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Yann Moix: le pardon de Bernard-Henri Lévy passe mal dans la revue du philosophe, La règle du jeu

Bernard-Henri Lévy (à gauche) «pardonne» Yann Moix (à droite) dans une tribune mise en ligne dimanche dernier dans «le Point». AFP / AFP

Une semaine après la découverte de textes et de dessins racistes et antisémites, l’affaire autour de l’auteur d’Orléans se poursuit. Sans surprise, le philosophe, qui a fait de l’écrivain son protégé, a pris sa défense dans une tribune mise en ligne sur le site du Point. Une position loin d’être partagée par les amis et proches du philosophe.

La tribune de Bernard-Henri Lévy, sortie dimanche 1er septembre, devait initialement être mise en ligne mercredi prochain mais le philosophe a préféré ne pas attendre. «Je crois au repentir. Je crois à la réparation, écrit-il. Quand un homme, tout homme et donc aussi un écrivain, donne les preuves de sa volonté de rédemption, quand il s’engage, avec probité, dans le corps à corps avec ses démons, je pense qu’il est juste de lui en donner acte, de lui tendre loyalement la main et, si on le peut, de l’accompagner» affirme le philosophe. Une position forte et franche en faveur de son protégé qu’il a épaulé depuis leur rencontre en 1993.

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«J’ai eu des explications musclées avec l’intéressé»

L’intellectuel avoue avoir eu connaissance il y a longtemps de l’existence ces dessins antisémites. Mais après s’être expliqué avec le Yann Moix de 20 ans, plutôt que de le condamner, BHL a préféré l’accompagner sur le chemin de la «rédemption». «J’ai eu des explications musclées avec l’intéressé qui me confirma la réalité de cette part d’ombre ; qui trouva des mots qui me parurent sincères pour dire la honte que, désormais, ces insanités lui inspiraient ; et que je vis, d’abord avec circonspection, puis, petit à petit, avec respect, s’engager dans une âpre, rude et longue aventure intérieure dont l’enjeu devait être de traiter le mal par le bien et de l’arracher, une bonne fois, à ses anciens penchants criminels», confie-t-il encore dans sa tribune.

« Le jeune homme qui a commis ces dessins il y a 30 ans n’était pas un jeune homme à qui j’aurais serré la main aujourd’hui ».

Yann Moix

C’est sur le plateau d’On n’est pas couché que l’auteur a décidé de prendre pour la première fois la parole publiquement depuis le début de cette affaire. «Je demande pardon à toutes les personnes, quelles qu’elles soient, celles de la communauté juive mais tous ceux qui se sentent respirer comme des humains, et non pas comme des bêtes, pour les dessins choquants, les bandes dessinées obscènes et dégradantes qu’elles ont pu voir. Le jeune homme qui a commis ces dessins il y a 30 ans n’était pas un jeune homme à qui j’aurais serré la main aujourd’hui», confie-t-il, très théâtral, sur le plateau de France 2.

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«Ni oubli, ni pardon»

Ce mea culpa n’a pas du tout convaincu Laurent D. Samama, romancier et membre du comité éditorial de la revue La règle du jeu, créée par BHL et où Yann Moix est un des contributeurs réguliers. Selon lui, l’écrivain controversé ne mérite «ni oubli, ni pardon»; a-t-il fait savoir à travers un tweet.

Une position partagée par de nombreux internautes qui n’ont pas été convaincus par les excuses de l’écrivain dans l’émission de Laurent Ruquier. Un pardon instrumentalisé et médiatisé pour les uns, manquant cruellement de sincérité pour les autres.

Des réactions violentes envers l’auteur qui n’a pas su convaincre le public de sa sincérité. Par la suite, Yann Moix a annoncé arrêter la promotion de son livre Orléans pour se mettre en retrait de la scène médiatique.

Dans Le Figaro , son éditeur chez Grasset, Jean-Paul Enthoven, émet lui-même des doutes quant à la sincérité de son auteur. «Il a fait des études talmudiques, a appris l’hébreu avec une ferveur que j’ai toujours trouvée suspecte. Pour moi, il a toujours été un fasciste non pas dans le sens politique mais dans son comportement, sa façon de ne pas venir aux rendez-vous, de traiter les femmes, une forme de brutalité. Sa seule impatience, c’est de disqualifier la personne en face. C’est notre petit Céline.» Avant de conclure: «Je l’ai beaucoup aimé, il est fou mais c’est l’écrivain le plus talentueux que j’aie publié.»

Yann Moix: le pardon de Bernard-Henri Lévy passe mal dans la revue du philosophe, La règle du jeu

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174 commentaires
  • Jeanne Domrémy

    le

    Les explications de Moix concernant son flirt poussé avec l'extrême-droite étaient loin d'être convaincantes. Mais je constate par ailleurs que cette controverse neutralise un récit familial dérangeant...

  • jordan88

    le

    Aussi inutiles l'un que l'autre.

  • benedetto dany

    le

    Deux belles têtes de vainqueur !

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