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L’idylle entre Donald Trump et Benyamin Nétanyahou en quatre actes

En mars, Donald Trump a signé en présence du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, un décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien. SAUL LOEB/AFP

L’Administration Trump a annoncé ce mardi qu’elle ne considérait plus comme illégales les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée.

C’est une rare constante dans la diplomatie de Donald Trump. Depuis sa prise de fonction en 2017, le président américain manifeste un soutien inconditionnel à Israël et à son premier ministre, Benyamin Nétanyahou. Dernier exemple en date: la décision de ne plus reconnaître les colonies israéliennes comme contraires au droit international. Celle-ci constitue un nouveau coup de canif à la tradition diplomatique américaine sur le sujet. «Je suis responsable de choses formidables pour Israël. Aucun président n’est proche d’en avoir fait autant que moi», s’est d’ailleurs vanté en août dernier le locataire de la Maison-Blanche. Non sans arrière-pensées électorales. «Selon moi, si vous votez pour un démocrate, vous êtes déloyal envers le peuple juif et très déloyal envers Israël», avait d’ailleurs ajouté l’intéressé.

Acte I. - L’enterrement d’une solution «à deux États»

Avant même le début de son mandat, le président a fait de la résolution du conflit israélo-palestinien une priorité affichée. La mission délicate est confiée dès janvier 2017 à l’un de ses plus proches collaborateurs, son gendre Jared Kushner, bien que celui-ci soit largement inexpérimenté sur les questions internationales. Le mois suivant, Benyamin Nétanyahou est l’un des premiers chefs d’États à recevoir les honneurs de la Maison-Blanche. À cette occasion, Donald Trump affiche rapidement la couleur. Le président annonce ainsi que Washington ne s’accroche plus à la solution «à deux États», à savoir la création d’un État palestinien qui coexisterait avec Israël. L’idylle se poursuit au mois de mai suivant quand le premier ministre lui rend l’invitation. Donald Trump devient le premier président américain en exercice à se recueillir devant le Mur des Lamentations, site le plus sacré du judaïsme.

Acte II. - Jérusalem, reconnue comme capitale d’Israël

En décembre 2017, le locataire offre cette fois une concession de taille à son ami israélien. Il reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël comme il s’y était engagé durant la présidentielle. Le transfert de l’ambassade américaine depuis Tel-Aviv sera effectif au mois de mai. La décision brise un consensus international sur le sujet et suscite l’ire des Palestiniens. Le statut de la ville sainte est l’un des problèmes les plus épineux du conflit. Les autorités palestiniennes souhaitent faire de Jérusalem-Est, occupée par Israël depuis 1967 puis annexée, la capitale de l’État auquel ils aspirent. Israël considère Jérusalem comme sa capitale «unifiée et indivisible». Dès lors, Le président palestinien, Mahmoud Abbas, estime que Washington ne peut plus jouer son rôle historique de médiateur avec les Israéliens. L’espoir d’un accord de paix s’éloigne.

Acte III. - La rupture du dialogue avec les Palestiniens

La rupture est consommée dans les mois suivants. Le ton monte dès janvier: «Les Palestiniens nous ont manqué de respect la semaine dernière en refusant de recevoir notre excellent vice-président», s’offusque Trump. Il assure au passage qu’il coupera net l’aide américaine si ces derniers ne reviennent pas à la table des négociations. Il met sa menace à exécution fin août. Washington stoppe le financement l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, une semaine après avoir supprimé plus de 200 millions de dollars d’aide aux Palestiniens. Le 10 septembre, les États-Unis ferment le bureau de représentation palestinienne à Washington, qui jouait le rôle d’ambassade. Le mois suivant, le secrétaire d’État, Mike Pompeo, annonce l’intégration du consulat général des États-Unis à Jérusalem, jusqu’alors au service des Palestiniens, au sein de la nouvelle ambassade.

Acte IV. - La souveraineté d’Israël reconnue dans le Golan

Une nouvelle décision controversée intervient en mars 2019. Donald Trump signe alors un décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien. Israël a conquis en 1967 une grande partie du plateau et l’a annexée en 1981, mais la communauté internationale n’a jamais reconnu cette annexion. Près 25.000 colons israéliens y sont installés. En guise de remerciement, Benyamin Nétanyahou inaugure sur place en juin une nouvelle colonie «Ramat Trump» en l’honneur de «très grand ami d’Israël». Le plan Kushner devrait lui aussi faire la part belle aux positions israéliennes. En mars, Mike Pompeo a laissé entendre qu’il va rompre avec le consensus traditionnel sur les questions clés comme Jérusalem, les colonies ou les réfugiés. Jared Kushner a confirmé en mai que le texte ne devrait pas faire référence aux «deux États». Mais sa présentation a depuis été maintes fois reportée.


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57 commentaires
  • ca18

    le

    Face aux individus qui n’hésitent pas à inventer des chiffres de toutes pièces, voilà les données démographiques factuelles de la Palestine mandataire (source wikipedia) :
    Sur le territoire de la Palestine sous mandat britannique (correspondant à l’actuel État d’Israël dans ses frontières internationalement reconnues, plus la Cisjordanie et Gaza), vivaient (je vous fais grâce du décompte à l´unité près) :
    -> en 1922 (recensement britannique) : 750000 personnes (78% de musulmans, 10% de chrétiens et 11% de juifs)-> en 1945 (décompte britannique, à défaut d’un recensement détaillé) : 1845000 personnes (58% M , 8% C et 33% J) -> Enfin, les organisations juives représentatives dénombraient elles-mêmes en 1947 630000 israélites, ce qui recoupe parfaitement ce qui précède. Dire que certains osent affirmer que cette terre était vide d’êtres humains au début du XXeme siècle. C’est édifiant. Un homme comme Itzhak Rabin l’avait compris. Les extrémistes de son camp le lui ont fait payer de sa vie.

  • Josef Turner

    le

    DT aura été une farce dans l’histoire des USA, élu par les Redneck décérébrés. 53% des Americains réalisent tardivement qu’il est incompétent et dangereux.
    Et BN va tente de rallier les indécis à sa cause, alors qu’il est gangrené par des affaires plus que louches.
    En gros ces deux là sont à virer le plus rapidement possible pour le bien de la planète.

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