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La France dit non à l'antisémitisme

Politiques, représentants des cultes ou anonymes, des milliers de personnes se sont rassemblées contre l'antisémitisme mardi soir, place de la République, à Paris. Vincent Boisot pour le Figaro

Après la profanation du cimetière juif de Quatzenheim, en Alsace, anonymes et politiques se sont rassemblés mardi en grand nombre, partout dans le pays, pour protester contre la recrudescence des actes antisémites.

La place de la République a retrouvé ses couleurs tricolores. Ceints de leur écharpe bleu-blanc-rouge, des centaines d'élus de tous bords entonnent une Marseillaise avec le chanteur Abd Al Malik, à la tribune. Nicolas Sarkozy est venu demander «une fermeté extrême» face à la recrudescence des actes antisémites (+74% en 2018).

Son successeur, François Hollande, exprime son «indignation». «Ça suffit les croix gammées, les insultes! On a besoin d'actes», a insisté un peu plus tôt le président du parti Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez, avant de se ranger parmi les élus, silencieux. Le premier ministre Édouard Philippe est arrivé avec ses ministres. «Vive la France unie et débarrassée de toutes ses peurs!», lance une voix au micro, avant que des collégiens récitent des poèmes devant la foule.

Politiques, représentants des cultes ou anonymes, quelque 20.000 personnes se sont rassemblées mardi soir, au pied de la colossale Marianne de bronze, à Paris, comme dans une soixantaine de villes françaises. De Marseille, où le député La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a dénoncé «les actes racistes et antisémites», jusqu'à Saint-Denis de la Réunion. Arborant parfois des pancartes «Ça suffit!», ces Français répondaient à l'appel de 54 formations - 22 partis politiques et 32 associations et syndicats -, lancé à l'initiative du Parti socialiste (PS). Avec un mot d'ordre: «Non, l'antisémitisme, ce n'est pas la France!».

Des milliers de personnes manifestent contre l'antisémitisme à Paris - Regarder sur Figaro Live

«Un sursaut républicain»

Durant de longues minutes de silence, des représentants des cultes se recueillent. Juifs, catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, bouddhistes, ils ont appelé, dans une déclaration commune rendue publique un peu plus tôt, à «une ambition, à la fois civique, spirituelle et humaniste, de partager et poursuivre, ensemble, notre destin commun». «C'est un sursaut républicain», salue le grand rabbin Haïm Korsia, avec qui le numéro un du PS, Olivier Faure, en première ligne du rassemblement, a discuté avant de lancer son appel à la mobilisation.

«Enfin un rassemblement organisé par les représentants de la nation, et non par les institutions communautaires juives!, se félicite Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA). J'aimerais aussi attirer l'attention des partis de gauche sur le fait que leurs actions de soutien aux organisations propalestiniennes incitent à la haine d'Israël, qui elle-même pousse à l'acte anti-Juifs». Pour témoigner d'«un soutien sans faille à la communauté juive», Mgr Thibault Verny, évêque auxiliaire de Paris, et Mgr Olivier Ribadeau Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF) ont souhaité se joindre à la manifestation parisienne.

« On sait venir tous les samedis pour revendiquer, il faut aussi manifester contre l'antisémitisme pour que les Français ne fassent pas d'amalgames »

Karim, électricien et « Gilet jaune »

Alors que certains responsables politiques dénoncent la présence d'antisémites dans le mouvement des «Gilets jaunes», plusieurs d'entre eux ont tenu à répondre à l'appel. «Pas en mon nom!, a écrit Karim, électricien, sur son gilet. On sait venir tous les samedis pour revendiquer, il faut aussi manifester contre l'antisémitisme pour que les Français ne fassent pas d'amalgames». «Mais où ils sont tous vos copains?», l'interpelle un manifestant.

Cible, samedi, de virulentes insultes antisémites, le philosophe Alain Finkielkraut a préféré ne pas s'exposer. Jean, retraité, est justement venu «pour rendre hommage» à «cette vraie conscience éclairée»: «Je ne suis pas juif, dit-il, mais aujourd'hui je suis juif par la pensée. C'est nous tous qu'on atteint!».

Le 28 mars 2018, des milliers de personnes avaient défilé dans une «marche blanche» en mémoire de Mireille Knoll, octogénaire juive assassinée. Onze mois plus tard, les mêmes slogans retentissent: «Juifs attaqués, République en danger!». Parce que «rien ne s'est passé depuis», Serge est «venu à reculons»: «on ne sait pas trop ce qu'il peut bien arriver pour que les gens prennent conscience des drames humains et culturels qui se déroulent aujourd'hui», soupire-t-il.

Exclue par le PS de la liste des signataires de l'appel à la mobilisation, Marine Le Pen ne s'est pas mêlée à la foule. La présidente du Rassemblement national (RN) a préféré adresser, mardi, «sa sympathie» à Alain Finkielkraut, dans une lettre ouverte où elle dénonce «l'islamo-fascisme», et se recueillir à Bagneux (Hauts-de-Seine) devant une plaque en hommage à Ilan Halimi, jeune juif séquestré et torturé à mort en 2006.

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514 commentaires
  • Calimérette

    le

    Et les églises profanées ces dernières semaines qui en parle ?
    Comprend pas pourquoi on a modéré ce post

  • TOCATA Jean

    le

    De bien belles déclarations d’intention.
    Mais dans la réalité judiciaire, combien d’auteurs d’actes antisémites sont condamnés à des peines vraiment dissuasives ?

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