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Lyon : un grand concours artistique pour le futur mémorial de la Shoah

Le futur mémorial devra être accessible à tous pour permettre sans entrave recueillement, rassemblements et commémorations.
Le futur mémorial devra être accessible à tous pour permettre sans entrave recueillement, rassemblements et commémorations. Justin Boche / Le Figaro

L'association pour l'édification d'un mémorial de la Shoah a présenté ce vendredi son appel à projets en présence de Grégory Doucet, Laurent Wauquiez et Claude Bloch, dernier rescapé lyonnais de la Shoah.

Le Figaro Lyon

Le mémorial de la Shoah va bien voir le jour. L'association qui porte le projet de création de ce lieu de mémoire dans la ville de Jean Moulin, mais aussi celle où a sévi et où a été jugé Klaus Barbie, vient de lancer officiellement un grand concours artistique pour imaginer ce que devra être ce mémorial.

Les membres de l'association à l'origine du projet veulent que ce concours soit «d'envergure nationale et internationale et ouvert le plus largement possible». «Nous souhaitons laisser aux candidats une totale liberté qui devra toutefois être respectueuse du symbole», a ajouté Jean-Marie Chanon, ancien bâtonnier et adjoint au maire de Lyon. Et d'ajouter : «ce mémorial ne pourra pas être abstrait. Il doit attraper l'œil et l'esprit immédiatement, être accessible à tous et être pédagogue.» En 2019, lors du lancement de la campagne de financement, Jean-Olivier Viout, procureur général honoraire de Lyon avait assuré vouloir un geste artistique «à la Jeff Koons ». «Oui il faut quelque chose de marquant. Ça ne doit pas être quelque chose qui part dans tous les sens, mais il doit être mémorable, dire quelque chose», confie-t-il aujourd'hui.

Emplacement du futur mémorial de la Shoah à Lyon. Association pour l'édification d'un mémorial de la Shoah à Lyon

L'association a tout de même imposé quelques contraintes techniques aux artistes et architectes voulant répondre à l'appel à projets. Ce monument devra être visible depuis tous les points de la place Carnot, qui borde la gare de Perrache, et devra être accessible pour permettre sans entrave recueillement, rassemblements et commémorations.

Lyon, capitale des tourments français

Comme un symbole, cette annonce a été faite ce vendredi matin depuis le Centre d'histoire de la résistance et de la déportation (Lyon 7e), par Jean-Olivier Viout, procureur général de Lyon et substitut du procureur général Pierre Truche lors du procès Barbie en 1987. «Nous sommes dans un lieu de recueillement, de silence, car lieu de mémoire qui a arrêté le temps et en porte le poids. Ce lieu, il y a 80 ans dans quelques semaines, allait être le lieu des interrogatoires de Jean Moulin qui entamait ici son chemin vers la mort. Ce lieu réquisitionné par Klaus Barbie, pour en faire le siège de sa Gestapo, où tant d'hommes et de femmes simplement coupables d'être des juifs ont connu ici la première étape de leur destin sacrificiel vers la solution finale», a débuté l'ancien procureur. Lyon à la fois capitale de la résistance et siège de la Gestapo. C'est d'ailleurs lors du procès Barbie que la justice française a placé pour la première fois la Shoah au rang des crimes contre l'humanité.

Pour Jean-Pierre Viout, ce monument ne devra ni être un mémorial «institutionnel», ni celui «d'une communauté», mais un lieu «transcendant pour réunir toutes les sensibilités, croyances, opinions et appartenances en tout genre». Et de poursuivre : «car il est des enjeux qui obligent à jeter aux orties ce qui nous divise.» Quel que soit le projet choisi, celui-ci portera uniquement un message «En mémoire des six millions de juifs victimes de la Shoah, dont un million et demi d'enfants (1933-1945). 6100 venaient de notre région». Symbole encore, ce lieu de mémoire sera donc installé près de la gare Perrache, lieu de départ des juifs de la région vers les camps de la mort.

Polémiques et concorde

Grégory Doucet, maire de Lyon, et Laurent Wauquiez, président du Conseil régional se sont salués du bout des doigts, sans un regard ce matin. La semaine passée, les deux hommes s'étaient opposés concernant la tenue d'une table ronde, finalement annulée sur les 30 ans des accords d'Oslo entre Israël et Palestine. Une polémique qui a conduit au départ du grand rabbin de Lyon d'un groupe de dialogue interreligieux créé par la ville, avant, quelques jours plus tard, que le nom du maire de Lyon soit sifflé par la communauté juive lors de la journée du souvenir de la libération du camp d'Auschwitz.

Mais le moment n'était pas à la confrontation entre les deux hommes même si le président de la région a insisté, sans nommer personne, sur «le devoir qui impose aux élus d'être très vigilants face à tout ce qui peut nourrir l'antisémitisme». «Cette histoire, ce n'est pas que de l'histoire et c'est terrible de se le dire. Cet antisémitisme existe encore aujourd'hui. En France, un juif sur deux dit avoir fait l'objet d'insultes pour sa religion et un juif sur cinq dit avoir été agressé pour cette raison», a-t-il ajouté. «Aujourd'hui, il est important de ne parler que de mémoire, a réagi de son côté Grégory Doucet. Car la mémoire est un sujet sur lequel il faut être unis et ne rien laisser passer face à l'antisémitisme et au racisme pour qu'ils reculent».

Jean-Olivier Viout a, lui, salué le travail de collectivités travaillant main dans la main pour la création de ce mémorial et fait applaudir les deux élus. Sur les 500.000 euros nécessaires à la création du mémorial, 392.000€ ont déjà été collectés, dont 150.000€ venant de la région, 75.000€ de la ville de Lyon et 75.000€ de la métropole. La municipalité lyonnaise va par ailleurs prendre en charge le coût du déplacement de la statue qui trône actuellement à l'emplacement du futur mémorial. Un monument que l'association espère inaugurer le 27 janvier 2025 pour les 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz.

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2 commentaires
  • anonyme 18696

    le

    Ils feraient mieux de lutter contre l'antisémitisme

  • Daniel

    le

    La mairie de lyon aime les juifs, mais uniquement pour célébrer leurs morts...en revanche ils detestent que les vivants se défendent

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