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Ce qu'il faut savoir sur les tensions entre Israël et le Hamas

Une tour à Gaza, visée par un bombardement israélien ce mercredi.
Une tour à Gaza, visée par un bombardement israélien ce mercredi. QUSAY DAWUD / AFP

EN IMAGES - Les affrontements qui montent en escalade depuis vendredi ont déjà fait au moins 70 morts, le bilan le plus meurtrier en sept ans.

Le Figaro retrace, en plusieurs questions et en images, les affrontements israélo-palestiniens en cours.

  • Quand, comment et pourquoi se sont déclenchés les heurts ?

Le 3 mai au soir, des heurts éclatent dans le quartier de Cheikh Jarrah, proche de la Vieille ville à Jérusalem-Est, en marge d'une manifestation de soutien à des familles palestiniennes menacées d'éviction au profit de colons juifs. En début d'année, le tribunal de district de Jérusalem avait donné raison aux familles juives revendiquant des droits de propriété dans ce quartier, déclenchant des manifestations.

La question de Jérusalem est l'une des principales pommes de discorde entre Israël et les Palestiniens. L'Etat hébreu estime que toute la ville est sa capitale «indivisible», et les seconds veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'Etat auquel ils aspirent. Les Nations unies exhortent Israël à mettre fin à toute expulsion forcée de Palestiniens, avertissant que ses actions pourraient constituer des «crimes de guerre».

Le 3 mai, de premiers heurts éclatent en marge d'une manifestation de soutien à des familles palestiniennes menacées d'éviction au profit de colons juifs. AHMAD GHARABLI / AFP

Le 7 mai, des dizaines de milliers de fidèles se réunissent dans l'enceinte de l'esplanade des Mosquées, sur fond de célébration du Ramadan, générant des tensions dans les endroits les plus denses. La fermeture au public de la place de la porte de Damas, lieu particulièrement fréquenté lors des nuits du mois sacré, a été le détonateur. Selon la police israélienne, des Palestiniens lancent des projectiles sur les forces de sécurité qui répliquent avec des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc. Dès vendredi soir, plus de 200 personnes ont été blessées, en grande majorité des Palestiniens mais aussi des policiers israéliens dans les plus violents heurts depuis 2017 sur l'esplanade des Mosquées.

Le 7 mai, de nouveaux heurts éclatent sur l'Esplanade des Mosquées, sur fond de célébration du Ramadan. Ahmad GHARABLI / AFP

Samedi 8 et dimanche 9, les heurts entre Palestiniens et policiers israéliens ont atteint d'autres secteurs de Jérusalem-Est, faisant plus d'une centaine de blessées selon le Croissant rouge palestinien. Dans ce contexte, la traditionnelle marche pour la danse des drapeaux prévue lundi, qui réunit chaque année des milliers de jeunes Israéliens dans la Vieille ville pour célébrer la conquête de Jérusalem-Est par les forces israéliennes en 1967, a été annulée.

À VOIR AUSSI - Que se passe-t-il entre Israël et Palestine?

Le 10, quelque 520 Palestiniens et 32 policiers israéliens sont blessés dans des heurts, notamment sur l'esplanade des Mosquées. Ces accrochages coïncident avec la «Journée de Jérusalem», qui marque dans le calendrier hébraïque la conquête de Jérusalem-Est par Israël en 1967. Dans la soirée, les heurts se sont mués en salves de roquettes lancées depuis la bande de Gaza vers Israël, alors que le Hamas avait menacé d'une nouvelle escalade militaire si les forces israéliennes ne se retiraient pas à 18h de l'Esplanade des Mosquées.

L'escalade militaire s'est poursuivie mardi et mercredi, avec une pluie de roquettes lancées par le mouvement islamiste vers plusieurs villes israéliennes, dont la métropole Tel-Aviv. Israël a répliqué avec de nouvelles frappes sur la bande de Gaza. Mercredi à l'aube, l'État hébreu a annoncé avoir achevé une nouvelle et vaste «série de raids, frappant des maisons qui appartenaient à des membres de haut rang de l'organisation terroriste Hamas».

  • Combien de victimes ?

En plus des près de 900 blessés au cours des heurts dans Jérusalem, les violences depuis lundi ont été les plus meurtrières depuis de nombreuses années. Côté palestinien, les raids israéliens sur Gaza au cours de la nuit de mardi à mercredi ont fait 65 morts, dont 16 enfants. Les tirs de roquettes du Hamas vers des villes israéliennes ont également tué sept personnes, dont un enfant de 6 ans. Des centaines de blessés par les frappes sont à déplorer des deux côtés.

  • Quelles réactions internationales ?

Les appels au calme de la communauté internationale se sont multipliés ces derniers jours. Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu une réunion sur la situation à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans, mais sans s'entendre sur une déclaration commune, les États-Unis jugeant qu'un «message public n'était pas opportun à ce stade», selon des diplomates.

Le président américain Joe Biden a indiqué s'être entretenu par téléphone avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, peu après l'annonce de l'envoi d'un émissaire en Israël et dans les Territoires palestiniens suite à l'embrasement des derniers jours. «Mon espoir est que la situation soit résolue aussi rapidement que possible, mais Israël a le droit de se défendre quand des milliers de roquettes sont tirées vers son territoire», a-t-il ajouté.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a annoncé mercredi soir s'être entretenu avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et avoir réclamé la fin des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers Israël. «J'ai parlé avec le président Abbas de la situation en cours à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza. J'ai exprimé mes condoléances pour les pertes de vies. J'ai souligné la nécessité de mettre fin aux attaques à la roquette et de faire baisser les tensions», a tweeté le responsable américain.

La bande de Gaza bombardée. SAID KHATIB / AFP

Mardi soir, l'émissaire de l'Onu pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, avait alerté du risque d'une «guerre à grande échelle». «Une guerre à Gaza serait dévastatrice et ce sont les gens ordinaires qui en paieraient le prix», a-t-il mis en garde. Le Royaume-Uni mais aussi l'Union européenne, à travers son président du Conseil, Charles Michel, qui s'est entretenu avec le président israélien Reuven Rivlin, ont appelé à l'apaisement. Berlin a évoqué le droit d'Israël à la «légitime défense» «face aux attaques» du Hamas, condamnant «fermement ces attaques persistantes à la roquette depuis la bande Gaza sur les villes israéliennes».

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian a dit craindre que le «cycle de violences en cours» ne conduise à «une escalade majeure», et estimé qu'il fallait tout mettre en oeuvre pour éviter un nouveau «conflit meurtrier» avec la bande de Gaza, qui en a déjà connu trois en moins de 15 ans.

Un immeuble a croulé sous les bombes à Gaza. MOHAMMED ABED / AFP

Mercredi, c'était au tour des dirigeants russe et turc d'appeler à une «désescalade des tensions». Si les deux chefs d'État, ont partagé, lors d'un échange téléphonique, leur «profonde préoccupation» face aux événements, le président Erdogan s'est montré bien plus offensif que le Kremlin à l'égard d'Israël, soulignant «qu'il était nécessaire que la communauté internationale donne une leçon ferme et dissuasive à Israël».

Mais les Etats-Unis ont à nouveau bloqué mercredi l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité de l'Onu, jugeant qu'elle serait «contre-productive», lors d'une réunion à huis clos qui pourrait cependant être suivie dans les jours à venir d'une nouvelle session, mais cette fois publique. «Les Palestiniens ont demandé une réunion publique», a indiqué à l'AFP un diplomate sous couvert d'anonymat. Celle-ci pourrait être organisée dès vendredi par la Chine, qui préside actuellement le Conseil de sécurité et qui est plutôt favorable à la cause palestinienne.

  • Quelle réponse des deux camps ?

Mercredi, le ministre hébreu de la défense s'est montré très clair. «L'armée continuera d'attaquer afin d'assurer un calme total et durable», a-t-il déclaré au cours d'une visite dans la ville israélienne d'Ashkelon, près de l'enclave de Gaza, ajoutant que parler d'une trêve sera possible «seulement lorsque nous aurons atteint cet objectif». Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a lui-même salué la «fermeté» des forces de l'ordre pour garantir la «stabilité» à Jérusalem.

Des manifestants palestiniens, près de Ramallah. ABBAS MOMANI / AFP

L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a, quant à elle, dénoncé une «agression barbare» des forces israéliennes et le chef du mouvement islamiste palestinien à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a averti que la «résistance» palestinienne ne «restera pas les bras croisés». Dans un communiqué publié le 12 mai, le Hamas a annoncé la mort de Bassem Issa, chef de sa branche militaire pour la ville de Gaza et de «nombreux» autres hauts responsables militaires de l'organisation dans des frappes de l'armée israélienne.

À VOIR AUSSI - Frappes sur Gaza: «Ce n'est que le début», prévient Israël

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567 commentaires
  • Machepro

    le

    C'est une guerre gagnant / gagnant. Bien sûr pas pour le petit peuple qui en est la victime pas même collatérale, mais principale. Netanyahou menacé s'est illico remis en selle et se pose en rassembleur d'Israël, le Hamas marginalisé par les accords arabo-israëliens revient au centre du jeu.

  • Patrick varty 1968

    le

    Beaucoup de bobos de gauche revent d'une palestine sans juif. Et ne considère pas cela comme du racisme. Mais ces mêmes bobos sont outragés par les électeurs du RN qui rêvent d'une France sans musulman.

  • ChristianLéonToussaint

    le

    Les annonces internationales misent d’abord sur un possible manque de nombre de missiles anti-roquettes et défauts d’approvisionnement aux aéroports d’Israël. Le désastre serait alors populations contre populations dans toutes les villes.

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