposer plainte, notamment pour ne pas donner plus d'importance à ces «propos d'ivrogne». «J'étais contente de mon esclandre! Si je m'étais senti en danger je ne l'aurais pas fait», témoigne-t-elle. «Manifestement, c'était des gens qui n'ont pas eu d'éducation». Elle a toutefois apporté des précisions quant au déroulement des événements. Si l'un des hommes a bien fait référence à Auschwitz, la femme n'est pas certaine que ce dernier ait ajouté stricto sensu que «cela n'avait jamais existé». Toutefois, la femme précise qu'elle a «senti» que l'homme sous-entendait «un truc comme ça». En outre, lorsque l'un des protagonistes s'est mis à hurler «Dégage la vieille!», à plusieurs reprises, la septuagénaire lui a «demandé d'aller jusqu'au bout et de dire «dégage sale vieille juive».

Au lendemain de cet événement, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a qualifié cette agression d'«ignoble et insoutenable». «Tout sera mis en œuvre pour identifier ces individus. Ils doivent répondre de leurs actes abjects. Couvert d'un gilet jaune ou caché derrière un pseudo sur Twitter, l'antisémitisme doit être combattu de toutes nos forces», a commenté sur Twitter le ministre.

La RATP a indiqué que la station Montparnasse-Bienvenüe où sont descendus les trois individus disposait de caméras de surveillance et que ces dernières étaient soumises à «réquisition judiciaire pour être exploitées».

LIRE AUSSI -«Gilets jaunes» acte VI: une mobilisation en nette baisse

Ce week-end a été marqué par de multiples actions choquantes et polémiques en marge du mouvement des «gilets jaunes». Ainsi, le chant antisémite de «La quenelle» a été chanté samedi sur les marches de l'église du Sacré-Cœur à Paris, ou bien une marionnette à l'effigie d'Emmanuel Macron a été décapitée en Charente.

Enquête après une agression antisémite commise par des «gilets jaunes» dans le métro

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757 commentaires
  • Spartiate13

    le

    Regardez sur youtube : scandale !!! policiers casseurs .

  • Spartiate13

    le

    Alors ?? Elle est ou cette vidéo de ce journaliste en bois ?

  • Zygo32

    le

    Voilà, tout est dit sur ces gentils « gilets jaunes ».

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