Publicité

Manifestation contre l’islamophobie: polémique autour de l’étoile jaune

Un autocollant suggérant l’analogie entre juifs sous les nazis et musulmans en France était distribué dimanche.

C’était dimanche, lors de la manifestation contre l’islamophobie, qui a réuni à Paris 13.500 personnes, parmi lesquelles l’ex-directeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) Marwan Muhammad, l’élu de Saint-Denis Madjid Messaoudene, la présidente de l’Unef à Paris-IV, portant le hidjab, et des politiques de gauche, de Jean-Luc Mélenchon (LFI) à Ian Brossat (PCF). Sur une photo diffusée sur les réseaux sociaux, la sénatrice (EELV) Esther Benbassa prend la pause, revêtue de l’écharpe tricolore, entourée de manifestants, dont une petite fille. Sur leur poitrine, un autocollant où figurent le croissant de l’islam et une étoile jaune où l’on peut lire «muslim». Un parallèle évident avec l’étoile que devaient porter les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Torrent de réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias. «Une aberration», a estimé lundi sur Franceinfo le grand rabbin de France. «Qu’une sénatrice de la République s’associe à une telle mise en scène est impardonnable, avait réagi dès dimanche la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), sur Facebook. Le poison du relativisme, c’est ça: comparer le sort des enfants juifs sous le nazisme et le régime de Vichy et le sort des enfants musulmans en 2019, en France.»

Du sénateur socialiste David Assouline au député européen (LR) François-Xavier Bellamy, en passant par Aurore Berger, députée (LREM) des Yvelines ou Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, nombreux sont les élus à avoir dénoncé l’indécence du symbole. «Qu’on laisse les enfants juifs morts tranquilles, assène Stéphane Nivet, délégué général de la Licra. C’est une instrumentalisation de la mémoire. Une fois de plus, l’idée est d’accréditer le fait qu’il existe un racisme d’État envers les musulmans.» Publiée le 1er novembre par Libération, la tribune appelant à la manifestation, signée par une cinquantaine de personnalités, parle de «dignité des musulmanes et des musulmans jetée en pâture» et de «projets ou lois liberticides». «Mais quelles sont ces lois liberticides? La loi de 1905 et celle 2004? L’objectif de ces manifestants est clairement de faire reculer la République sur le port des signes religieux à l’école», conclut Stéphane Nivet.

«Concurrence victimaire»

«Nous sommes en pleine concurrence victimaire», estime Iannis Roder, responsable des formations au Mémorial de la Shoah. Pour cet agrégé d’histoire, l’affaire relève soit d’«une instrumentalisation stupide», soit d’«une ignorance totale de l’histoire». «Le port de l’étoile jaune, obligatoire à partir de juin 1942, fait partie d’une série de mesures visant à exclure les Juifs de la société. La politique nazie les a marqués pour mieux les regrouper, les déporter et les assassiner en masse», rappelle-t-il, avant de s’interroger sur ce qu’a transmis l’école. «Ce qui semble rester, ce ne sont pas les faits politiques et historiques, mais juste la souffrance, déplore-t-il. Et l’on a abouti ainsi au fait que tout se vaut. Car une souffrance est une souffrance. Voici les dérives du devoir de mémoire», résume-t-il.

Ceux qui arborent cette étoile jaune ne connaissent pas l’histoire des Juifs en France

Tareq Oubrou, imam de Bordeaux

Mais, pour la sénatrice Esther Benbassa, «personne ne vole ici sa souffrance à personne». Elle explique qu’elle n’avait pas remarqué «ces insignes». Et, à l’instar de nombreux partisans du combat contre l’islamophobie, fait valoir que l’étoile en question, faite de cinq branches (celle portée par les Juifs en comptait six), est un des symboles de l’Islam. Peu convaincant. Sur BFM, la députée (LFI) Danièle Obono évoque «des enfants qui s’identifient à des victimes d’un crime de masse», avant de concéder, du bout des lèvres: «Ce n’est pas comparable, dans l’absolu.»

Pour l’imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, pas de tergiversation possible. Il s’agit bel et bien d’un «dérapage», qui «ne sied pas à cette manifestation qui dénonce l’exclusion». «Ceux qui arborent cette étoile jaune ne connaissent pas l’histoire des Juifs en France. On n’est pas dans les années 1930», explique l’auteur de l’ouvrage Appel à la réconciliation, publié en mai 2019.

Manifestation contre l’islamophobie: polémique autour de l’étoile jaune

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
94 commentaires
  • ISAL

    le

    Il faut appliquer les consignes !

  • strawberry

    le

    Ecoeurant ! Une honte .

  • Berengere Kissfey de la Bile

    le

    Comme toujours, l'islamisme rampant se joue de nous et nous outrage délibérément, aussitôt défendu a cor et a cri par le front islamo-gauchiste, fossoyeur des libertés et de la nation. pas de quoi se réjouir...

À lire aussi

Toulouse : un imam algérien condamné pour antisémitisme expulsé

Toulouse : un imam algérien condamné pour antisémitisme expulsé

Condamné pour la citation d’un «hadith» antisémite en 2018, le religieux, présent en France depuis 1985, se défendait d’une «interprétation décontextualisée» de ses propos. Il est arrivé en Algérie vendredi soir près un arrêté d’expulsion signé le 5 avril par le ministre Gérald Darmanin.

Regarder la vidéo