ALLEMAGNEIndignation après des insultes antisémites lors d'un match de football

Allemagne: Indignation après des insultes antisémites lors d'un match de football

ALLEMAGNELa police berlinoise a ouvert une enquête pour « incitation à la haine »
Le joueur israélien Almog Cohen, capitaine de l'équipe
d’Ingolstadt, à Augsburg le 5 avril 2017.
Le joueur israélien Almog Cohen, capitaine de l'équipe d’Ingolstadt, à Augsburg le 5 avril 2017. - CHINE NOUVELLE/SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L’Etat hébreu a exprimé dimanche son indignation après des insultes visant un joueur israélien en Allemagne lors d’un match de football, relançant le débat autour de la recrudescence de l’antisémitisme dans le pays et en Europe. « Nous sommes choqués par le tweet antisémite visant Almog Cohen et attendons des autorités allemandes qu’elles agissent avec fermeté contre son auteur », a déclaré un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon.

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Les faits se sont déroulés vendredi soir en marge d’une rencontre à Berlin du championnat allemand de 2ème division entre un club local, Union Berlin, et celui d’Ingolstadt, dont le capitaine, Almog Cohen, est un joueur israélien de 30 ans. Ce dernier a été expulsé de la rencontre en deuxième mi-temps. Dans la foulée, un internaute se présentant comme un supporteur du club berlinois a posté sur Twitter un message antisémite haineux, appelant entre autres insanités le joueur à « partir en chambre à gaz ». La police berlinoise a décidé d’ouvrir dimanche une enquête pour « incitation à la haine ».

Un incident « alarmant » car en aucun cas unique en son genre

L’un des responsables du Comité international Auschwitz, Christoph Heubner, a parlé d’un incident « alarmant » car en aucun cas unique en son genre, dans un contexte de recrudescence de l’antisémitisme en Europe notamment. Le club Union Berlin, bien placé pour accéder à la première division du championnat d’Allemagne la saison prochaine et qui a été souvent confronté dans le passé à des incidents racistes avec une partie de ses supporters, a aussi condamné les insultes antisémites « répugnantes ».

« J’ai honte de ce type de supporteurs d’Union Berlin, nous allons tout faire pour les isoler et intenter des poursuites à leur encontre », a indiqué le président du club Dirk Zingler, dans un communiqué. Le joueur israélien a, lui, répondu aux insultes sur son compte Twitter en soulignant être « fier d’être juif » et des valeurs qui lui ont été transmises. L’affaire préoccupe aussi la Fédération allemande de football. Son vice-président Rainer Koch a dénoncé un « tweet ignoble » et demandé que tout soit fait pour en retracer l’origine.

Hommage à un ancien responsable connu pour ses sympathies avec les néonazis

Les autorités du football en Allemagne doivent régulièrement gérer les débordements de mouvements de supporteurs ultras, proches de l’extrême droite. Cette dernière a été à l’origine de diverses manifestations à la fin de l’année dernière pour protester contre les migrants, notamment à Chemnitz, en marge desquelles des agressions antisémites ont aussi été signalées.

A Chemnitz justement, une polémique a éclaté dimanche au sujet du club de football local. Le FC Chemnitz a autorisé lors d’un match de championnat régional qu’un hommage soit rendu dans le stade à un ancien responsable de la sécurité du club récemment décédé et connu pour ses sympathies avec les néonazis et les hooligans.

Il avait créé dans les années 1990 une organisation baptisée « HooNaRa » pour « Hooligans-Nazis-Racistes ». Lors de l’hommage, un drapeau avec une croix noire a été déroulé, selon la chaîne locale MDR. Conséquence : l’un des dirigeants du club de Chemnitz, Thomas Uhlig, a annoncé dimanche sa démission en endossant la « responsabilité » des faits. Et le club a infligé une amende à son gardien de but, qui avait brandi lors de l’hommage un T-shirt portant un symbole prisé de la mouvance néonazie.

« Cela me remplit de honte et de douleur »

De manière générale, les actes antisémites en Allemagne ont augmenté l’an dernier de 10 % par rapport à l’année précédente, et les seules agressions physiques ont doublé avec 62 cas rapportés contre 37 en 2017, selon les chiffres du gouvernement.

La plupart des agressions ont été commises par des sympathisants de l’extrême droite, même si le gouvernement s’inquiète aussi d’une montée de l’antisémitisme issue de certains migrants venant de pays arabes.

Dimanche, le chef de l’Etat allemand Frank-Walter Steinmeier a fait part de sa « grande préoccupation » face à la propagation de l’antisémitisme dans son pays, pourtant à l’origine de l’extermination des Juifs d’Europe durant les années 1940. « Cela me remplit de honte et de douleur », a-t-il dit, en estimant que l’antisémitisme redevenait « présentable » dans la société allemande y compris en dehors des milieux radicaux habituels.

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