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Caricature antisémite du New-York Times: quand les donneurs de leçons se font rappeler à l’ordre

JOEL SAGET/AFP

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Une caricature antisémite a récemment été publiée dans le New-York Times. Pour Gilles-William Goldnadel, elle s’inscrit dans le contexte du nouvel antisémitisme de l’extrême-gauche. Pour autant, il refuse tout amalgame entre ce dessin et le récent attentat contre une synagogue à San Diego.


Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Toutes les semaines, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Son dernier ouvrage, Névroses Médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée, est paru chez Plon.


Deux événements, sans lien, sont survenus en cette période de la Pâque juive aux États-Unis. Le premier concerne une caricature publiée dans l’édition internationale du New York Times. Elle représente le premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahu figuré en chien tirant en laisse un président Trump aveugle et coiffé de la calotte judaïque réglementaire. À la suite d’un torrent de protestations, la direction du grand quotidien libéral a reconnu que sa caricature reprenait les clichés antisémites d’usage et a présenté ses regrets.

Mais il est difficile pour autant, pour un observateur qui scrute depuis longtemps les relations judéo-americaines, de passer cet incident en pures pertes et profits. Pour différentes raisons qui se conjuguent dangereusement. Mais un mot tout d’abord sur la caricature. En dépit de l’amende honorable versée sans barguigner par le journal lui-même, certains esprits forts discutent l’aspect antisémite du dessin incriminé. J’ai cru remarquer qu’il s’agissait souvent d’antiracistes de gauche vétilleux qui sourcillent dès lors que, par exemple, on ne partage pas avec eux extatiquement le même enthousiasme pour le phénomène migratoire massif et souvent illégal. Au demeurant, le New York Times lui-même n’est pas le dernier à se proposer pour donner à autrui des leçons d’antiracisme qu’il n’a pas réclamées. Nous mettrons bien évidemment leurs contestations sur le compte de leur ignorance de l’histoire de l’antisémitisme plutôt que sur celui d’une improbable mauvaise foi.

L’animalisation du Juif est un grand classique.

Tout d’abord, l’animalisation du Juif est un grand classique.

Mais au-delà même de cet antisémitisme de facture assez classique, ce méchant dessin s’insère dans un contexte contemporain anglo-saxon de gauche fort dégradé. Il convient de comprendre que parallèlement à un conflit interne au parti travailliste britannique qui reproche, preuves à l’appui, à Jérémy Corbyn un antisémitisme caricatural (lui-même ayant reconnu un problème au sein du Labour), le parti Démocrate américain est déchiré.

En cause, de nouvelles représentantes d’origine islamique ou immigrée qui multiplient les dérapages. La plus emblématique étant pour l’heure ilhan Omar, d’origine somalienne, qui enchaînent en spirales les provocations suivies d’excuses. L’un de ses griefs consistant notamment à reprocher aux politiciens juifs une double et déloyale allégeance en faveur de l’état Juif. Les réactions de l’appareil démocrate ordinairement antiraciste, se caractérisant ici par une manière de déploration paternaliste.

C’est donc bien dans ce cadre général et particulier qu’il convenait d’analyser pourquoi cette caricature tombait mal, pour le journal libéral comme pour la gauche américaine en proie à ses nouveaux vieux démons, comme pour les juifs américains traditionnellement et majoritairement démocrates.

J’ai indiqué qu’il était également survenu aux États-Unis un autre événement. Autrement plus tragique celui-là qu’un vilain dessin. J’évoquais ce faisant l’attentat commis contre une synagogue de San Diego en Californie (un mort et plusieurs blessés). Triste ironie, parmi les victimes à déplorer, se trouve une fillette qui avait fui la ville israélienne de Sderot pour échapper aux missiles du Hamas... Le terroriste avait déclaré détester Trump et Israël.

N’appartenant certainement pas à la gauche antiraciste, je puis non seulement le clamer mais encore sincèrement le démontrer : pas d’amalgame raciste ou intellectuel !

J’ai commencé mon article en indiquant que les deux événements étaient sans lien aucun. Mais si j’avais utilisé la méthode de l’amalgame que la gauche antiraciste utilise continuellement tout en la réprouvant constamment, j’aurais du lier les deux actes et me demander lourdement si l’auteur du second n’avait pas lu le New York Times. Je rappelle en effet que d’aucunes belles âmes, y compris en France, n’ont pas hésité au lendemain de l’odieux attentat anti-musulman de Christchurch a en faire porter directement la responsabilité sur certains intellectuels français hostiles à l’immigration de masse mais aussi à la violence.

N’appartenant certainement pas à la gauche antiraciste, je puis non seulement le clamer mais encore sincèrement le démontrer: pas d’amalgame raciste ou intellectuel!

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90 commentaires
  • Cosi_Fan_Tutte

    le

    Personnellement, quand j'entends Goldnadel aux Grandes Gueules de RMC (ce monument radiophonique de finesse et d'empathie auquel il est si bien intégré !) je pense à Finkelkraut presque avec tendresse ! Ce cher Finkie trouve d'ailleurs nettement excessif l'amour inconditionnel de Goldnadel pour Netanyahu.

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