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Les habitants de Gaza retrouvent la mer Méditerranée après sept ans de pollution

Des habitants de Gaza se baignent pour la première fois depuis sept ans dans la Méditerranée.
Des habitants de Gaza se baignent pour la première fois depuis sept ans dans la Méditerranée. MAHMUD HAMS / AFP

Touchée par une crise des eaux usées depuis plusieurs années, la bande de Gaza ouvre ses plages à la baignade grâce à deux nouvelles centrales d'épuration.

Dans la bande de Gaza, c'est le premier été depuis sept ans où l'on peut se baigner sur les rives de la mer Méditerranée. Grâce à deux nouvelles centrales d'épuration des eaux usées mises en place fin 2021, la pollution marine a pu être drastiquement réduite. Sur ses 41km de long, Gaza rejetait 108 millions de litres d'eau souillée par jour, rendant ses côtes inaccessibles. Désormais, 65% du littoral est classé «zone jaune» ou «zone verte» par le ministère Palestinien de l'Environnement et peut donc accueillir des baigneurs.

Après quinze ans de blocus par Israël et l'Égypte, la crise de l'eau à Gaza atteint son paroxysme depuis les dernières tensions. À ce jour, près de 97% de l'aquifère (poche d'eau souterraine) n'est plus potable à cause du manque d'entretien des usines de traitement. Cette problématique environnementale ne s'arrête pas à la frontière puisque les déversements ont également un impact sur les grandes villes du sud d'Israël, Ashkelon et Ashdod, ainsi que leurs usines de dessalement. Pour Gidon Bromberg, co-directeur de la branche Israélienne d'EcoPeace Middle East contacté par Le Figaro, cette avancée «est la première bonne nouvelle à Gaza depuis des décennies». Avec cette association trinationale, travaillant depuis plus de 30 ans sur les processus de réconciliation environnementale au Moyen-Orient, «je pense que nous avons forcé les politiciens à sortir la tête du sable», affirme-t-il.

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«L'eau est prise en otage»

Comme l'intégralité des questions en rapport avec le territoire palestinien, la thématique de l'eau est soumise aux accords d'Oslo signés en 1993 par les deux parties. Mais depuis, «l'eau n'est plus un jeu à somme nulle», affirme Gidon Bromberg. Les avancées technologiques ont permis une plus grande indépendance vis-à-vis des réserves naturelles, réduisant les enjeux. En Israël, «70% de l'eau potable provient du dessalement de l'eau et 50% de l'agriculture dépend de l'eau recyclée». Cependant, les principes de négociations de l'accord empêchent toute avancée rapide : soit les deux parties s'accordent sur tout, soit sur rien. Pour Gidon Bromberg, «l'eau est prise en otage» et donc enlevée des priorités.

Le blocus a également eu un fort impact sur la crise sanitaire. Préoccupée par la sécurité du territoire, l'armée israélienne a limité drastiquement les livraisons de ciment dans la bande de Gaza, utilisé par le Hamas pour construire des tunnels vers L'État hébreu. En parallèle, le Fatah (autorité palestinienne de Mahmoud Abbas) a arrêté le paiement des factures d'électricité du Hamas (au pouvoir à Gaza), entraînant des coupures à répétition. Dans ces conditions, Gidon Bromberg explique qu'il est difficile de faire «comprendre le sens de la sécurité non seulement d'un point de vue militaire, mais aussi humain». Malgré tout, «Israéliens et Palestiniens sont complètement dépendants l'un de l'autre lorsqu'il s'agit de l'environnement», rappelle-t-il.

Un niveau de sécurité rétabli

Grâce aux nouvelles centrales, la pollution est au plus bas depuis des années. «C'est la première fois en près d'une décennie que les Gazaouis et les Israéliens du sud peuvent opérer avec un niveau de sécurité beaucoup plus élevé», explique Gidon Bromberg. Sans évolution, près de 15% de la production d'eau Israélienne serait à risque, et le désastre environnemental décuplé. «C'est un exemple révolutionnaire de la façon dont la coopération environnementale apporte des avantages réciproques et d'après nos retours, les résidents des deux côtés sont heureux», affirme-t-il.

Gidon Bromberg met d'ailleurs l'accent sur l'importance de la coopération internationale, sans laquelle les plans de dépollution ne peuvent être possibles. Au total, 250 millions d'euros d'investissement ont été nécessaires et sont pour la grande majorité européens. Lors de sa dernière visite, «l'Europe a montré un grand intérêt pour notre Green Blue Deal . Ursula von der Leyen, avec moi-même et mes co-directeurs Palestiniens, y a montré un intérêt tout particulier, affirme-t-il. Je suis certain que ça sera résolu, reste à savoir le prix que nous paierons jusqu'à y arriver». Le prochain tournant est attendu en novembre à la COP27 égyptienne de Charm el-Cheikh, alors que la crise environnementale méditerranéenne bat son plein.

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14 commentaires
  • BERTIE AL

    le

    C'est bizarre votre article,on n'a les commentaires uniquement du côté israélien,ils en pensent quoi les militaires de Gaza?

  • anonyme 64621

    le

    Donc c'est l'Europe qui paye pour des gazaouis pris en otage par Israël? Gaza est donc incapable de demander des fonds aux émirats ou à l'Arabie saoudite ?

  • Marco69

    le

    Moins de burkinis qu'en France.
    Bizarre quand même.

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