Le conseil municipal de Strasbourg sous le feu des critiques de la communauté juive

© Photo pixabay / SofiLaylaStrasbourg
Strasbourg - Sputnik Afrique, 1920, 07.04.2021
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Après que le conseil municipal de Strasbourg a refusé d’adopter la définition de l’antisémitisme proposée par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste, la communauté juive a réagi, notamment par la voix d’un responsable du centre Simon-Wiesenthal qui estime que cela signifie «retourner à un sombre passé».

Des discussions à la municipalité de Strasbourg ont fait des vagues jusqu’en Israël. La maire de la ville, Jeanne Barseghian, s’est ainsi vu consacrer un appel dans une lettre ouverte publiée par le Jerusalem Post après avoir refusé, en commun avec sa majorité écologiste et communiste, de voter la définition de l'antisémitisme telle qu’elle est formulée par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA) selon laquelle l'antisionisme serait une forme cachée d'antisémitisme.

«Rejeter la définition de l'antisémitisme de l'IHRA, c’est retourner à un sombre passé», affirme dans le journal israélien l’auteur de l’article, Shimon Samuels, directeur des relations internationales du centre Simon-Wiesenthal, ONG reconnue par les Nations unies.

Il évoque notamment le camp de concentration de Natzweiler-Struthof, situé non loin de Strasbourg, en Alsace, et sa chambre à gaz. Il rappelle aussi qu’Emmanuel Macron avait qualifié l'antisionisme «d’une des formes modernes de l'antisémitisme».

Pour conclure, il s’adresse à la maire et souligne que la décision «de rejeter la définition de l'antisémitisme de l’IHRA pour des raisons d'antisionisme pourrait être perçue en elle-même comme antisémite».

Le débat

La résolution a été examinée à la réunion du conseil municipal de Strasbourg le 22 mars et rejetée par 39 voix contre, dont celle de Jeanne Barseghian, 19 pour et une abstention. Le document avait été présenté par Jean-Philippe Vetter, élu LR.

La décision de rejeter le document avait été d’ailleurs dénoncée sur Twitter par l’ambassade d’Israël en France.

Le chargé d’affaires d’Israël en France a publié une lettre ouverte à ce sujet.

Le Grand rabbin de France a également dit «profondément» regretter cette décision.

La Collectivité européenne d’Alsace a pour sa part adopté la résolution à l’unanimité.

La résolution

L'Assemblée nationale a adopté le 3 décembre 2019 une proposition de résolution LREM soutenue par le gouvernement, qui avait pourtant suscité un record d'oppositions, certains craignant qu'elle empêche toute critique de la politique d'Israël. Le document a été adopté par 154 voix pour, 72 contre et 43 abstentions.

Toutefois, le texte, qui reprenait la définition de l'antisémitisme de l'IHRA, n’a pas de valeur contraignante.

Un collectif de 127 intellectuels juifs du monde entier avait pour sa part, dans une tribune publiée par Le Monde, qualifié de «hautement problématique» cette définition, estimant que «cet amalgame est fondamentalement faux», voire «profondément injurieux» pour les juifs «se considérant antisionistes».

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