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Yuval Noah Harari reconnaît avoir amendé la version russe de son best-seller

La version russe alerte quand même sur «les dangers de la dictature, de la corruption, de l’homophobie et du nationalisme extrémiste», se défend-il. Albin Michel

Le dernier ouvrage de l’historien israélien varie selon qu’il a été publié aux États-Unis ou en Russie. L’auteur a expliqué avoir autorisé certains changements sans dénaturer le contenu essentiel du livre afin de «contourner le mur» de la censure.

Il critique Poutine aux États-Unis et Trump en Russie. Qui ciblerait-il en Chine? Dans son dernier livre, Yuval Noah Harari redirige ses reproches selon ce qui sied le mieux au pays dans lequel il est publié. Il a reconnu avoir validé certaines modifications pour éviter que 21 leçons pour le XXIe siècle ne soit censuré par les autorités russes. L’écrivain a en particulier remplacé un passage dénonçant les mensonges de Vladimir Poutine à propos de l’invasion russe en Crimée par une condamnation des fake news prononcées par Donald Trump, comme l’a repéré Newsweek.

Dans la version américaine de son livre, on pouvait lire à propos de l’invasion russe en Crimée que «le gouvernement russe et le président Poutine en personne ont plusieurs fois démenti le fait que les troupes étaient russes et les ont décrites comme des “unités d’autodéfenses” spontanées». «Quand ils faisaient des déclarations aussi ridicules, Poutine et ses associés savaient parfaitement qu’ils mentaient», ajoute l’auteur.

Ces phrases ont été supprimées de l’édition russe. À la place, Harari utilise l’exemple du président Trump: «Selon le Washington Post, le président Trump a fait plus de 6000 fausses déclarations depuis le début de son mandat.» «Dans un discours prononcé le 28 mai 2018, sur 98 faits avancés par Trump, 76% étaient erronés, trompeurs ou sans fondement», poursuit-il.

«J’ai fait face à un dilemme»

Dans une interview accordée au quotidien israélien Haaretz , l’auteur de Sapiens explique avoir tenté de «contourner le mur» de la censure sans changer les arguments essentiels du livre. «On m’a prévenu qu’en raison de certains exemples, la censure russe n’autoriserait pas la distribution du livre. J’ai donc fait face à un dilemme. Soit je remplaçais ces quelques exemples avec d’autres et je publiais le livre en Russie, soit je ne changeais rien et je ne publiais rien», déclare-t-il.

L’historien israélien explique avoir choisi la première option car il lui semblait important que les idées de son livre pénètrent cette puissance majeure qu’est la Russie. Il rappelle qu’il ne cautionne pas la censure, sous quelque forme que ce soit, mais il doit faire avec. Et selon lui, le livre reste très critique du régime russe. «La traduction russe alerte quand même les lecteurs sur les dangers de la dictature, de la corruption, de l’homophobie et du nationalisme extrémiste», se défend-il.

D’autres modifications faites à son insu

Cependant, M. Harari dit ne pas avoir validé tous les changements opérés par les autorités russes. «J’ai appris qu’il pourrait y avoir eu d’autres changements non autorisés dans le texte, effectués sans que je sois au courant. Si c’est vrai, je m’oppose fermement à ces altérations non autorisées, et je ferai de mon mieux pour les corriger.»

Yuval Noah Harari reconnaît avoir amendé la version russe de son best-seller

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20 commentaires
  • fg001

    le

    Cela étant, ce qu'il écrit au sujet de ces 2 présidents est difficilement contestable.

  • Patrick varty 1968

    le

    Yuval Noah Harari l’historien israélien entre hypocrisie et mensonges. il fait varier les versions selon qu’il a été publié aux États-Unis ou en Russie. L’auteur a expliqué avoir autorisé certains changements sans dénaturer le contenu essentiel du livre. Il relaie des contre vérités sur Poutine aux États-Unis et fait de même sur Trump en Russie. Dans son dernier livre, Yuval Noah Harari redirige ses reproches selon ce qui sied le mieux au pays dans lequel il est publié. Il a reconnu avoir validé certaines modifications.

  • Matthias R.

    le

    Ce succès médiatique et économique par la suite s’explique par le désir des gens de lire de tels trucs et nullement par la qualité de réflexion de son auteur. Entre les deux guerres il y eut un certain Oswald Spengler qui connût un pareil succès avec « le déclin de l’Occident »

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