Israël soupçonné d'aider secrètement les Kurdes

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Le destin du Nord-Est de la Syrie pourrait ne pas tourner au profit de l'Iran. Les médias iraniens et libanais évoquent un programme supposé d'Israël qui aurait pour but d'entraîner et de former des combattants kurdes afin de contrer la politique de Téhéran.

Les experts n'excluent pas une alliance tactique d'Israël avec les forces combattant de l'autre côté de l'Euphrate, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta. 

La menace d'une offensive turque contre certaines communes de l'Est de la Syrie soulève la question de savoir dans quelle sphère d'influence politique se retrouveront ces régions riches en pétrole.

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Téhéran craint que les appels des États-Unis à participer au sort de la région de l'Euphrate à titre volontaire soient entendus par Israël. L'agence de presse iranienne Fars rapporte déjà que les renseignements israéliens entraînent depuis quelque temps des combattants du Kurdistan syrien. Selon leurs informations, leurs effectifs sont réduits mais ce programme a clairement des perspectives. Cette préparation est menée en coordination avec le Kurdistan irakien et se déroule manifestement sur le territoire de l’État hébreu, écrivent les Iraniens.

Pour sa part, le journal libanais Al Akhbar avance à titre de preuve des relations kurdo-israéliennes une lettre des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance antiterroriste essentiellement composées de groupes kurdes. Cette lettre, qui aurait été écrite par Ilham Ahmed, coprésidente du Conseil démocratique syrien, évoque la disposition à mettre en place la vente de pétrole brut produit dans le Nord-Est de la Syrie aux hommes d'affaires israéliens. En l'échange d'une aide. D'après cette lettre, les FDS sont prêtes à augmenter significativement la production.

Un Israélo-Américain dans le jeu?

Les Libanais parlent également de l'homme d'affaires américain d'origine israélienne Mordechai Kahana en tant qu'intermédiaire entre les deux parties. L'argument de la presse libanaise est le suivant: l'ONG Amalia de Mordechai Kahana a ouvert sa représentation dans la commune syrienne de Kamychli. L'homme d'affaires nie toute médiation.

«Le Rojava [État proclamé par les Kurdes au Nord-Est de la Syrie, ndlr] est ouvert aux contacts avec le monde extérieur et cherche à entretenir des relations avec différents acteurs régionaux et internationaux. L'un des critères de la coopération est la disposition à soutenir le projet initié par le Rojava visant à transformer le système de valeurs au Moyen-Orient. Cette démarche du jeune Rojava pourrait paraître trop audacieuse, mais ici, au Kurdistan syrien, on pense effectivement que sans corriger les erreurs du passé et rétablir la justice il sera impossible de surmonter la crise qui a submergé la région», a déclaré au quotidien Nezavissimaïa gazeta Farhat Patiev, membre du congrès national du Kurdistan.

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Ce dernier explique que la consolidation des forces régionales agissant de manière constructive est une nécessité pressante, et que leur coopération ne doit pas se limiter à un secteur à part.

«Il n'est pas question d'un choix entre tel ou tel acteur, mais de la disposition à travailler ensemble au profit des peuples d'une région aussi complexe et controversée», affirme le représentant du congrès.

Israël et Kurdes syriens 

Les experts supposent que le thème d'Israël et des Kurdes syriens est en grande partie spéculatif.

«Mais cela ne signifie pas que la coopération n'existe pas: les renseignements israéliens agissent dans la région de manière pragmatique. Dans un premier lieu, Israël collabore avec les Kurdes irakiens sur le plan militaro-politique (la coopération économique est un thème à part). Depuis les événements autour de Kirkouk, leur coopération vise surtout à contenir les troupes pro-iraniennes des Hachd al-Chaabi [coalition paramilitaire de milices chiites, ndlr]. Ce thème pourrait relier Israël aux Kurdes syriens ou aux tribus de la région de l'Euphrate, mais seulement au niveau tactique, en termes de contacts avec certains représentants», a déclaré Anton Mardassov, expert du Conseil russe pour les affaires internationales.

L'expert souligne que, selon certaines informations, Israël, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis seraient en contact au niveau des services de renseignement afin de limiter l'influence de l'Iran et de la Turquie, et que pour cela ils seraient  prêts à coopérer avec Damas.

«En ce qui concerne l'intérêt économique, si le commerce entre Israël et les FDS a lieu c'est au niveau des opérateurs, ce qu'il est difficile d'appeler une coopération», conclut Anton Mardassov.

Israël entretient des contacts avec les Kurdes irakiens depuis assez longtemps. Depuis l'invasion américaine en Irak sont apparus les premiers signes indiquant que les anciens collaborateurs des structures de forces israéliennes entraînent et forment les combattants du Kurdistan irakien, qui a obtenu un statut autonome dans le contexte de ces événements. Toutefois, on ignore encore dans quelle mesure les Israéliens sont prêts à coopérer avec les Kurdes syriens - au niveau des conseillers actuels, et non à la retraite.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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