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Indignation après une inscription antisémite sur une boutique en plein Paris

Photo prise par un Parisien qui préfère garder l'anonymat. Montage Figaro/Photo Facebook et Twitter

VIDÉOS - Des internautes accusent les «gilets jaunes» d'être derrière le «Juden» tracé à la peinture jaune sur la devanture d'une enseigne Bagelstein. Le ministre de l'Intérieur a déclaré que tout serait fait «pour que l'auteur de cette ignominie soit condamné». Une enquête a notamment été ouverte pour «provocation à la haine raciale».

«Horreur à Paris», «insupportable et inacceptable», «une tâche pour notre pays». Les commentaires indignés à la suite d'une photo postée sur les réseaux sociaux et montrant une inscription antisémite écrite en lettre capitale en travers de la vitrine d'une boutique Bagelstein à Paris étaient nombreux ce week-end. L'image, prise par un passant et sur laquelle on peut lire «JUDEN» (juifs en allemand, ndlr), a été postée samedi sur Facebook, en fin de matinée. La boutique ciblée est sur l'Île Saint-Louis, dans le IVe arrondissement de Paris.

«Je me promenais et j'ai pris cette photo car ça m'a choqué», a indiqué au Figaro le Parisien à l'origine du cliché viral. «Je ne suis pas de confession juive mais j'ai trouvé ça aberrant». Celui qui préfère rester anonyme affirme avoir discuté avec le gérant de la boutique samedi. «Il l'a trouvé au petit matin. Il a appelé la police qui l'a entendu et il a enlevé l'inscription dans la foulée», explique cet habitant qui a fini par supprimer son post et son compte Facebook ce dimanche parce qu'il était «trop assailli de messages et de sollicitations».

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Enquête ouverte pour «provocation à la haine raciale»

Le cofondateur de Bagelstein, chaine de restauration spécialisée dans la vente de bagels, a par ailleurs indiqué à l'AFP qu'il avait déposé plainte le jour même. «[Le tag] a probablement été fait dans la nuit de vendredi à samedi», a expliqué Gilles Abecassis, précisant que des graffitis similaires avaient déjà été réalisés sur d'autres vitrines. Dans la foulée, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour «dégradations volontaires aggravées» et «provocation à la haine raciale», confié à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), selon des sources policière et judiciaire. Pour rappel, l'incitation à la haine raciale est un délit passible d'un an de prison et de 45.000 euros d'amende.

Comme l'ont souligné de nombreux internautes, l'image rappelle furieusement l'Allemagne des années 1930 et les inscriptions antisémites qui visaient les commerces juifs. Le 1er avril 1933, les Nazis avaient lancé un boycott qui ciblait les professions libérales et les commerces juifs. Des étoiles de David et des slogans antisémites furent peints sur les façades des magasins, disant: «N'achetez pas chez les juifs» ou «les juifs font notre malheur». Beaucoup d'internautes y ont également vu une référence à la nuit de Cristal, du 9 au 10 novembre 1938, au cours de laquelle des synagogues furent détruites, des juifs humiliés et assassinés et des boutiques saccagées.

« Notre honneur : ne rien laisser passer »

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur

Le cliché a été largement commenté sur les réseaux sociaux. Dimanche matin, il était dans les sujets les plus discutés sur Twitter. La ligue contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a partagé la photo et l'a comparée à un cliché pris à Berlin en 1938, accompagnée d'une légende très brève: «L'antisémitisme, canal historique. Paris, 2019. Berlin, 1938». Le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) a également fait part de son «indignation» et de sa «colère», évoquant «un acte qui rappelle les heures les plus sombres de l'histoire».

Plusieurs élus ont aussi condamné cette inscription. «Ras le bol à force, semaine après semaine, de devoir dénoncer l'antisémitisme», s'est indigné Elise Fajgeles, députée LaRem de la 5e circonscription de Paris. «L'antisémitisme est un fléau qui continue de se traduire en actes, encore aujourd'hui en 2019!», a dénoncé Gabrielle Siry, porte-parole du parti socialiste.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'est aussi emparé de la polémique en promettant de «tout faire pour que l'auteur de cette ignominie soit condamné».

De son côté, la mairie de Paris a réagi par la voix de son adjoint, chargé de la propreté. «Vision insupportable (...) Aucune place ne doit être laissée à l'antisémitisme!», a lancé Paul Simondon.

Qui derrière cet acte?

Si on ignore encore qui est à l'origine de cette inscription, une partie des commentateurs l'attribuaient aux «gilets jaunes» de manière claire ou sous-entendue. À commencer par Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement: «L'antisémitisme le plus crasse dans les rues de la ville lumière. En 24h donc: incendie contre le domicile Richard Ferrand, attaque contre l'Assemblée nationale et actes antisémites», a-t-il écrit sur Twitter.

Le président de la Licra l'a affirmé sans détour:

Idem pour l'Union des étudiants juifs de France (UEJF). «Cet acte XIII est dans la suite des précédents: attaques contre les institutions, actes antisémites... Jusqu'à quand?», a interrogé l'association. Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur, le nombre d'actes antisémites reste élevé en France: 311 faits commis à l'encontre de la communauté juive ont été recensés en 2017, dont 97 actions violentes.

En réaction, plusieurs internautes ont crié à la «fake news», arguant que le cortège des «gilets jaunes» n'était pas passé par la rue Jean du Bellay, où se trouve la boutique en question, et que le tag avait été inscrit dans la nuit de vendredi à samedi. «Le lien n'est pas avéré avec les gilets jaunes», réagit-on à la mairie de Paris. «Seule l'enquête permettra de le déterminer».


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    Et nos églises touts le mondes sans fou aux gourvernement on va pas en parlé pendant 2 à 3 jours toutes la journée (normal )

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