Pegasus ? Uniquement si c’est israélien !

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Les logiciels espions c’est pas bien. Ceux qu’on peut attribuer à Israël cumulent toutes les circonstances aggravantes. Ceux qui sont fabriqués par d’autres ont tant de circonstances atténuantes que les médias n’en parlent jamais : secret défense !

Logiciel espion : les coupables seraient-ils les utilisateurs ?

En matière d’espionnage, le public français est habitué à ce qu’un seul coupable leur soit présenté : l’outil, prénom Pegasus, nom de famille NSO-Logiciel l’israélien.

Brusquement, l’imbécile s’aperçoit qu’il ne faut pas regarder l’arme, mais le doigt qui a appuyé sur la gâchette. C’est une révélation !

Cinq États ont été mis en cause par le Parlement européen. Les présumés coupables sont, par ordre alphabétique, Chypre, l’Espagne, la Grèce, la Hongrie et la Pologne (la Croix). Ils auraient espionné des citoyens de chez eux. Qui ? Toujours dans le même ordre, des avocats, des journalistes, des lanceurs d’alerte et des opposants.

Une commission d’enquête a rendu des conclusions préliminaires par la bouche de son rapporteur, la députée Sophie In’t Veld.

Coupables préférés et présumés innocents

On s’est réjoui trop tôt en pensant que la différence entre outil et utilisateur d’icelui était acquise. La preuve, la commission a accouché d’un scoop même pas présumé :

les « logiciels espions participent à une entreprise méthodique de contrôle et même d’oppression (le Point) ».

La honte est surtout valable pour les États voyous, ceux qui n’accueillent pas à bras ouverts les migrants : la Pologne et la Hongrie. Une autre accusée a nié et on l’a crue (la Grèce), une autre encore a avoué et invoqué des circonstances atténuantes (l’Espagne). Les autres États européens ont envoyé paître les enquêteurs, jugeant que l’espionnage était une prérogative nationale et par définition secrète, comme les services du même nom.

La « rapporteure » a quand même optimisé son enquête : elle a dénoncé le « deux poids deux mesures » entre les États-membres et les pays non européens. Quelqu’un ignorait encore que les États-membres de l’union sont condamnés à la préférence supranationale ? Cette Europhilie est aux antipodes de la préférence nationale qui, elle, figure en tête des crimes de lèse-minorité.

In’t Veld, qui a les yeux de l’idéologie plus gros que le ventre du budget, regrette que l’on fasse silence sur les délits européens, alors qu’il y a pléthore à leur reprocher. Chypre et la Bulgarie sont des hubs d’import-export de logiciels opaques, la République tchèque organise un salon international pour les mettre en valeur (monétaire). Le paradis fiscal luxembourgeois abrite les tractations commerciales. Malte sert de boite aux lettres aux partenaires. Quant à l’Irlande, elle héberge les multinationales à la recherche d’un statut fiscal avantageux, quoi qu’elles vendent, logiciels espions inclus.

Le cercle vertueux ne tourne pas encore rond

Pour donner le bon exemple du petit pois bien mesuré, Madame In’t Veld dénonce : « Même mon pays, les Pays-Bas, était en négociation pour acquérir Pegasus et Prédator ».

Cerise sur le mille-feuille, on découvre pourquoi Israël, cette fois-ci, n’est pas incriminé d’office : c’est parce que l’Italie, la France et l’Autriche lui font concurrence en fabriquant et en vendant des produits similaires !

Cela dit, les mauvaises habitudes ont la vie dure. En août 2022, dans un article intitulé « Qu’est-ce que Predator, le logiciel espion qui jette le trouble sur le gouvernement grec ? » L’Obs, expliquait :

« Ce spyware a été utilisé pour espionner un eurodéputé et des journalistes dans une affaire qui secoue actuellement le gouvernement grec. Mais le logiciel et son entreprise Cytrox, proche d’Israël, ont déjà été épinglés, notamment pour surveillance d’un opposant en Égypte (NouvelObs). »

On connaissait la délégitimation des individus par accusation de proximité avec l’extrême-droite. Les entreprises peuvent désormais encourir le même opprobre pour être « proches d’Israël ».

Bécassine au pays des Oui-Oui

James Bond peut souffler, un espion ne peut plus être un héros, mais le Brexit lui épargne d’être condamné à la déconstruction à la mode de Sardine Ruisseau.

In’t Veld admet, certes du bout des lèvres, que l’espionnage est légitime. Mais pour contrebalancer cette concession amorale, elle voudrait contraindre l’UE à adopter une définition commune de la sécurité nationale. C’est pas gagné.

Et si c’est perdu ?

Alors, la dame veut que chaque État-membre publie sa définition de la sécurité nationale. Elle doit rêver d’une agence de renseignements européenne qui serait aussi efficace en cas de conflit que l’a été la gestion des vaccins lors de la dernière pandémie…

Ceux qui ont aimé le Bureau des Légendes apprécieront beaucoup moins Bécassine au pays de Oui-Oui.

Liliane Messika, MABATIM.INFO

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