La visite du ministre des affaires étrangères d’Israël, M. Abba Eban, à Bonn a marqué une nouvelle étape dans l’évolution des rapports entre les deux pays. C’était la première visite officielle d’un ministre israélien depuis l’établissement des relations diplomatiques intervenues en 1965. On n’a pas besoin de rappeler ici les conditions historiques — l’extermination des juifs perpétrés par le Reich hitlérien — dans lesquelles les deux Etats ont dû faire leurs premiers pas. Le chancelier Adenauer et le président du conseil Ben Gourion ont voulu tous les deux surmonter le poids d’un passé particulièrement lourd et œuvrer au rapprochement de leurs deux pays. Longtemps avant l’échange d’ambassadeurs, les obstacles furent aplanis, notamment par l’accord signé en 1952 à Luxembourg et par lequel l’Allemagne fédérale reconnaissait une dette de 3,5 milliards de marks à titre de dédommagement envers Israël. Pour l’essentiel, le paiement eut lieu sous la forme de livraison de produits industriels. Cela a représenté une aide énorme pour le pays en train de se construire.
Ces premiers liens ne pouvaient manquer de rencontrer une certaine opposition dans les deux pays. En Israël, nombreux étaient ceux qui ne voulaient rien savoir désormais d’un rapprochement avec l’Allemagne. Mais, à Bonn également, il fallait vaincre la résistance de certains milieux, qui se refusaient à reconnaître la moindre dette à l’égard d’Israël. L’obstination des deux chefs de gouvernement d’alors vint à bout de ces difficultés : tandis que M. Ben Gourion s’élevait contre la thèse de la « culpabilité collective », M. Adenauer, en homme politique perspicace, voyait dans l’établissement de bons rapports avec Israël une condition nécessaire pour faire admettre l’Allemagne sur un pied d’égalité dans la société des Etats.
Les échanges économiques
Les rapports démarrèrent lentement — nul ne peut s’en étonner — et non sans difficulté. Il y eut des périodes favorables et des accrocs. Mais, dans l’ensemble, le rapprochement se fit d’une (...)