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L‘écrivain israélien Amos Oz, promoteur de la réconciliation israélo-arabe, est mort à 79 ans

DISPARITION - Figure majeure de la littérature contemporaine et cofondateur du mouvement La paix maintenant, le «Camus israélien» est décédé à la suite d'un cancer, a annoncé vendredi sa fille sur Twitter.

C'est un très grand écrivain qui s'en va. Il avait signé des romans mais aussi des essais et des récits biographiques. Sa fille, Fania-Oz Salzberger l'a annoncé sur Twitter: l'écrivain israélien Amos Oz, cofondateur du mouvement La Paix maintenant, est décédé d'un cancer à l'âge de 79 ans. «À ceux qui l'aiment, merci», a-t-elle écrit.

Amos Oz est né à Jérusalem en 1939. Depuis un premier succès international avec son roman Mon Michaël, (publié en France par Calmann-Lévy, traduit de l'hébreu par Rina Viers), il s'est imposé comme l'écrivain israélien le plus important de sa génération, avec David Grossman. Il a reçu de nombreux prix littéraires et distinctions à travers le monde, dont le prix Femina étranger pour La Boîte noire. En 2004, Une histoire d'amour et de ténèbres lui a valu un succès populaire inédit. L'essentiel de son œuvre est disponible en français aux éditions Gallimard traduite par Sylvie Cohen. Il avait lauréat de nombreux prix internationaux, comme le prix Kafka ou le prix Prince des Asturies.

Salué à ses débuts comme le «Camus israélien», l'écrivain, un fervent militant de la paix avec les Palestiniens, avait dénoncé ces dernières années la politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu, protestant contre ce qu'il a qualifié d'»extrémisme croissant» du gouvernement.

Dans Une histoire d'amour et de ténèbres (traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen), l'écrivain évoque son enfance à Kerem Avraham, quartier pauvre de Jérusalem, et le traumatisme lié à la mort de sa mère qui se suicide alors qu'il est adolescent. À l'âge de quinze ans, il quitte son père pour aller vivre dans un kibboutz. Plusieurs années plus tard, devenu romancier, il effectue un long voyage en Europe pour retrouver ses racines. Il avait reçu le prix France Culture.

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Dans son œuvre, il y avait un livre particulier coécrit avec sa fille, c'était Juifs par les mots (Gallimard). Ils disaient ceci: «Les auteurs sont un père et sa fille. L'un est écrivain et spécialiste de la littérature, l'autre historienne. Nous n'avons jamais cessé de discuter et de débattre de thèmes liés à ce livre depuis que l'un de nous deux avait trois ans. Notre collaboration n'en mérite pas moins une explication. La meilleure façon de présenter ce travail en équipe consiste à préciser d'emblée ce que dit cet essai. Il pose que l'histoire juive et le peuple juif forment une continuité à nulle autre comparable, qui n'est ni ethnique ni politique. Notre histoire comporte certes des lignages de cette nature, mais ils n'en forment pas les principales artères. À la place, la généalogie nationale et culturelle des Juifs a de tout temps reposé sur la transmission intergénérationnelle d'un contenu verbal. Il s'agit ici de religion, bien sûr, mais, encore plus opérants, de textes. Les textes sont en effet disponibles depuis longtemps sous leur forme écrite. Fait révélateur, la controverse s'inscrivit en eux dès le départ. Dans ce qu'elle a de meilleur, la révérence juive s'accompagne d'une irrévérence mordante. Dans ce qu'elle a de meilleur, la suffisance juive se teinte d'un examen de soi tantôt cinglant, tantôt cocasse. Alors que l'érudition a beaucoup d'importance, les affaires de famille comptent encore plus. Ces deux points d'appui tendent à se superposer. Pères, mères, maîtres. Fils, filles, élèves. Texte, question, débat. Dieu, nous n'en savons rien, mais la continuité juive a toujours été pavée de mots.»

Amos Oz avait aussi écrit pour la jeunesse, Soudain dans la forêt profonde (illustrations Georg Hallensleben, toujours traduit par Sylvie Cohen). Il est résumé ainsi: dans un village apparemment comme les autres, tous les animaux ont soudain disparu. Bravant l'interdiction de leurs parents, deux enfants décident de comprendre la raison de ce départ et de retrouver leurs animaux familiers. Ils finissent par les découvrir coulant des jours heureux dans un merveilleux jardin secret, où ils ont été attirés par un étrange petit garçon autrefois chassé du village.

À l'annonce de sa mort, les réactions ont été nombreuses. Elles disent toutes la tristesse de voir disparaître un grand écrivain et un grand homme. La mort d'Amos Oz est «une perte pour nous tous et pour le monde», a déclaré le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon.

Les grandes dates de l'écrivain israélien Amos Oz, décédé vendredi à l'âge de 79 ans.

- 4 mai 1939: naissance d'Amos Klausner à Jérusalem.

- 1954: rejoint à 15 ans le kibboutz de Hulda, dans le centre d'Israël, et adopte le patronyme d'Oz, qui signifie «force, courage» en hébreu.

- 1966: publie son premier ouvrage, «Les Terres du chacal».

- Juin 1967: participe à la guerre des Six jours dans une unité de chars.

- Octobre 1973: participe à la guerre de Yom Kippour.

- 1978: cofondateur de «La Paix maintenant», mouvement opposé à la colonisation dans les Territoires palestiniens et prônant la réconciliation israélo-arabe.

- 1987: publie «La Boîte noire», couronné en France par le prix Femina l'année suivante.

- 2003: publie son roman autobiographique «Une Histoire d'amour et de ténèbres», salué comme une œuvre majeure de la littérature mondiale.

- 2005: obtient le prestigieux prix Goethe de la ville de Francfort pour l'ensemble de son œuvre.

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L‘écrivain israélien Amos Oz, promoteur de la réconciliation israélo-arabe, est mort à 79 ans

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75 commentaires
  • Klakmuf

    le

    Amos Oz a toujours cru qu'en attachant un molosse avec des saucisses, on en ferait un gentil toutou.

  • Instable arriviste

    le

    Le bisounours, voila l'ennemi ! On va enfin pouvoir se torgnoller traquille !

  • PASCAL FALABREGUES

    le

    Lisez une histoire d'amour et de ténèbres. Lisez, lisez.

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