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Israël durcit ses bombardements sur la bande de Gaza

Une nouvelle tour, la tour Andalous, a été ciblée dans la nuit du 15 au 16 mai.
Une nouvelle tour, la tour Andalous, a été ciblée dans la nuit du 15 au 16 mai. MOHAMMED ABED / AFP

Au moins 192 personnes ont été tuées en une semaine dans la bande de Gaza dont 58 enfants, et dix en Israël.

De notre correspondant à Jérusalem

Les combats à distance entre l'État hébreu et le Hamas se sont intensifiés dans la flambée de violence la plus lourde depuis la guerre de 2014 à Gaza.

Israël a effectué des centaines de bombardements aériens et plusieurs frappes au sol, mais les troupes des Forces armées de défense (FDI) ne sont pas passées au stade de l'offensive terrestre. Les groupes armés palestiniens ont tiré plus de 3000 roquettes sur le centre et le sud d'Israël, touchant à plusieurs reprises Tel-Aviv et sa région. Les inquiétudes des habitants de la capitale économique et culturelle israélienne sont cependant sans commune mesure avec celles de la population de la ville de Gaza, épicentre des bombardements.

Des raids israéliens ont à nouveau secoué la vaste agglomération au cœur de la nuit de samedi à dimanche et se sont prolongés dans la journée. Trois bâtiments ont été détruits sans que Tsahal «toque sur le toit», c'est-à-dire prévienne les résidents via des intermédiaires. Des centaines de familles ont fui pour se réfugier dans l'enceinte de l'hôpital al-Shifa, où sont soignés les blessés.

L'Unrwa, l'office des Nations unies pour les réfugiés de Gaza, a transformé ses écoles en lieu d'accueil pour les personnes dont les logements ont été endommagés. Elles ont été prises d'assaut. Quelque 38.000 Gazaouis en provenance des quartiers de l'Est et du Nord, les secteurs les plus touchés, y campent sous la protection des Nations unies.

Missiles intercepteurs du Dôme de Fer israélien (à gauche) contre roquettes palestiniennes (à droite) dans la nuit du 15 au 16 mai. ANAS BABA / AFP

Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, s'est déclaré via son porte-parole «consterné par le nombre croissant de victimes civiles». Il a souligné la mort de dix civils, dont des enfants, dans une frappe aérienne israélienne vendredi dans le camp de réfugiés d'al-Shati à Gaza. Il semblerait que Tsahal visait une famille de militants islamo-nationalistes mais que l'explosion a aussi touché les voisins, tuant une mère et quatre de ses enfants. «Le carnage a continué aujourd'hui. Ce cycle insensé d'effusion de sang, de terreur et de destruction doit cesser immédiatement», a déclaré Antonio Guterres à l'ouverture de la réunion du Conseil de sécurité, redoutant que l'explosion de violence ne provoque «une crise sécuritaire et humanitaire incontrôlable». Mais cette troisième session virtuelle n'a accouché d'aucune proposition.

Les habitants cherchent à fuir la zone frontalière, particulièrement à Gaza et au sud à Khan Younès. Mais l'enclave soumise à un rigoureux blocus, coincée entre Israël, l'Égypte et la mer, est étroite. Beaucoup s'abritent chez des proches. «Ma mère est chez mon oncle maternel, l'une de mes sœurs, son mari et leurs enfants se sont répartis entre deux familles, la seconde était chez ses beaux-parents mais elle a dû se réfugier ailleurs quand une villa du voisinage a été bombardée. Nul ne sent vraiment à l'abri», raconte un Palestinien originaire de Khan Younès. La ville est particulièrement sous le feu car elle abrite, dans de discrètes propriétés privées, des bases clandestines de lancement de missiles.

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Les Israéliens font signe avant de frapper certains bâtiments mais ne préviennent pas lorsqu'ils veulent éliminer des combattants. Les gens circulent peu par crainte de se trouver sur une route au mauvais endroit, au mauvais moment, près d'une voiture ciblée. Les commerces sont entrouverts. Les coupures d'électricité et d'internet massives. Les réserves en fuel pour alimenter l'unique centrale électrique du territoire sous blocus s'amenuisent. La pénurie empêche l'alimentation régulière des blocs électrogènes. «Les immeubles équipés de panneaux d'énergie solaire ne permettent de recharger les batteries que pour deux à quatre heures d'électricité. Pas assez pour avoir de l'eau dans les étages élevés des buildings», explique une résidente gazaouie.

Un champ de ruines

C'est dans ce chaos qu'au milieu de la nuit de samedi à dimanche, les secouristes sont parvenus à extraire des dizaines de survivants d'un immeuble effondré. Lors d'une vague de bombardements, un édifice récent, la tour Andalous, a été ciblé. Les hauts bâtiments, fierté de Gaza, sont détruits un à un, transformant Rimal, un quartier surnommé «les Champs Élysées», en champ de ruines. «C'est comme un tremblement de terre. On n'avait jamais entendu de tels bombardements. Lorsque des tours sont visées on dirait qu'ils coupent une tranche de gâteau. La précision est extrême. Le secteur est devenu méconnaissable», raconte un témoin.

Auparavant, un immeuble abritant des médias internationaux – notamment l'agence américaine Associated Press (AP) et la chaîne d'information qatarie Al Jazeera – a été anéanti, plongeant dans l'embarras le président américain Joe Biden qui a téléphoné au premier ministre Benyamin Netanyahou. Des images diffusées par les télévisions ont montré le propriétaire de la tour appelé au téléphone, en arabe, par un officier de Tsahal. Il le prévenait de la frappe. L'armée israélienne lui donnait une heure pour l'évacuation. L'homme a demandé dix minutes de plus pour permettre au personnel des médias de quitter les lieux mais également de sauver leur matériel. Il n'a pas obtenu de délai supplémentaire. L'Agence France Presse a proposé dimanche d'héberger les journalistes d'AP désormais privés de bureaux.

Le conflit est aussi une bataille de la communication. En détruisant les infrastructures palestiniennes de presse, Israël limite l'information non maîtrisée qui circule via la jungle informelle des réseaux sociaux. L'impact dépasse les territoires palestiniens. Il s'étend aux Arabes israéliens, à la Jordanie, à l'Égypte et plus généralement au monde arabe.

Après les membres de la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzeddine al-Qassam, les chefs politiques du mouvement islamo-nationaliste sont désormais dans le collimateur de la chasse israélienne. Située à Khan Younès, la villa de Yahya Sinwar, le «premier ministre» de la bande de Gaza a été rayée de la carte sans faire de victime. Ainsi que celle d'un chef politique du Djihad islamique. Sinwar, qui fonda et dirigea le service de sécurité intérieure du Hamas à la fin des années 1980, est le leader le plus puissant de l'organisation après Ismaïl Haniyeh. Le message est symbolique : Tsahal veut affaiblir autant que possible son ennemi.

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Un double crime de guerre

Le Hamas a déclenché les hostilités à la suite de l'intervention de la police israélienne, voici six jours, peu avant la fin du mois sacré du ramadan, sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem (300 blessés). «La résistance est le bouclier et le chemin le plus court vers Jérusalem. J'ai dit à Netanyahou de ne pas jouer avec le feu car nous réalisons ce que Jérusalem signifie pour chaque Palestinien libre», a affirmé samedi soir Ismaïl Haniyeh.

De son côté, Benyamin Netanyahou persiste et signe. «Nous continuerons à répondre avec force jusqu'à ce que la sécurité de notre peuple soit rétablie et restaurée», a déclaré le chef du gouvernement israélien. «Nous avons éliminé des dizaines de terroristes du Hamas et détruit des centaines de sites terroristes, y compris des lance-missiles et des bâtiments que le Hamas utilisait pour planifier et perpétrer ces attaques», a ajouté le premier ministre par intérim. «Je veux rappeler au monde qu'en tirant sur nos villes, le Hamas commet un double crime de guerre. Il vise nos civils et se cache derrière des civils palestiniens, les utilisant comme boucliers humains.»

Au moins 192 personnes ont été tuées en une semaine dans la bande de Gaza dont 58 enfants, et dix en Israël (presque toutes civiles), dans les échanges de bombes et de missiles. Dimanche a marqué une nouvelle escalade, avec 42 Palestiniens tués, dont au moins huit enfants et deux médecins. Il s'agit du plus lourd bilan quotidien depuis le début des violences. L'armée israélienne a mené dans la nuit de dimanche à lundi des dizaines de frappes sur l'enclave palestinienne.

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1410 commentaires
  • Benito lapaz

    le

    " Ce que représente JÉRUSALEM pour" un palestinien"... " pourquoi est-ce que l'on oubli toujours de préciser que les VRAIS PALESTINIENS sont les JUIFS depuis des milliers d'années, avant même que les arabes n'aient pus se définir comme un peuple???!!!... La Judee, la Samarie, la Galilee, le Golan, le Négev, le Jourdin ect sont des terres JUIVES depuis TOUJOURS. ÇA c'est une VÉRITÉ HISTORIQUE constamment NIER par les Arabo-musulmans. Et JÉRUSALEM, la cité de DAVID, CAPITALE INALIÉNABLE ET INDIVISIBLE de l'état d'Israël : ce n'est aussi que JUSTICE et VÉRITÉ HISTORIQUE. Les musulmans sont aussi légitimes à JÉRUSALEM que les JUIFS et les CHRÉTIENS le sont à la MECQUE..... Calendrier officiel HÉBRAÏQUE : 5781... Calendrier officiel MUSULMAN : 1442... STOP donc au MENSONGES, AUX TROMPERIES et MANIPULATIONS sans fin des musulmans quant à L'HISTOIRE JUDEO-CHRETIENNE !!! Ceci dit :vive LA PAIX.

  • elrousa2

    le

    " Les inquiétudes des habitants de la capitale économique et culturelle israélienne sont cependant sans commune mesure avec celles de la population de la ville de Gaza, épicentre des bombardements."
    Cette relative quiétude résulte d'un pouvoir qui assume ses devoirs de protection de sa nation.... Nous ferions bien de ne pas trop le critiquer. Les Israéliens nous observent avec inquiétude en revanche.

  • Marcel002001001

    le

    Gaza territoire indépendant, ils auraient pu montrer ce qu'ils projetaient!
    A part jeter des bombes pas grand chose. Pourtant les aides, subventions, capitaux étaient là!
    Uniquement pour l'armement, les fonctionnaires! Corruption et nepotisme grand format!

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