Publicité

Berlinale 2019: l'Ours d'or attribué à Nadav Lapid, François Ozon récompensé pour Grâce à Dieu

«Synonymes», sacré Ours d'Ors, s'inspire de la jeunesse de son réalisateur, Nadav Lapid, à Paris dans les années 2000. AFP / AFP

La manifestation allemande a sacré le réalisateur israélien pour son long-métrage abordant les tiraillements politiques et sociétaux de l'État hébreu. Le cinéaste français, lui, a décroché le Grand prix du jury avec son film basé sur l'histoire vraie de trois victimes de pédophilie dans l'Église catholique.

Le festival du film de Berlin, l'un des plus importants en Europe avec Cannes et Venise, a couronné samedi un film israélien qui aborde sans concessions les tiraillements politiques et sociétaux qui traversent l'État hébreu. Il a aussi décerné une récompense au film du réalisateur français François Ozon, Grâce à Dieu, sur les scandales de pédophilie dans l'Église catholique, une production qui n'est même pas encore certaine de pouvoir sortir en salles comme prévu la semaine prochaine en France, en raison d'un litige judiciaire.

L'Ours d'or a été décerné à Synonymes de l'Israélien Nadav Lapid, dont le personnage principal est un jeune qui s'expatrie en France et refuse de parler hébreu. «Synonymes est un film qui pourrait être considéré comme un scandale en Israël», a déclaré Nadav Lapid en recevant son prix à Berlin, le premier attribué à un réalisateur israélien. «Le film aborde le problème de l'âme collective israélienne» contemporaine qui «est incarnée par un mélange d'hommes forts, violents et fidèles à leur pays, sans ressentir de doutes, sans réserve», a dit le metteur en scène, dans une allusion à la montée en puissance du sentiment nationaliste dans son pays.

« Synonymes aborde le problème de l'âme collective israélienne (...) incarnée par un mélange d'hommes forts, violents et fidèles à leur pays, sans ressentir de doutes, sans réserve »

Nadav Lapid à la Berlinale

Questionnement sur la difficulté d'être Israélien mais aussi sur l'identité en général, Synonymes est inspiré de la vie du cinéaste à Paris au début des années 2000. Son personnage, incarné par Tom Mercier, décide de rejeter sa culture et sa langue, d'apprendre le français dans un dictionnaire et de se faire adopter par la France, avant d'en découvrir aussi des aspects moins plaisants.

Censure

François Ozon a reçu le Grand prix du jury de la Berlinale pour son film «Grâce à Dieu». ODD ANDERSEN/AFP

Autre film distingué à Berlin, Grâce à Dieu raconte l'histoire vraie de trois victimes dans le scandale Barbarin, du nom du cardinal de Lyon jugé dans cette affaire, soupçonné d'avoir couvert des abus sexuels présumés commis par un prêtre français, le père Preynat. «C'est un film qui essaie de briser le silence de l'Église catholique en France», a dit le réalisateur François Ozon. «Il s'agit d'une histoire vraie et il y a de grandes résistances en France».

Festival du film de Berlin : le film sur la pédophilie dans l'Église de François Ozon sacré - Regarder sur Figaro Live

Une allusion au bras de fer qui l'oppose à la défense de Bernard Preynat, qui a demandé un report de la sortie du film. La justice doit dire la semaine prochaine si le film peut sortir mercredi ou pas. Si la projection devait être suspendue jusqu'à l'issue du procès du père Preynat à la fin de l'année ou en 2020, «ce serait une sorte de censure», a dit le réalisateur.

Les acteurs chinois Yong Mei (gauche) et Wang Jingchun (droite) ont reçu le prix d'interprétation masculine et féminine. HANNIBAL HANSCHKE/REUTERS

La Chine a été aussi mise à l'honneur à la Berlinale. Les prix d'interprétation sont revenus aux deux acteurs du film chinois So Long, My Son de Wang Xiaoshuai (Beijing Bicycle), long métrage sur l'impact de la politique de l'enfant unique dans le pays. La Chinoise Yong Mei et le Chinois Wang Jingchun y incarnent un couple marqué par la perte d'un enfant, dont le film raconte l'histoire sur trois décennies après la Révolution culturelle, des années 1980 aux années 2010.

La présidente du jury, l'actrice française Juliette Binoche, a «regretté», au nom du jury, qu'un autre film chinois, One Second du vétéran Zhang Yimou - Ours d'or à Berlin en 1988 pour Le Sorgho Rouge - ait été retiré au dernier moment de la compétition, officiellement pour des «raisons techniques», mais officieusement en raison de la censure dans son pays. «Nous avons besoin d'artistes qui donnent du sens à l'Histoire», a-t-elle ajouté.

Le prix du scénario a lui été décerné à l'italien Piranhas de Claudio Giovannesi, sur les gangs de jeunes à Naples. L'écrivain anti-mafia Roberto Saviano, qui a co-écrit ce film, tiré d'un de ses livres, a dédié ce prix aux «ONG qui sauvent des vies en Méditerranée». «Dire la vérité dans notre pays est devenu très complexe, donc merci», a-t-il ajouté.

Un hommage a été rendu au début de la cérémonie à l'acteur suisse Bruno Ganz, mort samedi à 77 ans à Zürich, connu notamment pour son rôle d'ange dans le film «Les Ailes du désir» de Wim Wenders en 1987.

● Palmarès de la 69e Berlinale:

Ours d'or - Synonymes, de Nadav Lapid

Grand prix du jury - Grâce à Dieu, de François Ozon

Ours d'argent du meilleur réalisateur - Angela Schanelec, I Was at Home, But

Ours d'argent du meilleur acteur - Wang Jingchun, So Long, My Son

Ours d'argent de la meilleure actrice - Yong Mei, So Long, My Son

Ours d'argent du meilleur scénario - Maurizio Braucci, Claudio Giovannesi et Roberto Saviano, La paranza dei bambini

Ours d'argent de la meilleure contribution artistique - Rasmus Videbæk, Out Stealing Horses, de Hans Petter Moland

Prix Alfred-Bauer - Systemsprenger, Nora Fingscheidt

Meilleur premier film - Oray, Mehmet Akif Büyükatalay

Berlinale 2019: l'Ours d'or attribué à Nadav Lapid, François Ozon récompensé pour Grâce à Dieu

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
22 commentaires
    À lire aussi