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En Israël, la folle bataille des clips de campagne avant les législatives

Affiches électorales dans la banlieue de Tel Aviv, le 17 mars. JACK GUEZ/AFP

VIDÉOS - Créativité, ironie, provocation ou mauvais goût: la guerre des images bat son plein sur les réseaux sociaux, avant même l'ouverture de la campagne officielle des législatives qui se tiendront le 9 avril.

Correspondant à Jérusalem

Les candidats aux législatives israéliennes du 9 avril n'ont pas attendu l'ouverture de la campagne officielle sur les écrans de télévision pour rivaliser à coups de clips chics ou chocs. La guerre des images bat son plein sur Twitter, Facebook et Instagram. En quête de buzz, les partis sortent des chemins balisés de la communication politique classique pour s'aventurer sur les sentiers parfois glissants de la créativité, de l'ironie et de la provocation.

Ce jeudi de pourim, une fête juive marquée par des manifestations carnavalesques, Benyamin Nétanyahou se déguise en Nétanyahou pour se rendre à une soirée costumée. Il tente désespérément de convaincre son hôte en tenue d'astronaute qu'il est bien le premier ministre en démolissant ses rivaux, Benny Gantz et Yaïr Lapid. Puis sonne à la porte le duo du parti «Bleu et Blanc». Ils sont grimés en Nétanyahou. «Il est temps de tomber les masques et de dire la vérité: ils sont une gauche faible, nous sommes une droite forte» lance le chef du gouvernement.

Depuis le début de sa course à sa réélection, Benyamin Nétanyahou mise sur les réseaux sociaux. Le premier ministre, qui se méfie des médias traditionnels qu'il juge hostiles à sa personne, privilégie ce mode de propagande sur les autres. Il martèle ses slogans avec des scénarios souvent décalés, mais ses communicants n'hésitent pas à sortir l'artillerie lourde au risque de dérapages. L'un des clips du Likoud, son parti, consacré à l'ascendant supposé du premier ministre sur ses adversaires en matière de sécurité a été retiré. Il exploitait des plans de tombes de victimes d'attentats. Benyamin Nétanyahou l'a qualifié d'«erreur».

Ayelet Shaked, ministre de la Justice, a cartonné avec son parfum baptisé en anglais «FASCISM».

C'est le clip vedette de la campagne. Ses concepteurs se sont inspirés des codes de la publicité pour les produits de luxe pour mettre en avant la silhouette avantageuse de l'égérie de la Nouvelle Droite. Noir et blanc, ralentis, clair-obscur, air de piano. Ayelet Shaked vante dans une élégante vidéo une nouvelle fragrance. Elle a pour nom «FASCISM». Une voix off résume son programme: «réforme judiciaire», «séparation des pouvoirs», «contrôle de la Cour suprême». Elle s'empare du flacon, s'asperge de «FASCISM» et fait la moue. «Pour moi, c'est plutôt le parfum de la démocratie!» dit l'ambitieuse étoile montante de la classe politique.

Une façon de répondre à ses détracteurs qui l'accuse de vouloir mettre la justice au pas et de saper les principes de l'État de droit. Une façon aussi de relancer la campagne de son parti d'ultradroite aux positions radicales sur la question des colonies juives en Cisjordanie qui ne décolle pas dans les sondages.

La polémique a immédiatement enflé. Certains ont vu le message visuel volontiers provocateur, celui d'une femme stéréotypée s'aspergeant d'effluves de «fascisme». D'autres ont entendu qu'elle cherchait à ridiculiser la gauche et le centre qui lui reprochent de vouloir détruire les fondements juridiques de la société israélienne. Si l'objectif était de cliver tout en soignant sa notoriété, il est parfaitement atteint.

Scandale et humour involontaire

Dans le camp adverse, Benny Gantz, le principal rival de Benyamin Nétanyahou a démarré sa campagne, il y a deux mois, sur les chapeaux de roues avec des images de Gaza dévasté. L'ex-chef d'état-major de Tsahal s'est vanté d'avoir durant la guerre de 2014 procédé à des assassinats ciblés de chefs du Hamas, tué 1364 terroristes et ramené Gaza à «l'âge de pierre». Son slogan: «Seuls, les forts gagnent!».

Des voix se sont alors élevées pour rappeler que l'opération «Bordure protectrice» menée durant l'été 2014 s'était également soldée par la mort de 546 mineurs tués pour la plupart dans des bombardements.

Le député Oren Hazan, qui se présente sous les couleurs du parti Tzomet, a lui fait scandale en abattant virtuellement un de ses collègues de la Knesset, le Parlement. Rejouant une scène du «Bon, la brute et le truand», le film de Sergio Leone, il flingue du fond de sa baignoire le député arabe Jamal Zahalka de plusieurs balles dans la peau. Motif invoqué: le «traître» refuse de chanter l'hymne israélien. Le député arabe a indiqué qu'il porterait plainte pour incitation au meurtre et a appelé au retrait du «spaghetti western», ce qui n'est pas le cas.

Enfin, dans la catégorie humour involontaire, Avi Dichter, le député du Likoud et ancien dirigeant du Shin Beth, se détache. Dans un mauvais remake de «Fauda», la série à succès de Netflix sur les infiltrés, ces agents israéliens opérant en territoire palestinien, il se met en scène accoutré en arabe dans le bureau d'un sosie de Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne. Ce dernier lui explique qu'il paye des jeunes pour qu'ils deviennent terroristes. Théâtral, Avi Dichter se lève, arrache sa moustache, retire son keffieh et dénonce le leader palestinien tétanisé par tant d'audace.

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14 commentaires
  • IAMA

    le

    De tous les articles, et il y en avait, que vous avez publie ces derniers jours sur Israel, seul reste celui sur la politique interieure du pays ... qui est le plus vieux de tous. Par contre ceux qui ont trait aux attaques de Hamas.... disparaissent tres tres tres vite. Allez comprendre!

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