Publicité
Réservé aux abonnés

Luc Ferry: «Interdire Heidegger?»

Luc Ferry. Nathalie Michel

CHRONIQUE - Après les interdictions de paroles d’Alain Finkielkraut à Sciences Po, de Sylviane Agacinski à l’université de Bordeaux ou de Mohamed Sifaoui à la Sorbonne, une chasse aux sorcières digne du maccarthysme des années 1950 se met peu à peu en place

Telle est l’idée géniale d’un professeur de philosophie, Vincent Cespedes, qui lance une pétition pour interdire à ses collègues d’enseigner la pensée de Heidegger. Après les interdictions de paroles d’Alain Finkielkraut à Sciences Po, de Sylviane Agacinski à l’université de Bordeaux ou de Mohamed Sifaoui à la Sorbonne, une chasse aux sorcières digne du maccarthysme des années 1950 se met peu à peu en place. À quand une interdiction de Marx pour cause de totalitarisme, d’Aristote, de Voltaire, de Schopenhauer ou de Nietzsche pour leurs propos sur l’esclavage, les Juifs, les femmes ou les Noirs? Et pourquoi pas, tant qu’on y est, interdire aussi d’évoquer Althusser, membre du parti communiste le plus stalinien d’Europe, ou Foucault, complice des horreurs maoïstes et de la révolution iranienne?

Qu’un professeur de philosophie se fasse commissaire politique pour exiger la censure laisse sans voix. Soyons clairs: Heidegger fut-il national-socialiste? Oui, sans aucun doute. Y a-t-il un lien entre…

Cet article est réservé aux abonnés. Il vous reste 79% à découvrir.

Vous avez envie de lire la suite ?

Débloquez tous les articles immédiatement.

Déjà abonné ? Connectez-vous

Luc Ferry: «Interdire Heidegger?»

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
19 commentaires
  • Jean Epi

    le

    Il ne s'agit pas d'interdire Heidegger, mais de le retirer des programmes. On parle d'un ancien nazi, même si beaucoup de philosophes comme Ferry ont voulu minimiser la chose ou nier les faits. On sait tout cela depuis 1947 et l'excellent article d'Eric Weil. Depuis, 70 ans de dénégations au sein de l'intelligentsia française pourrie...

  • JANINE COSTE-VINCQ

    le

    Je suis d'accord pour une fois avec Luc Ferry .C'est une chasse aux sorcières et il faut la stopper très vite.

  • Navroche

    le

    Le progressisme ne peut que vouloir éliminer celui qui, dans l’Allemagne écrasée sous le diktat de Versailles, voyait l’occident couler de désir dans les années folles, désir onirique de jouissance et de profit masqué par la chaîne métonymique de signifiants de la créativité. Lacan a ensuite décortiqué le fonctionnement du désir rendu insatiable pour être à la fois et en boucle, cause et effet du désir, lequel creuse sans fin une vacuité de signifiants contigus, le manque insignifié, où chacun peut avoir l’illusion de “se” trouver au lieu de l’ego. L’innovation est cette aliénation au désir. On comprend qu’avant Lacan existait déjà la perception de la nécessité que la loi de la vérité du réel imposait le barrage par la métaphore paternelle qui interdit la glissade délirante des psychoses et des perversions. Aujourd’hui, les écolo/énergéticiens tels JM Jancovici disent haut ce que nous pensions bas depuis 40 ans: faute de savoir encore être scientifique et de respecter la loi de la nature et du réel, l’innovant s’en va séduire en niant même la règle de trois. L’impossibilité de l’équation écolo/énergétique sauf à frustrer et priver au niveau d’un krash de 29 tous les ans, c à d d’opérer une castration symbolique “au-nom-de-la-science”, où au contraire à imaginer le progrès par un nouveau Noé humain2.0 "indivisé" repeuplant par une biologie artificielle parfaite. Les deux voies relèvent de totalitarismes, l’un autoritaire et efficace, l’autre perfide, assassin et incertain.

À lire aussi