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Macron à Jérusalem: «L’antisémitisme, c’est notre problème à nous»

«L’Holocauste ne saurait être une histoire que nous pourrions manipuler ou utiliser», a déclaré Emmanuel Macron, jeudi, au Mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem.
. POOL/REUTERS

Le président a réclamé un procès pour Sarah Halimi, jeudi, aux commémorations de la libération d’Auschwitz.

De notre envoyé spécial à Jérusalem

C’est la deuxième fois qu’il intervient personnellement dans cette affaire. Plus de deux ans après avoir réclamé que le caractère antisémite de l’assassinat de Sarah Halimi soit retenu par la justice, Emmanuel Macron est à nouveau monté au créneau sur ce sujet jeudi après-midi. Devant la communauté française d’Israël, réunie au centre de conférences de Jérusalem, le chef de l’État a d’abord tenu à se poser comme «le garant de l’indépendance de la justice» et «des principes cardinaux de notre code pénal». «De là où je vous parle, je ne peux vous parler avec le cœur. […] Le président de la République n’a pas à commenter une décision de justice ni à prétendre la remettre en cause», a-t-il poursuivi.

Malgré ces précautions d’usage, Emmanuel Macron n’a pas manqué, dans la foulée, de regretter la décision rendue par la cour d’appel de Paris, qui a prononcé l’irresponsabilité pénale de l’assassin présumé, Kobili Traoré, sans même qu’un procès se tienne. «J’ai reçu tant de lettres, entendu tant d’émoi, vu tant de rage, de colère, à l’idée que, au fond, la justice ne soit jamais faite et ne puisse passer…», a confié le chef de l’État. Des interpellations auxquelles s’en étaient ajoutées d’autres, mercredi soir au mur des Lamentations, où plusieurs Français ont scandé «justice pour Sarah Halimi» sur son passage. Conscient de la sensibilité de ce dossier, le président a, certes, rappelé «qu’un pourvoi en cassation a été formé», qu’il «constitue une voie possible par le droit», et «que la justice française a reconnu le caractère antisémite de ce crime».«Ce caractère antisémite, personne ne peut le remettre en cause», a-t-il martelé.

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Mais il a surtout considéré que, si «la question de la responsabilité pénale est l’affaire des juges, la question de l’antisémitisme est celle de la République». «Et, ce que nous apprend ce qui vient de se passer, c’est que, même si, à la fin, le juge devait décider que la responsabilité pénale n’est pas là, le besoin de procès, lui, est là», a-t-il exhorté, relevant le «besoin que toutes les voix s’expriment (et) se disent» afin «que l’on comprenne ce qu’il s’est passé». «Pour que, tout ce qu’un procès comporte de réparation - par ce qu’il est lui-même -, puisse se tenir… Nous en avons besoin dans la République», a-t-il conclu. Sous les applaudissements des quelque 500 personnes présentes.

La France (et) la République portent ce combat contre l’oubli, la bêtise, la violence, l’antisémitisme

Emmanuel Macron

Applaudissements qui se sont renouvelés quelques minutes plus tard, sur un tout autre sujet… Pourtant moins consensuel dans l’auditoire. Après avoir assuré que «la France (et) la République portent ce combat contre l’oubli, la bêtise, la violence, l’antisémitisme» ; après avoir redit «ô combien» il est «attaché à la sécurité d’Israël»… Emmanuel Macron a prévenu que la France n’aurait «jamais une politique d’alignement» sur «la voie la plus extrême». «Quelle utilité aurait la voix de la France si elle n’était, à nouveau, que celle qui s’aligne sur le plus grand?», a-t-il interrogé. «Dans un moment où une part de cette politique internationale joue beaucoup sur l’humiliation et le ressentiment, nous devons garder des voix d’équilibres», a-t-il plaidé. «Toute cette histoire que nous évoquions, il y a un instant, c’est l’histoire folle de gens qui ont pensé que leur futur se construirait dans la négation d’un autre. Il n’y aura pas plus, ici, de futur qui se bâtira dans la négation de qui que ce soit. Le futur se fera dans la cohabitation de tous avec tous», a-t-il conclu, disant chercher la «voie d’équilibre» et le «chemin sinueux» qui permettra une «fin heureuse» aux différentes rivalités régionales.

Nous n’avons pas le droit de convoquer nos morts pour justifier quelque division ou quelque haine contemporaine

Emmanuel Macron

À peine descendu de l’estrade du centre de conférences de Jérusalem, le président en a rejoint une autre: celle du Mémorial de Yad Vashem, où il était attendu pour les commémorations du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. Devant une quarantaine de dirigeants étrangers réunis dans ce haut lieu de la mémoire de la Shoah, le président a considéré que «l’Holocauste ne saurait être une histoire que nous pourrions manipuler ou utiliser» pour «revisiter» quelque situation que ce soit. «Nous n’avons pas le droit de convoquer nos morts pour justifier quelque division ou quelque haine contemporaine», a-t-il poursuivi, alors que Benyamin Nétanyahou avait appelé, un peu plus tôt, à combattre les «tyrans de Téhéran».

Enfin, Emmanuel Macron a saisi la main tendue de Vladimir Poutine, qui a réclamé une réunion des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. «L’Europe doit se tenir unie. Ne jamais oublier. Ne jamais se diviser», a-t-il enfin espéré, louant la «promesse» de Yad Vashem. Un cri d’alerte qui a trouvé écho dans les propos du président allemand, Frank-Walter Steinmeier, qui s’est dit «chargé du lourd fardeau de la culpabilité historique». «Je voudrais pouvoir vous dire que notre acte de mémoire nous a immunisés contre le mal. Oui, nous, les Allemands, nous souvenons. Mais il semble parfois que nous comprenons mieux le passé que le présent», a-t-il déploré. Le tout face, notamment, à Serge et Beate Klarsfeld, qualifiés de «prophètes de vérité» par Emmanuel Macron. Tous trois avaient passé une partie de la matinée côte à côte, au Mémorial des Juifs de France situé à Roglit. «L’antisémitisme, ça n’est pas le problème des Juifs. C’est notre problème à nous.»

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272 commentaires
  • Berengere Kissfey de la Bile

    le

    Commentaires disparus Ah, cette populace qui ne va pas droit...

  • BaronNoir

    le

    https://www.lefigaro.fr/vox/societe/pour-les-francais-la-cause-premiere-de-l-antisemitisme-est-l-islamisme-20200124
    L'silamisation comme première cause de l'antisémitisme, que fait M.le président ?

  • mitipi

    le

    Quelles actions mène Macron contre l'antisémitisme ? Quel est son bilan là-dessus ?

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