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Un tableau spolié par les nazis à Nice en 1944 cherche désespérément ses ayants droit

Le tableau (détail) est exposé depuis 1983 au musée de Dieppe et s'apprête à rejoindre le Musée d'art et d'histoire du judaïsme.
Le tableau (détail) est exposé depuis 1983 au musée de Dieppe et s'apprête à rejoindre le Musée d'art et d'histoire du judaïsme. Musée de Dieppe, Bertrand Legros. Réunion des musées nationaux Grand Palais.

Bateaux sur une mer agitée près d'une côte rocheuse, tableau anonyme du XVIIe siècle, est exposé au Musée d'art et d'histoire du judaïsme.

Une nouvelle étape dans un long périple. Attribué à l'école néerlandaise du XVIIe siècle, le tableau Bateaux sur une mer agitée près d'une côte rocheuse, spolié par les nazis à Nice en 1944, quitte le château-musée de Dieppe où il était conservé puis exposé depuis 1983. D'abord transféré au Louvre, établissement affectataire, il sera remis au Musée d'art et d'histoire du judaïsme au cours du premier trimestre 2022, afin d'avoir une plus grande visibilité pour poursuivre la recherche des ayants droit de la famille juive à qui il appartient.

La décision a été annoncée le 21 décembre par le musée dieppois. «Il avait été confié par le Louvre à notre musée en 1983. Mais nous savions que, comme toutes les œuvres inventoriées sous le label MNR (Musée nationaux récupération), elle pouvait être restituée à la famille qui avait été spoliée. C'est la première fois dans ma carrière que je vis un tel moment. Avec une certaine émotion», confie au Parisien Pierre Ickowicz, le directeur de la structure municipale.

Cette huile sur toile, d'une dimension de 0,65 par 0,81 mètre est le fruit d'un auteur anonyme de l'école néerlandaise du milieu du XVIIe siècle. Elle fut conservée puis exposée depuis 1983 au musée de Dieppe pour espérer retrouver les ayants droit des époux Bargeboer, qui le détenaient en 1944. Depuis 2010, cette recherche est menée par les équipes des Généalogistes, mandatés par le ministère de la Culture. Mais le 2 janvier, la tournure s'est accélérée. Le tableau est provisoirement transféré au musée du Louvre, l'établissement affectataire, avant d'être envoyé au Musée d'art et d'histoire du judaïsme. «C'est un tableau qui a une histoire assez compliquée. Les recherches ne sont pas finies car les ayants droit ne sont pas encore tous trouvés. Chez nous, il aura plus de visibilité qu'à Dieppe» assure le musée situé dans le Marais.

Un long et fastidieux parcours

Ce tableau a été spolié à Abraham Bargeboer et son épouse Minna, domiciliés au 53, boulevard Victor-Hugo à Nice en 1944, afin de rejoindre le château de Kögl en Haute-Autriche, länder limitrophe de l'Allemagne. Deux ans plus tard, le tableau est envoyé au Point central de collecte de Munich, un dépôt utilisé par le programme allemand Monuments, Beaux-Arts et Archives après la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1947, un convoi spécial le ramène en France au profit du siège de la Commission de récupération artistique. Quatre ans plus tard, le tableau rejoint le département des Peintures du musée du Louvre puis est enfin inscrit au Mobilier national de 1959 à 1976, avant de rejoindre le château-musée de Dieppe de 1983 au deux janvier dernier.

Au total, 100.000 œuvres d'art ont été spoliées par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale, dont une large partie (60.000) a été renvoyée par les Alliés, estime le rapport de la mission Mattéoli. Mais aujourd'hui, la France compte environ 2000 œuvres labellisées MNR (Musées nationaux récupération) qui sont exposées ou conservées dans les musées français en attendant d'éventuels ayants droit, une recherche dont est chargée la Commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations (CIVS). «Les époux Bargeboer sont morts à l'époque et n'avaient pas d'enfants. Il a donc fallu rechercher des ayants droit jusqu'aux États-Unis. Au total, il y en a une quarantaine» explique pour l'instant David Zivie au Parisien , le chef de la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945.

Un tableau spolié par les nazis à Nice en 1944 cherche désespérément ses ayants droit

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3 commentaires
  • Monfreid

    le

    L'article fait penser que des gens s'activent pour trouver les ayant-droits des anciens propriétaires de tableaux spoliés et classés "MNR". C'est absolument faux. Ce serait même l'inverse: les musées font tout pour les garder, et même quand le dernier propriétaire de l'oeuvre est connu, ce qui est très souvent le cas, impossible pour les descendants de récupérer ce qui pourtant devrait leur revenir de droit.

  • ChristianLéonToussaint

    le

    Qui voudrait reprendre aujourd’hui au XXIIè Siècle cette peinture des heures sombres où tout chavire et tout est submergé, sans lumière et sans colombe, tout déjà noyé sous quelques épaves de bois imbibé ?

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