Publicité

Frappé d’antisémitisme, le Carnaval d’Alost, soustrait du patrimoine de l’Unesco

Le carnaval d’Alost en Flandre est retiré de la liste du patrimoine de l’Unesco pour antisémitisme. JONAS ROOSENS/AFP

La manifestation flamande, inscrite depuis 2010 sur la liste du patrimoine immatériel de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture était dans le collimateur de l’institution.

Le carnaval belge d’Alost, accusé d’antisémitisme, a été retiré par l’Unesco de la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, a annoncé vendredi l’organisation, réunie à Bogota.

Cette manifestation qui se déroule en Flandre, inscrite sur la liste en 2010, était dans le collimateur de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture depuis sa dernière édition en mars. C’est la première fois que l’Unesco procède à un retrait de la liste du patrimoine culturel immatériel.

» LIRE AUSSI - Taxé d’antisémitisme, le carnaval belge d’Alost abandonne son classement à l’Unesco

La présence dans le défilé d’un char caricaturant des juifs orthodoxes aux nez crochus, assis sur des sacs d’or, avait indigné les représentants de la communauté juive de Belgique (environ 40.000 personnes).

Et côté Unesco, le bureau du Comité du patrimoine immatériel avait alors unanimement décidé de mettre à l’ordre du jour de la réunion de Bogota un possible retrait du carnaval de sa liste.

«L’Unesco se devait d’être vigilante et ferme quant aux dérives d’un festival classé au Patrimoine de l’humanité et qui en bafoue les valeurs élémentaires», avait alors déclaré la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay. Puis elle avait ajouté: «Ce n’est, de plus, pas la première fois que ces chars racistes et antisémites défilaient dans ce festival».

Une allusion à l’édition 2013, quand la société carnavalesque avait eu l’idée de faire défiler un char montrant en officier nazi le chef du parti indépendantiste flamand N-VA, supposé être favorable à la déportation de francophones. Irina Bukova, qui dirigeait à l’époque l’Unesco, avait fustigé «une insulte à la mémoire des six millions de juifs morts durant l’Holocauste».

Se moquer de tout?

L’Unesco classe depuis une convention de 1972 les plus beaux sites du monde, mais a désormais aussi autorité pour protéger le «patrimoine immatériel culturel de l’humanité», aux termes d’une convention signée en 2003.

Plusieurs carnavals ou processions traditionnelles de géants en Belgique - comme dans le nord de la France -, ont été ainsi honorés depuis une quinzaine d’années: Ath, Binche, Dendermonde, Mons...

Le carnaval d’Alost, qui a une histoire de plus de 600 ans et est l’un des plus populaires, revendique le droit de «se moquer de tout», selon le bourgmestre de la ville Christoph D’Haese.

«On se moque de l’Église, des rois, des juifs, de la politique internationale, des musulmans. C’est la liberté d’expression dans sa plus large interprétation», avait encore affirmé M. D’Haese fin octobre à l’AFP.

Il y a dix jours ce dernier avait pris l’Unesco de court, alors qu’il n’est pas maître de la décision, en annonçant dans la presse le retrait du carnaval de la liste du patrimoine immatériel.

Frappé d’antisémitisme, le Carnaval d’Alost, soustrait du patrimoine de l’Unesco

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
Aucun commentaire

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

À lire aussi