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Israël: la Knesset dissoute, de nouvelles élections prévues en septembre

Benjamin Nétanyahou pendant le vote sur la dissolution de la Knesset le 29 mai 2019. MENAHEM KAHANA/AFP

Le premier ministre Benjamin Nétanyhahou avait jusqu’à ce mercredi soir pour former une coalition de gouvernement et éviter de nouvelles élections législatives, une première dans l’histoire du pays.

Le Parlement israélien a voté pour sa propre dissolution mercredi soir moins de deux mois après avoir été élu, et les électeurs seront à nouveau appelés aux urnes le 17 septembre, scénario inédit dans l’histoire du pays.

À l’issue d’un psychodrame qui s’est prolongé jusqu’après minuit dans une tension grandissante, le Parlement, la Knesset, a voté de nouvelles élections en deuxième et troisième lectures par 74 voix pour et 45 contre, à l’instigation du Likoud du premier ministre Benjamin Nétanyahou. C’est pourtant un échec pour ce dernier, au pouvoir sans discontinuer depuis 1999 et plus de 13 ans au total en comptant un premier mandat. L’avenir de cette figure dominante au point d’en paraître imbattable, mais aujourd’hui menacée d’inculpation pour corruption, devrait à nouveau se trouver au coeur de la prochaine campagne.

Ce développement sans précédent résulte de l’incapacité de Benjamin Nétanyahou à former une coalition de gouvernement avec les partis de droite arrivés en tête des législatives du 9 avril. Le premier ministre de 69 ans a préféré provoquer de nouvelles élections que de voir le président Reuven Rivlin donner à un autre que lui sa chance de rassembler une majorité de gouvernement avec la Knesset existante. Pour ses adversaires, il aurait pu se désister, mais n’est préoccupé que de sa survie politique. Il s’accroche à son poste pour faire voter des lois le protégeant des poursuites, accusent-ils.

L’annonce de nouvelles élections a des répercussions bien au-delà d’Israël. Elle soulève la question de la présentation par l’administration Trump de son plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien, attendu depuis des mois. Donald Trump, qui a multiplié les faveurs envers Israël et Benjamin Nétanyahou depuis son accession à la présidence, s’était invité lundi dans la crise israélienne en apportant son soutien au premier ministre sortant. Et le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, est arrivé à Jérusalem mercredi soir, en pleins remous intérieurs, pour discuter de l’initiative diplomatique dont il est le cerveau.

L’exemption de service militaire au centre des critiques

Le premier ministre israélien avait jusqu’à minuit (21H00 GMT) pour fédérer en une coalition de gouvernement la majorité théorique de 65 sièges née des élections d’avril. Parmi eux: les cinq mandats parlementaires du parti laïc et nationaliste Israël Beiteinou et les 16 des deux partis ultra-orthodoxes représentant les quelque 10% d’Israéliens observant rigoureusement les règles du judaïsme. Benjamin Nétanyahou, le maître stratège qui triomphait dans la nuit du 9 avril, n’a pas réussi à surmonter le vieil antagonisme entre laïcs nationalistes et ultra-orthodoxes, autour d’un sujet social qui résiste au temps: l’exemption de service militaire dont bénéficient des dizaines de milliers d’étudiants des écoles talmudiques. Dans un pays où tous, sauf exception, sont soumis à la conscription, ce régime de faveur est perçu par beaucoup comme une injustice.

Sur ce sujet, Benjamin Nétanyahou s’est heurté à un mur en la personne d’Avigdor Lieberman, chef d’Israël Beiteinou, personnalité éminente chez les centaines de milliers d’Israéliens originaires de l’ex-URSS, qui dirigea le bureau du premier ministre Nétanyahou en 1996-97 et était encore son ministre de la Défense en 2018. Avigdor Lieberman n’en a pas démordu: il ne participerait au gouvernement que contre l’engagement que serait votée, telle qu’il l’avait proposée quand il était à la Défense, une loi annulant l’exemption systématique des ultra-orthodoxes. «Question de principe» et refus de participer à un gouvernement sous la coupe de la loi juive, n’a-t-il cessé de répéter.

Benjamin Nétanyahou avait tenté une proposition de dernière minute pour résoudre le casse-tête. En vain. Tout le monde s’est rejeté la faute de ce fiasco. «Incroyable, kafkaïen», s’est étranglé Benjamin Nétanyahou. «Lieberman n’avait aucune intention de parvenir à un accord, il voulait juste faire tomber le gouvernement. Lieberman appartient désormais à la gauche», a-t-il martelé. «On s’est servi de manière cynique de la loi sur la conscription pour semer la confusion dans l’esprit du public, inciter à la haine contre les ultra-orthodoxes et marquer des points», s’est indigné le leader ultra-orthodoxe Yaakov Litzman. «Le seul responsable du fait qu’Israël doive revoter, c’est le Likoud», a répondu Avigdor Lieberman sur Facebook après le vote.

Des voix s’élèvent pour dénoncer le gâchis d’argent et d’énergie politique que constitueraient de nouvelles élections. Un représentant du ministère des Finances cité dans la presse a évoqué une somme d’au moins 475 millions de shekels (117 millions d’euros) pour la dissolution et le scrutin. S’y ajouterait le manque à gagner considérable infligé par la perte d’une journée de travail -on ne travaille pas les jours de vote en Israël. Benjamin Netanyahu est menacé d’inculpation dans trois affaires de corruption. Il clame son innocence et dénonce une «chasse aux sorcières».

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26 commentaires
  • génius

    le

    Bibi à la CPI

  • Pierre93

    le

    C'est un peu plus compliqué que cela, un point important est que Lieberman est pour un état Juif mais pas pour un état dirigé par les religieux.

  • lulu008

    le

    Les ultra-orthodoxes, sont une plaie pour ce pays....Les Arabes ont juste à attendre que leur nombre augmente,et qu'ils prennent le pouvoir....

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