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Dix mots qui n’existent pas (et qui nous manquent cruellement)

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«Flemmartiste», «zélève», «flemmartiste»... Dans son savoureux Petit fictionnaire illustré, Alain Finkielkraut nous propose des dizaines de mots-valises amusants mais surtout utiles.

Vous est-il déjà arrivé de vouloir inventer un mot, à défaut d’avoir trouvé celui qui réponde exactement à vos attentes? De créer un dictionnaire rempli de néologismes merveilleux, à consulter régulièrement et sans modération? C’est ce que nous propose Alain Finkielkraut dans son Petit fictionnaire illustré: les mots qui manquent au dico (Points). Florilège.

L’impudique «tripes-tease»

Vous êtes en soirée, en famille ou entre amis. Il faut bien avouer que l’ambiance n’est pas au beau fixe. Tous les sujets de conversation ont été épuisés. Le beau temps, les enfants, les projets... Non, vraiment, il n’y a plus rien à dire. Mais attendez, l’un d’entre vous a une idée. «Faisons un jeu: chacun doit révéler quelque chose de lui que nous ne savons pas». Voilà une activité récréative qu’Alain Finkielkraut qualifierait de «tripes-tease»: «Jeu de société au cours duquel chacune des personnes présentes dévoile à tour de rôle son secret le plus intime».

Le charmant «galimatelas»

Deux amants roucoulent, à l’abri du monde dans leur chambre. Ils discutent, bondissent de sujet en sujet, ignorant le sommeil alors que la nuit est déjà bien avancée. Leur conversation, nous pourrions la qualifier de «galimatelas»: «conversation sans queue ni tête que tiennent les amoureux, des heures durant, bien au chaud sous leurs couvertures».

L’amusant «flemmartiste»

Il faut dire qu’il y en a dont c’est la spécialité. On les nomme les «procrastinateurs», les nonchalants, les paresseux ou les rêveurs. Quoi qu’il en soit, tous excellent dans l’art de ne rien faire. Ce sont, en somme, des «flemmartistes»! Des «virtuoses de l’indolence, génies du farniente», ainsi que le définit l’académicien.

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L’impétueux «utoupie»

Il y en a qui haïssent la routine. Le train-train quotidien, métro, boulot, dodo: très peu pour eux! Ils rêvent de renouveau, s’extasient devant l’inattendu et espèrent de leur destin, la plus grande des spontanéités. Il n’est pas exagéré de dire que ces téméraires désirent plus que tout vivre «l’utoupie». À savoir: une «vie emportée dans un tourbillon perpétuel, sans baisse ni pause».

Le discret «vacalme»

Garder son calme, le visage serein et inexpressif en toutes circonstances: certains sont des maîtres en la matière. Impassibles, ils font face à n’importe quel problème, masquant leurs émotions coûte que coûte. Pourtant, au fond, les sentiments se bousculent, c’est la tempête. L’inquiétude les gagne, le doute aussi... Sans jamais que le tourment ne transperce le masque. C’est ce qu’on appelle un «vacalme»: «tumulte intérieur dissimulé derrière un visage serein».

L’agaçant «zélève»

C’est le «fayot», le «lèche-bottes», l’élève dévoué au professeur, prêt à tout pour l’impressionner. Au-dessus de la mêlée, il ne manque pas de le faire remarquer à ses petits camarades. Le «fayot» est généralement bon à l’école, poli, un poil prétentieux et surtout «abonné au premier rang», affirme Alain Finkielkraut. Ainsi peut-on l’appeler un «zélève».

L’ardent «assoupirant»

Ah, le coup de foudre... Les plus chanceux l’ont connu. Cet ardent amour qui nous tient éveillés la nuit, qui berce nos pensées. Nous nous imaginons aux côtés de l’élu de notre cœur. Nous rêvons de la tendresse de ces instants, la vie qu’ensemble, nous pourrions construire. Et finalement, nous tombons de fatigue. Nombreux sommes-nous à avoir été des «assoupirants»: «amoureux transis surpris par le sommeil, malgré leur désir de vivre une belle insomnie sous les fenêtres de leurs belles».

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Le très français «autoraoût»

Ah, les vacances en famille! Les interminables voyages direction la mer ou la campagne; chez les grands-parents ou chez les oncles et tantes. L’«autoraoût» est alors inévitable ; «coutume française qui consiste à passer en famille, en voiture, et sur une route sans croisement, le mois le plus chaud de l’année».

Le moderne «jobsessionnel»

En anglais, on parle d’un «workaholic», c’est-à-dire un «bourreau de travail» qui ne vit que pour son boulot. Pour lui, les réunions valent plus qu’un déjeuner de famille; il se sent davantage chez lui dans un «open-space» que dans sa propre chambre. Bref, c’est un «jobsessionnel», «qui n’a pas d’autres angoisses et d’autres joies que celles que lui procure sa profession».

Le triste «laissé-pour-conte»

Il faut bien le reconnaître: parfois, notre vie est calme. Il n’y a pas grand-chose à raconter. La routine, quoi. Rien de plus banal. À la question «que fais-tu en ce moment?», nous tremblons. «Oh rien, tu sais. Comme d’habitude.» Faut-il alors croire que nous avons été, à un moment ou à un autre, un «laissé-pour-conte»? C’est-à-dire une personne dont l’«existence est à ce point morne ou ordinaire qu’on ne peut en tirer la moindre anecdote, la moindre amorce de récit».

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